ROME, Mardi 24 juin 2008 (ZENIT.org) – « Notre responsabilité religieuse et morale est celle de protéger et de promouvoir la vie et la dignité humaines » : dans une lettre, Mgr V. James Weisgerber, président de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) joint sa voix à celles de ses homologues d’autres conférences épiscopales des pays du G8 à quelques jours de ce sommet des dirigeants politiques.
Une lettre des conférences épiscopales catholiques a été envoyée à M. Georges W. Bush, président des États-Unis d’Amérique, à M. Gordon Brown, premier ministre du Royaume-Uni, à Mme Angela Merkel, chancelière de la République fédérale d’Allemagne, à M. Stephen Harper, premier ministre du Canada, à M. Nicolas Sarkozy, président de la République de France, à M. Silvio Berlusconi, premier ministre de la République d’Italie, à M. Yasuo Fukuda, premier ministre du Japon, et à M. Dmitry Anatolyevich Medvedev, président de la Fédération de Russie.
Objet : Lettre des conférences épiscopales catholiques aux chefs de gouvernement, membres du G8
Monsieur le Premier ministre,
À la veille du votre rencontre au Sommet du G8 qui se déroulera au Japon, nous vous adressons cette lettre au nom des Conférences épiscopales catholiques, et vous lançons un appel à vous engager encore plus intensément à réduire la pauvreté dans le monde et les problèmes liés aux changements climatiques.
Lors de l’Assemblée Générale des Nations-Unies tenue en avril dernier, le pape Benoît XVI, avait notamment déclaré ceci : « En effet, les questions de sécurité, les objectifs de développement, la réduction des inégalités au niveau local et mondial, la protection de l’environnement, des ressources et du climat, requièrent que tous les responsables de la vie internationale agissent de concert et soient prêts à travailler en toute bonne foi, dans le respect du droit, pour promouvoir la solidarité dans les zones les plus fragiles de la planète. Je pense en particulier à certains pays d’Afrique et d’autres continents qui restent encore en marge d’un authentique développement intégral, et qui risquent ainsi de ne faire l’expérience que des effets négatifs de la mondialisation. »
Notre responsabilité religieuse et morale est celle de protéger et de promouvoir la vie et la dignité humaines. Nous sommes particulièrement préoccupés par les membres les plus pauvres de la famille humaine qui requièrent le plus de protection, notamment dans les pays en développement. En raison de l’expérience qu’elle a acquise au service des pauvres, l’Église catholique salue votre projet qui se concentre sur le développement et l’Afrique.
Il est impérieux que vous réaffirmiez et respectiez les engagements pris à Gleneagles en 2005 et à Heiligendamm en 2007. En 2005, les pays les plus riches du monde ont promis une aide supplémentaire au développement de 50 milliards de dollars par année – dont la moitié de cette somme pour l’Afrique – jusqu’en 2010. En plus du maintien de ces engagements, d’autres initiatives doivent être prises dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’aide humanitaire. Dans ce contexte, le Sommet des Nations-Unies sur les objectifs au Millénaire pour le développement en septembre 2008 offrira une occasion unique de mobiliser la communauté internationale.
La crise alimentaire internationale, qui affecte d’une façon disproportionnée les plus pauvres, les fléaux tels que le VIH et le SIDA, la malaria et d’autres maladies nous incitent à agir de manière urgente. Nous vous prions expressément d’élaborer des propositions concrètes sur les méthodes qui permettront d’atténuer les conséquences de la crise alimentaire sur les plus pauvres, et d’accroître l’aide dans les domaines de la santé et de l’éducation. En outre, il importe d’implanter les pratiques commerciales internationales plus justes qui respectent la dignité des travailleurs. Afin d’assurer le succès à long-terme de ces mesures, il faudra habiliter les communautés défavorisées à devenir les maîtres-d’oeuvre de leur développement. Cette aide vers l’autonomie, en plus de l’encouragement à participer aux différentes sphères de la vie économique, sociale, politique et culturelle, devient une condition essentielle au développement.
Les changements climatiques sont à l’ordre du jour du Sommet. Il s’agit d’une question sérieuse pour les croyants, soucieux de protéger le monde créé par Dieu. En tant qu’évêques catholiques, nous sommes particulièrement préoccupés par les répercussions des changements climatiques sur les pauvres. Malgré le fait que ceux-ci aient moins contribué aux activités qui ont aggravé ces changements, ils en subissent démesurément les effets nocifs ; par exemple, des conflits potentiels, la hausse des prix de l’énergie et les problèmes de santé. Mais ceci vaut autant pour l’Afrique et ailleurs dans les pays en développement, que pour le reste du monde. Les coûts des mesures prises pour prévenir les effets négatifs des changements climatiques et pour s’y adapter doivent être assumés par les communautés et les pays riches qui se sont développées par des méthodes qui ont produit des émissions polluantes. Les pauvres ne peuvent en payer indûment les frais. Il faut apporter l’aide nécessaire aux communautés et aux pays pauvres afin qu’ils puissent trouver des moyens pour s’adapter aux changements climatiques, et utiliser des technologies plus profitables à l’environnement.
Durant ce Sommet, vous aborderez de nombreux thèmes de la plus haute importance au sujet de la vie et de la dignité humaines. Nous prions pour que votre rencontre soit guidée par un esprit de coopération et conduise à des mesures concrètes au service du bien commun, afin de réduire la pauvreté et atténuer les problèmes causés par les changements climatiques.
Veuillez croire, Monsieur le Premier ministre, en l’expression de nos très sincères considérations.
Son Excellence Mgr V. James Weisgerber, Archevêque de Winnipeg, Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
En concertation avec :
– Son Éminence M. le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, président de la Conférence des évêques de France
– Son Excellence Mgr Robert Zollitsch, archevêque de Fribourg-en-Brisgau, président de la Conférence épiscopale allemande
– Son Éminence M. le cardinal Angelo Bagnasco, archevêque de Gênes, président de la Conférence des évêques d’Italie
– Son Excellence Mgr Peter Takeo Okada, archevêque de Tokio, président de la Conférence des évêques catholiques du Japon
– Son Excellence Mgr Josef Werth, évêque du diocèse de la Transfiguration du Seigneur, Novosibirsk, président de la Conférence des évêques catholiques de la Fédération Russe
– Son Éminence M. le cardinal Keith Patrick O’Brien, archevêque d’Edinbourg et de St. Andrews, président de la Conférence des évêques catholiques d’Écosse
– Son Éminence M. le cardinal Cormac Murphy-O’Connor, archevêque de Westminster, président de la Conférence des évêques catholiques d’Angleterre et du pays de Galles
– Son Éminence M. le cardinal Francis George, archevêque de Chicago, président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis