ROME, Lundi 23 février 2009 (ZENIT.org) – « Soyez vigilants ! La paix dans la justice et la vérité » est le titre du message des archevêques et évêques, membres du Comité permanent de la Conférence épiscopale nationale de RDC, qui se sont réunis en session ordinaire à Kinshasa, du 9 au 12 février 2009.
Le message de la CENCO, qui porte sur le processus de pacification de la République Démocratique du Congo, veut attitrer l’attention des fidèles catholiques, des hommes et des femmes de bonne volonté, sur « certaines inquiétudes qui risquent d’hypothéquer l’avenir du pays », et au regard de ces inquiétudes « faire une série de recommandations » au peuple, au gouvernement et à la communauté internationale.
Les prélats congolais affirment, dès le préambule, que leur charge de pasteur et leur mission prophétique « les obligent à dénoncer tout ce qui peut compromettre l’avenir de la nation et à annoncer une parole d’espérance, celle qui, à la suite du Christ, peut mettre le peuple debout et l’amener à bâtir sa destinée, dans la justice, la vérité et l’amour ».
Ainsi, malgré des « signes positifs d’apaisement » constatés dans le pays, les évêques s’interrogent sur la destinée du pays, où, affirment-ils, persistent des « zones d’ombres » qui, sur le plan sécuritaire, le plan économique et le plan social, sont toujours source de grande inquiétude.
« Nous continuons de déplorer la lenteur dans la mise sur pied d’une armée républicaine à même de défendre nos populations et d’assurer l’intégrité de notre territoire », indiquent les évêques qui déplorent également la présence prolongée d’armées étrangères sur le territoire. Une présence qui, soulignent-ils, inquiète le peuple, encore « traumatisé par les actions commises par ces armées dans un passé récent ».
Sur le plan économique, ils réclament des mesures efficaces pour « affronter la crise économique et financière et poursuivre la gestion du pays » ; et sur le plan social, au-delà des dysfonctionnements, de lutter contre la corruption, un mal qui « a atteint des proportions insupportables même dans des milieux insoupçonnables », soulignent les évêques.
Au plan humanitaire, les évêques évoquent le sort des milliers de déplacés, insistant sur l’urgence de leur retour et de leur réinsertion sur leurs terres d’origine, et appelant le gouvernement à mettre en œuvre « des stratégies de prise en charge » pour tous les sinistrés.
Au regard de ces inquiétudes, le Comité permanent de la CENCO recommande au Parlement « d’exercer sans complaisance son pouvoir de contrôle du Gouvernement et d’arrêter des mesures susceptibles de garantir une gestion honnête et transparente de la République », et au gouvernement de « défendre au mieux les intérêts du peuple congolais et de promouvoir son bien-être et son développement ».
A la communauté internationale, les évêques demandent qu’elle s’implique dans la question « du retour des forces rebelles rwandaises et ougandaises dans leurs pays respectifs », afin qu’il se fasse « dans le respect des lois internationales ». Dans ce cadre, ils demandent à la MONUC, la force de maintien de la paix de l’ONU au Congo, « de travailler effectivement à la protection des populations civiles », et aux gouvernements de la sous-région des Grands Lacs « de respecter les engagements pris dans le cadre du Pacte sur la Sécurité, la Stabilité et le Développement dans la région ».
Aux Caritas des Eglises sœurs du Nord, qu’ils remercient pour « leur engagement sur le terrain » les prélats demandent « qu’elles continuent d’appuyer cette population meurtrie pour l’aider, non seulement à soulager ses souffrances, mais aussi à se réinsérer grâce à des projets de développement durable ».
Enfin, au peuple congolais, et aux organisations de la société civile, les archevêques et évêques du comité permanent de la CENCO, demandent « d’être vigilants pour démasquer tout plan ourdi » contre leur pays et de « s’opposer par tous les moyens légaux et pacifiques à toute tentative de balkanisation et à toute exploitation illicite » de leurs ressources.
« L’intégrité territoriale et la souveraineté nationale sont intouchables et non négociables sous quelque prétexte que ce soit », leur rappellent-ils.
« Le Congo nous appartient, il n’est pas sous tutelle ni un pays à vendre », insistent-ils avant d’inviter tous les acteurs de la destinée du pays « à travailler de manière responsable, à promouvoir des attitudes qui construisent la paix et la cohésion nationale, pour affronter avec courage et espérance, les défis de la démocratie et du développement dans la solidarité ».
En conclusion, les évêques réaffirment leur profond désir « de paix et d’amour », une paix fondée « sur la vérité, la justice et la liberté » ; et confirment leur volonté de poursuivre « leur contribution au processus de pacification et à la coexistence » de leur peuple.
Isabelle Cousturié