ROME, Mardi 24 Novembre 2009 (ZENIT.org) - Une nouvelle rencontre entre l'Eglise et le monde de l'art : c'est dans cet objectif que Benoît XVI a convoqué samedi dernier dans la Chapelle Sixtine, plus de 260 artistes de renommée internationale. Ses invités ont-ils compris le message ?
Parmi les commentaires qu'il a été possible de recueillir, ZENIT a constaté que les artistes étaient tous d'accord sur le fait que l'audience représente un premier pas, comme l'a reconnu le metteur en scène polonais Kristof Zanussi.
« C'est ce que nous attendons », a confessé le cinéaste : « un peu plus d'action de la part de l'Eglise pour faire un pas vers le monde du spectacle, des artistes. Parce que l'on sait que les artistes, pour leur part, ne feront jamais le premier pas ».
Zanussi souligne aussi que les « très belles » paroles du Saint Père apportent « plus de dialogue, plus d'ouverture, plus de connaissance » entre le monde de l'art et l'Eglise. Mais il est aussi réaliste lorsqu'il affirme que « l'art d'aujourd'hui est en décadence parce qu'il n'y a aucune limite ».
« Je ne crois pas que l'Eglise limite la liberté, mais il faut de l'inspiration parce que l'art - même l'art sacré - est souvent de très basse qualité. Il n'est pas vraiment inspiré par la dimension spirituelle », a-t-il ajouté.
L'acteur et producteur mexicain Eduardo Verástegui, connu pour sa participation au film « Bella », a souligné combien ce rendez-vous avec le pape avait été « un rêve devenu réalité ».
« L'Eglise a créé dans l'histoire des moments culminants dans l'art, et se retrouver dans la Chapelle Sixtine avec le Saint Père, entourés de tout cet art et accompagnés d'artistes de toutes les formes expressives, est un événement historique. Et tout ce silence, la prière, la réflexion... Cela a enrichi tous ceux qui l'ont écouté », a-t-il déclaré.
Une renaissance de l'art
La raison qui a poussé le pape à convoquer cette rencontre est la même que celle qui a inspirée Paul VI quand il a organisé un rendez-vous similaire il y a 45 ans (le 7 mai 1964) : le divorce dramatique, particulièrement au 20e siècle, entre l'Eglise et le monde artistique.
Benoît XVI, en s'inspirant des paroles de son prédécesseur, Giovanni Battista Montini, a pris l'engagement de « rétablir l'amitié entre l'Eglise et les artistes » et il leur a demandé « de faire leur et de partager cet engagement, en analysant avec sérieux et objectivité les motifs qui avaient troublé cette relation et en assumant chacun avec courage et passion la responsabilité d'un itinéraire renouvelé et approfondi de connaissance et de dialogue, en vue d'une authentique « renaissance » de l'art, dans le contexte d'un nouvel humanisme ».
Le metteur en scène italien Pupi Avati a évoqué un bilan de la rencontre au micro de Radio Vatican : « il me semble que cette rencontre a eu un résultat absolument sensationnel. Et je le dis, moi qui m'attendais à voir une série de collègues ayant une expression artistique plus ou moins liée à une même idée, à une image confessionnelle, de pratique plus ou moins religieuse ».
« Au contraire - et cela est vraiment miraculeux et très beau -, nous avons retrouvé des collègues venant de domaines très différents les uns des autres. Ils ont donc accueilli cette invitation, ce type de proposition ou de provocation, en tous cas d'encouragement à ouvrir une sorte, non pas de collaboration, parce que le terme est excessif, mais de dialogue. Il nous semble que l'idée a été extraordinaire et qu'elle a obtenu un consensus, je le répète, qui va bien au-delà de mes prévisions ».
Des commentaires similaires ont été recueillis, comme celui de Zaha Hadid, architecte d'origine irakienne qui se trouvait au premier rang dans la Chapelle Sixtine. « C'est une expérience émouvante », a-t-il confessé en souhaitant que ce soit le début d'un dialogue « parce qu'il est intéressant d'aborder les thèmes affrontés par le pape ».
La beauté ouverte au transcendant
Pour sa part, l'écrivain Susanna Tamaro a souligné l'importance de la dimension transcendante que Benoît XVI a donnée à la beauté parce que « pour celui qui n'a pas la foi, il est assez difficile de parler d'espérance à cette époque ».
Le metteur en scène israélien Samuel Maoz, Lion d'or 2009 à Venise pour le film « Liban », a au contraire déclaré : « Il me semble que le pape a dit un grand non à la haine et à la guerre et un grand oui à l'amour et à l'art ».
Une première rencontre
C'est d'un commun accord que le pape et les artistes ont conclu que la rencontre est le début, et non la fin, d'un chemin, et Benoît XVI est en effet parti en leur disant « au re-voir ».
L'organisateur de cette audience, l'archevêque Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, a expliqué que cette rencontre « doit être comprise comme le début d'un nouveau dialogue fondé sur la fraternité entre foi et art. Nous verrons si nous pouvons organiser d'autres rencontres, peut-être encore avec le pape ».
C'est dans ce contexte que s'insère le projet annoncé par le prélat de créer un pavillon du Saint-Siège à la Biennale de Venise en 2011.
Jesús Colina