Corée : Feu vert à la rémunération des dons d’ovocytes, inquiétude de l’Eglise

Un nouvel article de la loi de bioéthique

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ROME, Vendredi 23 mai 2008 (ZENIT.org) – En Corée du Sud, un nouvel article de la loi de bioéthique autorisant la rémunération des dons d’ovocytes inquiète l’Eglise catholique, rapporte « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA).

« La loi de bioéthique a été révisée pour le pire », a déclaré Mgr Francis Xavier Ahn Myong-ok, évêque de Masan et président du Comité de bioéthique de la Conférence épiscopale de Corée (CBCK), le 16 mai dernier, en référence à l’autorisation de rémunération des dons d’ovocytes votée le même jour par l’Assemblée nationale. Ce qui a été décidé par les législateurs « n’est pas très éloigné du commerce d’ovocytes » car « en autorisant la rémunération de ces dons, on viole les droits et la dignité de la femme », a-t-il indiqué.

Votée en janvier 2005, la « Loi sur la sécurité et la bioéthique » qui vient d’être révisée autorise désormais les donneuses d’ovocytes à recevoir des dédommagements pour les frais occasionnés lors du prélèvement, tels les frais de transport, l’opération et la convalescence. D’après un porte-parole du ministère de la Santé, cette révision de la loi a pour but d’empêcher le commerce illégal d’ovocytes en établissant un niveau raisonnable de dédommagements (1). Si le texte est rapidement signé par le président de la République – dans les vingt jours à compter du 16 mai -, cette mesure devrait entrer en vigueur six mois après sa signature.

Selon la loi votée en 2005, le clonage d’embryons humains à des fins reproductives est interdit en Corée du Sud mais les recherches sur les embryons à des fins thérapeutiques sous des conditions définies par le Comité national de bioéthique (NBC) sont autorisées. Des responsables religieux et des associations ont, à plusieurs reprises, demandé la révision de cette loi (2), notamment pour interdire les recherches sur les embryons humains – y compris les embryons clonés – et proscrire les dons d’ovocytes à des fins expérimentales.

Selon le P. Remigio Lee Dong-ik, secrétaire du Comité de bioéthique de la CBCK, la récente révision de la loi de bioéthique ne revient pas sur l’autorisation du clonage à des fins thérapeutiques pour lutter contre des maladies orphelines ou très difficiles à soigner. « Or, l’Eglise catholique continue à dire son opposition à toute recherche qui conduit à la destruction d’embryons humains. Oter la vie est un meurtre, sans parler du fait que ces recherches constituent une violation de la dignité humaine, et particulièrement des droits de la femme », a-t-il déclaré. Quant au nouvel article autorisant le don d’ovocytes contre rémunération, « l’Eglise ne peut que dire son inquiétude car cette mesure se traduira par un accès facilité aux ovocytes à des fins de recherche ou d’expérimentation. De plus, elle peut conduire à un commerce d’ovocytes, les dédommagements pouvant atteindre la somme de 1,5 million de wons (près de 920 euros) par don d’ovocytes », a-t-il ajouté.

L’Eglise catholique en Corée n’est pas seule à dénoncer la nouvelle mouture de la loi sur la bioéthique. D’anciens membres du Comité national d’éthique ont exprimé leurs craintes et révélé que cette instance avait pourtant émis des propositions alternatives. L’une d’elles concernait l’interdiction de stocker les ovocytes, excepté pour traiter la stérilité de la femme, afin d’éviter les dons d’ovocytes à des fins expérimentales. Ces propositions n’ont pourtant pas été retenues dans la loi révisée, a regretté Cho Han-ik, ancien président du Comité national de bioéthique. Cho Han-ik, professeur de médecine à l’Université nationale de Séoul, a déclaré qu’il souhaitait soumettre une plainte devant le ministère de la Santé, des Affaires sociales et de la Famille pour faire entendre la voie dissidente de différents experts en bioéthique. Selon Lee In-young, professeur de droit à l’université Hongik de Séoul et ancien vice-président du Comité national d’éthique, « les valeurs et la dignité humaine doivent être placées au-dessus des intérêts scientifiques et sociaux ».

Helen Kwon Kyung-soo, présidente de l’Organisation catholique des femmes de Corée, craint pour sa part que la nouvelle mesure incite les femmes pauvres à vendre leurs ovocytes. « Les ovules sont l’origine de la vie ; par conséquent, elles ne peuvent faire l’objet d’un commerce », a-t-elle déclaré, précisant que son association prévoyait de lancer une campagne, en partenariat avec le Comité de bioéthique de la CBCK, afin de demander une nouvelle révision de la loi sur la bioéthique. « Nous ferons tout notre possible pour modifier une loi dont certains articles sont contraires à la vie humaine », a conclu Mgr Ahn Myong-ok (3).

(1)      On se souvient que, lorsque le scandale autour du professeur Hwang Woo-suk a éclaté, un des aspects de la controverse portait sur le fait que le professeur avait exercé des pressions sur ses assistantes pour que celles-ci acceptent de donner de leurs ovocytes à des fins d’expérimentation, notamment en vue du clonage d’embryons humains (voir EDA 392, 420, 430, 432, 436). Aujourd’hui, le professeur Hwang, interdit par les autorités coréennes de recherche sur les embryons humains, travaille au clonage d’embryons animaux.

(2)      Voir EDA 413.

(3)      Au sujet de la position et des actions de la CBCK en bioéthique, voir EDA 420, 421, 428, 430, 432, 461 et 481.

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ZENIT Staff

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