ROME, Mercredi 21 mai 2008 (ZENIT.org) – « La foi est amour et c’est pourquoi elle crée de la poésie et elle crée de la musique », affirme Benoît XVI.
Catéchèse sur Romanos le Mélode
Benoît XVI a tenu sa catéchèse hebdomadaire en la salle Paul VI du Vatican, après avoir rencontré des fidèles auparavant en la basilique vaticane du fait du mauvais temps.
Pour ce qui est de la vie du poète, le pape rappelait que « Romanos le Mélode, né vers 490 à Emesa (aujourd’hui Homs) en Syrie. Théologien, poète et compositeur, il appartient au grand groupe des théologiens qui ont transformé la théologie en poésie ».
« La foi est amour et c’est pourquoi elle crée de la poésie et elle crée de la musique. La foi est joie, c’est pourquoi elle crée de la beauté », a déclaré le pape.
Les icônes et les cathédrales
Le Mélode inspire au pape cette réflexion sur la culture chrétienne : « Ce grand poète et compositeur nous rappelle tout le trésor de la culture chrétienne, née de la foi, née du cœur qui a rencontré le Christ, le Fils de Dieu. De ce contact du cœur avec la Vérité qui est Amour naît la culture, est née toute la grande culture chrétienne. Et si la foi reste vivante, cet héritage culturel aussi ne devient pas chose morte, mais elle reste vivante et présente ».
Et ce citer des exemples : « Les icônes parlent encore aujourd’hui au coeur des croyants, ce ne sont pas des choses du passé. Les cathédrales ne sont pas des monuments médiévaux, mais des maisons de vie, où nous nous sentons «à la maison»: nous rencontrons Dieu et nous nous rencontrons les uns avec les autres. La grande musique non plus – le chant grégorien ou Bach ou Mozart – n’est pas une chose du passé, mais elle vit de la vitalité de la liturgie et de notre foi ».
Héritage culturel
Benoît XVI souligne le lien entre la vie de la foi et la fécondité culturelle de la foi en disant : « Si la foi est vivante, la culture chrétienne ne devient pas « passé », mais reste vivante et présente. Et si la foi est vivante, aujourd’hui aussi nous pouvons répondre à l’impératif qui se répète toujours à nouveau dans les Psaumes: «Chantez au Seigneur un chant nouveau». Créativité, innovation, chant nouveau, culture nouvelle et présence de tout l’héritage culturel dans la vitalité de la foi ne s’excluent pas, mais sont une unique réalité; ils sont la présence de la beauté de Dieu et de la joie d’être ses enfants ».
Romanos le Mélode est en effet à la fois « un poète et compositeur théologien », souligne le pape qui résume ainsi sa vie: « Ayant appris les premiers éléments de la culture grecque et syriaque dans sa ville natale, il se transféra à Berito (Beyrouth), où il perfectionna son instruction classique et ses connaissances rhétoriques. Ordonné diacre permanent (v. 515), il y fut prédicateur pendant trois ans. Puis il se transféra à Constantinople vers la fin du règne d’Anasthase Ier (v. 518), et s’établit dans le monastère près de l’église de la Théotókos, Mère de Dieu. C’est là qu’eut lieu l’épisode-clef de sa vie: le Synaxaire nous informe de l’apparition en rêve de la Mère de Dieu et du don du charisme poétique. En effet, Marie lui intima d’avaler une feuille roulée. Le lendemain matin – c’était la fête de la Nativité du Seigneur – Romanos alla déclamer à l’ambon: «Aujourd’hui la Vierge fait naître le Transcendant» (Hymne «Sur la Nativité» I. Préambule). Il devint ainsi prédicateur et chantre jusqu’à sa mort (après 555) ».
L’homélie et l’instruction catéchétique
Le pape voit en lui « l’un des auteurs les plus représentatifs d’hymnes liturgiques », dans un contexte où l’homélie était bien différente des homélies modernes : « L’homélie était alors, pour les fidèles, l’occasion pratiquement unique d’instruction catéchétique. Romanos apparaît ainsi comme le témoin éminent du sentiment religieux de son époque, mais également d’un style vivace et original de catéchèse. A travers ses compositions, nous pouvons nous rendre compte de la créativité de cette forme de catéchèse, de la créativité de la pensée théologique, de l’esthétique et de l’hymnographie sainte de ce temps ».
Voici comment il prêchait, dans un sanctuaire des environs Constantinople: « Il montait à l’ambon placé au centre de l’église et s’adressait à la communauté en ayant recours à une mise en scène demandant de grands moyens: il utilisait des représentations murales ou des icônes disposées sur l’ambon et il avait aussi recours au dialogue ».
Des homélies rythmiques
Pour ce qui est du texte même des homélies, le pape expliquait : « Ses homélies étaient des homélies métriques chantées, appelées «contacio» (kontakia). Le terme «kontákion», «petite verge», paraît renvoyer au bâtonnet autour duquel on enroulait le rouleau d’un manuscrit liturgique ou d’un autre type. Les kontákia qui nous sont parvenus sous le nom de Romanos sont au nombre de quatre-vingt neuf, mais la tradition lui en attribue mille ».
Ainsi, continuait le pape, « une fois terminée la lecture biblique, Romanos chantait le Préambule, généralement sous forme de prière ou de supplique, il annonçait ainsi le thème de l’homélie et expliquait le refrain à répéter en chœur à la fin de chaque strophe, qu’il déclamait de manière cadencée à haute voix ».
Et du point de vue de la langue employée, le pape ajoutait : « Romanos adopte non pas le grec byzantin solennel de la cour, mais un grec simple proche du langage du peuple ».
La réception des conciles par les fidèles
Pour ce qui est des thèmes le pape les énonçait ainsi : « Un thème fondamental de sa prédication est l’unité de l’action de Dieu dans l’histoire, l’unité entre création et histoire du salut, l’unité entre Ancien et Nouveau Testament. Un autre thème important est la pneumatologie, c’est-à-dire la doctrine sur l’Esprit Saint. (…) Un autre thème central est naturellement la christologie ».
Mais là encore, le pape souligne combien le Mélode avait le souci d’être un pédagogue : « Il n’entre pas dans le problème des concepts difficiles de la théologie, tant débattu à cette époque et qui ont aussi tant déchiré l’unité non seulement entre les théologiens, mais également entre les chrétiens dans l’Eglise. Il prêche une christologie simple mais fondamentale, la christologie des grands Conciles. Mais surtout il est proche de la piété populaire – du reste les concepts des Conciles sont nés de la piété populaire et de la connaissance du cœur chrétien – et ainsi Romanos souligne que le Christ est vrai homme et vrai Dieu, et en étant vrai Homme-Dieu il est une seule personne, la synthèse entre création et Créateur: dans ses paroles humaines nous entendons parler le Verbe de Dieu lui-même ».
« Enfin, les enseignements moraux se rapportent au jugement final », a également expliqué Benoît XVI.
Anita S. Bourdin