ROME, Mardi 21 octobre 2008 (ZENIT.org) – L’Eglise catholique rejette les conclusions d’un sondage, présenté comme favorable à un projet de loi sur la population et la santé reproductive, affirme « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA),
A l’approche de la session parlementaire, qui débute en novembre prochain, les manœuvres s’intensifient autour d’un projet de loi sur la population et la santé reproductive. Un sondage indique que sept Philippins sur dix sont favorables à ce projet de loi. Les responsables de l’Eglise catholique font valoir que les principes moraux ne doivent pas être dictés par l’opinion publique.
Le projet de loi HB 5043, dont l’intitulé complet est : « An Act Providing for a National Policy on Reproductive Health, Responsible Parenthood and Population Development and for Other Purposes », s’il est voté par le Congrès philippin, rendra obligatoire le financement public de tous les moyens de contraception ainsi que celui des centres de santé où ces moyens sont mis à disposition. Il rendra également obligatoire les programmes d’éducation sexuelle dans les écoles à partir de la classe de CM 2 (fifth grade) (1).
Le 16 octobre dernier, Social Weather Stations, un organisme indépendant de sondages et d’études d’opinion, a mis en ligne sur son site Internet les résultats d’un sondage mené auprès de 1 500 Philippins sur le sujet. 71 % des sondés se disent « favorables » au projet de loi, 21 % sont indécis et 8 % se déclarent opposés. 75 % des personnes interrogées répondent ‘oui’ au fait de savoir si une loi doit être votée pour autoriser le gouvernement à apporter aux jeunes un enseignement en matière de planning familial ; 10 % se déclarent opposés à une telle proposition.
Rapidement après la publication des résultats de ce sondage, la polémique a porté sur l’orientation présupposée des questions posées aux sondés. Selon Ligaya Acosta, médecin catholique, directrice de Human Life International-Asia, une ONG prônant la défense de la vie selon la doctrine catholique, « les questions étaient rédigées de manière à orienter les réponses vers le ‘oui’ et les résultats de ce sondage ne correspondent pas au message que j’entends à travers le pays, au cours de mes déplacements ». Le 18 octobre, le Philippine Daily Inquirer révélait que trois des six questions du sondage avaient été formulées par le Forum for Family Plannnig and Development. Cette organisation a publié l’an dernier une étude critiquant la « faiblesse » de la politique gouvernementale en matière démographique, la croissance de la population asséchant les ressources disponibles dans le pays.
L’épiscopat, par la bouche de Mgr Paciano Aniceto, président de la Commission pour la famille et la vie de la CBCP (Catholic Bishops Conference of the Philippines), voit dans ce sondage « une tentative désespérée de forcer le passage d’une loi dont les failles morales et civiques ont été amplement exposées au cours de débats publics et qui perd rapidement du terrain au sein du Congrès ». L’archevêque de San Fernando a ajouté que les partisans de ce projet de loi ne pouvaient se prévaloir d’un quelconque « soutien catholique », la preuve en étant que, lors des élections législatives de mai 2007, les partis « anti-famille » et « contre la vie » n’avaient remporté aucun siège, au contraire de Buhay Hayaan Yumabong, formation « pro-vie » et « pro-famille » qui a fait le plein avec trois députés (2).
Le 19 octobre, lors d’une messe célébrée à l’occasion de la Journée mondiale des missions dans un quartier pauvre de Manille, le cardinal Gaudencio Rosales a affirmé que les législateurs véritablement désireux d’améliorer la vie des gens devraient se préoccuper de réparer les routes, de construire des terrains de jeux pour les jeunes, d’améliorer l’école gratuite et obligatoire et d’aider à la construction des familles.
(1) A propos du projet de loi HB 5043, voir EDA 491.
(2) La Chambre des représentants est la chambre basse du Parlement philippin, le Sénat étant la chambre haute. Les représentants sont élus pour un mandat de trois ans et sont rééligibles (avec un maximum de trois mandats consécutifs). La très grande majorité des représentants sont élus de circonscriptions géographiques (212 circonscriptions d’environ 250 000 habitants chacune). Une minorité des représentants (20 % au maximum de la Chambre) est élue sur une base sectorielle, à travers un scrutin de listes. En mai 2007, Buhay Hayaan Yumabong a réussi à placer trois de ses élus à la Chambre des représentants, soit le maximum possible selon le règlement électoral en vigueur.