ROME, Mercredi 11 février 2009 (ZENIT.org) – La Caritas craint pour le sort d’environ 3.000 hommes, femmes et enfants du Zimbabwe qui vivent dans des conditions désespérées dans un camp de Musima (Afrique du sud), clôturé de fils barbelés.
L’endroit en question a les dimensions d’un terrain de football, sans structures sanitaires et logements appropriés pour héberger ces personnes.
Ces réfugiés ont quitté un Zimbabwe ravagé par la famine qui menace la moitié de la population, par une épidémie de choléra devenue incontrôlable, par la violence et une répression diffuses. Pour le gouvernement sud-africain, ces personnes sont considérées des migrants ‘économiques’, ceci supposant que le droit d’asile peut leur être refusé.
« La situation des réfugiés du Zimbabwe à Musima est terrible », souligne sœur Aine Hughes de la Caritas-Afrique du Sud. « Ils sont entassés sans aucune considération pour leur dignité d’êtres humains. On ne leur fournit aucun logement et ils restent assis toute la journée sous un soleil brûlant. La nuit, sous les étoiles, ils se serrent les uns contre les autres en quête de sécurité et de chaleur ».
Durant la première semaine de février, il est tombé 80 millimètres de pluie. Les réfugiés cherchent à récupérer des morceaux de plastique pour couvrir leurs maigres avoirs et les enfants.
D’un côté seulement du camp sont installés 14 bains chimiques. Deux structures improvisées pour laver ne suffisant absolument pas.
Les pots-de-vin sont leur seul moyen de survie, et ceux qui sont trop pauvres pour avoir recours à cette pratique sont à la merci de toute forme de discrimination possible.
« Les femmes avec qui j’ai pu parler disent que, la nuit, elles se blottissent en groupe, dans l’espoir de pouvoir se protéger mutuellement; or, malgré cela, beaucoup sont violées à répétition, abusées aussi bien par leurs compatriotes que par les responsables du camp qui, en théorie, devraient les défendre », raconte sœur Aine.
Les réfugiés du Zimbabwe subissent également des abus au sein de la communauté locale. La semaine dernière, 48 enfants ont été chassés des écoles qui les avaient acceptés parce qu’ils ne portaient pas le bon uniforme. D’autres enfants ont été menacés d’expulsion par leurs enseignants parce que leur permis de séjour n’est valable que six mois.
Le Bureau responsable de Musina a confirmé que bon nombre de citoyens du Zimbabwe se sont plaints d’avoir été escroqués dans leur paie et menacés d’arrestation et de déportation, malgré le travail fourni, mais vu qu’ils n’ont pas pu présenter une demande d’asile, ils avaient trop peur et ont quitté leur travail.
Le département pour les affaires intérieures enregistre environ 20 demandes d’asile par jour de la part de citoyens zimbabwéen. On dit qu’il ne s’agit que de migrants ‘pour raisons économiques’ et qu’ils n’ont donc pas les caractéristiques pour demander l’asile. Ainsi beaucoup de demandes sont refusées. L’iter est resté bloqué de longues journées car l’unité mobile n’avait pas non plus assez de papier ou ne disposait pas de formulaires adéquats.
« La situation de ces réfugiés est contraire à toutes les conventions et principes d’assistance humanitaire et devrait être affrontée avec la plus haute urgence », commente la religieuse.
Les groupes d’aide ont offert des tentes pour loger les réfugiés, mais la municipalité de Musina a repoussé l’offre.
L’Eglise catholique à Musina fournit de la nourriture à quelque 260-270 personnes chaque jour, parmi lesquelles 100 viennent d’arriver. Cette distribution est opérationnelle depuis mai 2008 et a un cout qui s’élève à 6.800 dollars par semaine.
Traduction française : Isabelle Cousturié