ROME, Mardi 10 février 2009 (ZENIT.org) – La nouvelle effusion de sang a « enflammé les esprits » disent les sources de Fides à Madagascar, dont l’agence vaticane a recueilli le témoignage dans cette dépêche.
Fides fait le point de la situation et présente les réactions après la manifestation sanglante et la journée de prière lancée par les évêques.
Rappelons que dimanche dernier, Benoît XVI a lancé un appel à la concorde et à la réconciliation dans l’île et a donné son soutien à l’initiative des évêques (cf. Zenit du 8 février).
« D’après nos informations les morts sont plus de 40 et les blessés plus de 200 », disent à l’Agence Fides des sources de Radio Don Bosco d’Antananarivo, capitale de Madagascar, où samedi 7 février la Garde présidentielle a tiré contre les manifestants qui s’approchaient du siège des bureaux du Président Marc Ravalomanana.
La manifestation a été organisée par le maire destitué du gouvernement d’Antananarivo, Andry Rajoelina, qui a engagé un dur bras de fer avec le Président Ravalomanana (cf. Fides Fides 5/2/2009).
« Nous avons reçu un communiqué au nom de la Ministre de la défense, Cécile Manorohanta, dont nous cherchons à évaluer l’authenticité, dans laquelle elle annonce sa démission, étant opposée à l’usage de la force contre les manifestants. Selon certaines voix la démission de la Ministre de la défense serait seulement un début et dans les prochaines heures il y aurait d’autres démission de ministres » expliquent nos sources. Selon des sources de presse, en effet, le Ministre de la justice, Bakolalao Ramanandraibe Ranaivoharivony, a aussi présenté sa démission.
« Cette nouvelle effusion de sang (auparavant, selon la police, au moins 44 personnes ont été tuées dans d’autres affrontements avec les forces de l’ordre, 120 selon des sources indépendantes) a enflammé les esprits: beaucoup demandent maintenant la démission du président » continuent les sources de Fides.
Des milliers de personnes ont participé à la manifestation du 7 février. « Quand les manifestants ont commencé à s’approcher du palais des bureaux présidentiels, non de la résidence du chef de l’état qui ne se trouve pas dans le centre de la ville, la Garde présidentielle a tiré à hauteur d’homme, à l’improviste, sans tirs en l’air d’avertissement ni après avoir lancé des lacrymogènes. Les morts sont presque tous des jeunes : parmi eux il y a des personnes qui venaient de la province, ce qui montre que ce n’est pas un mouvement enraciné seulement dans la capitale, mais qui a une dimension nationale », expliquent les sources de Fides.
Samedi était prévue la participation à la manifestation du chanteur connu Rossy, qui vit en exil en France (cf. Fides 3/2/2009). « Rossy n’est pas arrivé car le 7 févier, pour une raison technique, plusieurs vols depuis et à destination de Madagascar ont été bloqués », rapportent nos sources.
Au nom du Forum des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM, duquel font partie l’Eglise catholique, l’Eglise réformée protestante de Madagascar, les luthériens et les anglicans), le président, Son Exc. Mgr Odon Marie Arsène Razanakolona, Archevêque d’Antananarivo, a durement critiqué l’effusion de sang de samedi, mais a invité les deux parties au dialogue. « Dans les prochaines heures nous attendons une nouvelle prise de position de la FFKM et un communiqué de l’Eglise catholique » affirment les sources de Fides.
Andry Rajoelina, qui la semaine dernière s’était autoproclamé président en opposition à l’actuel chef de l’état Ravalomanana et ensuite avait annoncé la formation d’un gouvernement de transition dirigé par Zafitsimivalo Monja Roindefo, a demandé que soit proclamée une journée de deuil national. Rajoelina entend rencontrer l’envoyé spécial de l’ONU pour Madagascar, Haile Menkerios, lequel devrait aussi rencontrer le président. L’opposition demande la démission du président, accusé de limiter les libertés civiles et de miner l’économie pour servir ses intérêts.