Relations Israël-Vatican : appel à la patience, à la sagesse et à la prière

Du P. David Neuhaus, prêtre jésuite israélien

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ROME, Mercredi 4 février 2009 (ZENIT.org) – Les sources de tension entre les juifs et le Vatican sont nombreuses et le prêtre jésuite israélien David Neuhaus lance un appel à la « patience, la sagesse et la prière ».

Le P. Neuhaus est secrétaire général du Vicariat catholique de langue hébraïque en Israël, également connu sous le nom d’Association Saint-Jacques.

Dans un entretien à ZENIT il a reconnu qu’il suivait « la détérioration des relations entre le Saint-Siège et le Grand rabbinat d’Israël », « avec beaucoup de tristesse et d’angoisse ».

Les relations entre le Vatican et le monde juif se sont particulièrement tendues à l’annonce de la levée de l’excommunication d’un évêque négationniste ordonné sans mandat pontifical par Mgr Lefebvre en 1988, Mgr Richard Williamson.

La levée de l’excommunication par Benoît XVI concerne les quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X ordonnés par Mgr Lefebvre.

Le supérieur de la Fraternité, Mgr Bernard Fellay, a toutefois dénoncé les propos négationnistes de Mgr Williamson en déclarant que ceux-ci « ne reflètent en aucun cas la position » de la Fraternité.

Le porte-parole du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi a rappelé hier dans un communiqué que la levée de l’excommunication par Benoît XVI « n’a rien à voir avec une légitimation des positions négationnistes de l’Holocauste, qui justement ont été condamnées par lui ».

Le P. Neuhaus a salué les propos du pape Benoît XVI lors de l’audience générale du mercredi 28 janvier, qui exprimait une nouvelle fois sa solidarité avec le peuple juif et condamnait fermement le génocide. 

La mémoire de la Shoah est au cœur de la conscience juive 

Le P. Neuhaus a expliqué que la Shoah et la mémoire de la Shoah sont au centre de la conscience juive. « S’ajoutant à un sens de solidarité avec l’Etat d’Israël, la Shoah détermine l’identité de nombreux juifs dans le monde, la manière dont ils se définissent », a-t-il dit. 

« Ces deux éléments en tant que marques de l’identité sont peut-être même plus importants aujourd’hui pour de nombreux juifs que des questions liées à des éléments religieux et spirituels de la religion juive. Ils sont tous deux liés à la question de la survie des juifs dans un monde très souvent perçu comme hostile ». 

Le P. Neuhaus a expliqué que la levée de l’excommunication des évêques de la Fraternité Saint-Pie X « a été perçue en Israël presque uniquement à travers le prisme de la personne de Mgr Williamson ». 

En dépit de rapports faisant état d’une rupture des relations entre le rabbinat d’Israël et le Vatican, les paroles de Benoît XVI ont été accueillies de manière favorable aussi bien par Oded Wiener, directeur général du rabbinat d’Israël que par l’ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège, Mordechay Lewy.

La prière du Vendredi saint

Comme source de tension entre le Saint-Siège et le monde juif, le P. Neuhaus a également cité le geste de Benoît XVI envers les catholiques attachés au rite d’avant le Concile Vatican II « d’autoriser l’utilisation de formes liturgiques qui selon les juifs incitent ‘l’enseignement du mépris’ envers les juifs et le judaïsme que l’Eglise a répudié ». Les responsables juifs contestent l’utilisation de la prière pour le Vendredi saint contenue dans le rite de 1962 qui dit (en latin) : « Prions aussi pour les juifs. Que notre Dieu et Seigneur illumine leurs cœurs, pour qu’ils reconnaissent Jésus Christ comme sauveur de tous les hommes ».

Le P. Neuhaus a souligné une autre source de tension : les critiques d’Israël, y compris de la part de catholiques, concernant l’offensive de Gaza, et notamment le parallèle fait entre les événements de Gaza et la persécution des juifs par les nazis, « que les juifs trouvent non seulement inacceptable mais particulièrement offensant ».  

Le Saint-Siège a des alliés dans la communauté juive 

« Les sources de tension sont nombreuses », a reconnu le jésuite israélien. « La marge des malentendus est plus grande que d’habitude ». 

Mais le P. Neuhaus insiste sur le fait que « le Saint-Siège a de très importants alliés dans la communauté juive qui tentent de se rendre utiles en tant que médiateurs dans la crise ». 

Il a précisé que le rabbin David Rosen, directeur des affaires interreligieuses du Comité juif américain, « un des rabbins orthodoxes les plus engagés dans le dialogue entre juifs et catholiques, a appelé à la patience. Il a expliqué au peuple israélien qu’il est convaincu que le pape Benoît XVI est aussi engagé pour la réconciliation avec le peuple juif que son prédécesseur, le pape Jean-Paul II ». 

Le P. Neuhaus a expliqué que l’espérance du rabbin Rosen était que « le Saint-Siège expliquerait que la vision de Mgr Williamson est totalement incompatible avec l’enseignement de l’Eglise catholique ». 

« Il s’agit d’un moment où nous avons besoin de patience, de sagesse et de prière », a-t-il poursuivi. « Le souci d’unité du Saint-Père semble s’opposer au souci du peuple juif que sous un prétexte d’unité, des personnes qui n’ont jamais accepté les progrès réalisés au cours des 50 dernières années soient réintégrées ». 

« Espérons et prions que vienne l’heure où le peuple juif et l’Eglise catholique pourront parler de leurs différences dans un climat de profonde amitié et de confiance et non sous la menace d’une rupture des relations », a conclu le P. David Neuhaus. « Nous continuons à prier pour que cette crise passe également ». 
 
Karna Swanson

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ZENIT Staff

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