Pour l’archevêque de Westminster, le débat sur l’embryologie vient de commencer

Il commente la décision du parlement britannique

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ROME, Mardi 27 mai 2008 (ZENIT.org) – Le vote du parlement britannique, la semaine dernière, ne résout pas toutes les questions liées à la fertilité humaine et à l’embryologie, affirme l’archevêque de Westminster, qui suggère de prendre deux décisions pratiques.

Même si les hommes politiques ont déjà exprimé leur opinion, il reste à savoir si « la Nation a la conscience tranquille », estime le cardinal Cormac Murphy O’connor, dans une rubrique parue vendredi sur le Daily Telegraph.

« Loin de résoudre la question, tant qu’il n’y aura pas de projet de loi, les grands débats de la semaine passée nous ont tous ramenés à la réalité de ce qui est fait en notre nom, explique-t-il. Beaucoup de personnes sont profondément mal à l’aise et perplexes, et très inquiètes de la direction que nous nous sommes en train de prendre ».

Parmi les décisions prises lundi et mardi derniers, le parlement britannique s’est prononcé en faveur des embryons hybrides homme-animal et pour la création de « bébés-sauveurs » (« sélectionnés » à partir de leur patrimoine génétique pour pouvoir traiter un frère ou une sœur malade). Il a également été décidé que, dans la fécondation in vitro, les pères ne constituaient pas un critère préalable nécessaire, et que la limite supérieure concernant la loi relative à l’avortement devait rester à 24 semaines de gestation », ajoute-t-il.

Questions sous-jacentes

Pour le cardinal Murphy O’connor, les débats ne sont pas terminés : « Un seul vote ne peut et ne devrait pas clore la discussion, estime-t-il. Il y a des questions sous-jacentes, cruciales. Que signifie être un être humain ? De quelles conditions avons-nous besoin pour nous développer ? Dans quel type de société pouvons-nous mettre notre confiance et savoir que nous sommes aimés et valorisés, mais surtout rendus capables de grandir dans notre recherche de ce qui est juste et vrai ? »

Dans ce contexte, le cardinal suggère deux pistes : former une commission nationale de bioéthique et créer une force commune pour réduire le nombre des avortements en Grande-Bretagne.

« Tout d’abord, il est de plus en plus évident que nous avons besoin d’une Commission nationale officielle de bioéthique », affirme-t-il. « Il est possible qu’une commission nationale de bioéthique de haut niveau et dotée de la meilleure expérience dans plusieurs disciplines ne soit pas toujours unanime dans l’affirmation de ses opinions, mais le seul fait de promouvoir le dialogue et la recherche, de façon continue, pourrait être une contribution importante au bien commun ».

Une décision accablante

Le cardinal Murphy O’connor estime en deuxième lieu que « le vote pour maintenir l’actuel statu quo sur l’avortement ne met pas un terme à la question ».

L’avortement en Grande-Bretagne est légal jusqu’à la 24ème semaine de gestation. Il a été demandé au parlement de reconsidérer cette limite à la baisse, ne serait-ce que de deux semaines, en raison du nombre croissant de cas montrant que les bébés, à la 22ème semaine de gestation, peuvent vivre en dehors de l’utérus maternel.

« Le concept de ‘viabilité’, qui a dominé dans le débat, est un concept lié à la disponibilité des ressources et des technologies ; il ne s’agit pas d’un concept capable de créer une distinction morale entre une vie qui mérite respect et protection et une vie qui ne le mérite pas », souligne le cardinal Murphy O’connor. « La vie dans le sein maternel a besoin de toutes les ressources et de toute la protection et elle le demande dès le moment de la conception ».

« Pour tous ceux qui sont impliqués, l’avortement constitue souvent une décision douloureuse et accablante source de grande tristesse. C’est pourquoi j’estime qu’au-delà de nos convictions personnelles, nous devons tous œuvrer ensemble pour trouver une meilleure solution », a-t-il affirmé.

La Grande-Bretagne enregistre un taux annuel de 200.000 avortements. Selon le cardinal, toutes les parties impliquées dans le débat reconnaissent que ce taux est trop élevé.

« Même sans changer la loi, le nombre des avortements pourrait diminuer si plus de personnes travaillaient ensemble pour promouvoir une nouvelle compréhension et une nouvelle approche en matière de relations, de responsabilité et de soutien réciproque », estime-t-il.

La science contre la religion ?

L’archevêque de Westminster tient aussi à préciser que le débat de ces dernières semaines n’a rien d’une lutte entre la science et la religion.

« La vérité est que la ‘science’ en soi n’est jamais d’un côté ou de l’autre », affirme-t-il. « Bien entendu, nous devons tous comprendre ce que les progrès scientifiques nous disent sur le monde physique, sur le monde biologique, sur la matière qui compose la vie humaine et sur la beauté et la complexité époustouflantes du développement humain en partant de l’embryon ».

« Mais la science reste une activité humaine, relève le cardinal. Elle s’insère dans un espace moral et non un vide moral. Nous parlons d’une série de jugements profondément éthiques qui sont mis en forme, mais non déterminés, par les connaissances scientifiques. Les faits scientifiques façonnent notre point de vue, mais également notre compréhension de ce qu’est la vie humaine, ainsi que la philosophie que l’on a de la vie, qui peut ou non s’appuyer sur une conviction religieuse. La science ne peut se substituer à l’éthique ».

L’archevêque de Westminster a affirmé qu’il n’existe pas de conflit entre la foi et la raison et il a appelé à un débat raisonné pour tester les positions des croyants et non croyants.

« [Les gens de foi] ne devraient pas être exclus ou tenus à l’écart sous prétexte qu’ils se situent dans une perspective religieuse », déclare-t-il, « de la même façon qu’ils n’ont aucun privilège spécial dans le débat démocratique ».

« La raison et foi marchent ensemble, et pour moi la foi donne un aperçu de la vérité qui aide la raison ».

« Le débat de cette semaine ne marque pas la fin des discussions, mais paradoxalement il ouvre la porte à un débat beaucoup plus approfondi », conclut-il, « car il s’agit d’une recherche commune sur la vérité ultime de qui nous sommes et de ce que nous sommes appelés à devenir ».

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ZENIT Staff

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