ROME, Vendredi 9 mai 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 11 mai, Dimanche de la Pentecôte, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 20, 19-23
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
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Dimanche de la Pentecôte
La puissance d’en haut
Il nous est arrivé à tous de voir la scène d’une voiture en panne avec le conducteur à l’intérieur et une ou deux personnes qui poussent péniblement le véhicule, en tentant inutilement de lui donner la vitesse nécessaire pour démarrer. On s’arrête, on essuie la sueur de son visage et on recommence à pousser… Puis, soudain, un bruit, le moteur se met en marche, la voiture part, et ceux qui poussaient se relèvent avec un soupir de soulagement. C’est une image de ce qui se passe dans la vie chrétienne. On avance à force de pousser, péniblement, sans grands progrès. Et penser que nous avons à notre disposition un moteur très puissant (« La puissance d’en haut ! ») qui n’attend que d’être allumé. La fête de la Pentecôte devrait nous aider à découvrir ce moteur et à comprendre comment le mettre en marche.
Le récit des Actes des Apôtres commence en disant : « Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu ». De ces paroles nous déduisons que la Pentecôte existait déjà avant… la Pentecôte. En d’autres termes, il y avait déjà une fête de Pentecôte dans le judaïsme et ce fut au cours de cette fête que l’Esprit Saint descendit. On ne peut comprendre la Pentecôte chrétienne sans tenir compte de la Pentecôte juive qui l’a préparée. L’Ancien Testament donne deux interprétations de la fête de la Pentecôte. Au commencement, c’était la fête des sept semaines, la fête de la récolte, quand on offrait à Dieu les prémices du blé, mais par la suite, et certainement au temps de Jésus, la fête s’était enrichie d’une nouvelle signification : c’était la fête de la remise de la loi sur le mont Sinaï, et de l’alliance.
Si l’Esprit Saint descend sur l’Eglise précisément le jour où Israël célèbre la fête de la loi et de l’alliance, c’est pour indiquer que l’Esprit Saint est la loi nouvelle, la loi spirituelle qui scelle l’alliance nouvelle et éternelle. Une loi inscrite non plus sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, qui sont les coeurs des hommes. Ces considérations soulèvent immédiatement une question : nous vivons sous la loi ancienne ou sous la loi nouvelle ? Nous accomplissons nos devoirs religieux par obligation, par crainte et par habitude, ou en revanche à cause d’une intime conviction et presque par attirance ? Nous percevons Dieu comme un père ou comme un patron ?
Je conclus par une histoire. Au début du XXe siècle, une famille du sud de l’Italie émigra aux Etats-Unis. N’ayant pas suffisamment d’argent pour prendre ses repas au restaurant, ils emportèrent avec eux de la nourriture pour le voyage, du pain et du fromage. Au fil des jours et des semaines, le pain devint rassis et le fromage se couvrit de moisissure ; un beau jour, n’en pouvant plus, le fils se mit à pleurer sans plus cesser. Les parents sortirent de leurs poches les quelques pièces qui leur restaient et les lui donnèrent pour qu’il prenne un bon repas au restaurant. Le fils partit, mangea et revint vers ses parents, en larmes. « Quoi, nous avons tout dépensé pour te payer un bon déjeuner et tu pleures encore ? » « Je pleure parce que j’ai découvert que le déjeuner au restaurant était compris dans le prix, et nous avons mangé du pain et du fromage tous les jours ! » De nombreux chrétiens font la traversée de la vie « au pain et au fromage », sans joie, sans enthousiasme, alors qu’ils pourraient, spirituellement parlant, jouir chaque jour de tous les « biens de Dieu », tous « compris dans le prix » d’être chrétiens.
Le secret pour faire l’expérience de ce que Jean XXIII appelait « une nouvelle Pentecôte » s’appelle la prière. C’est de là que part l’étincelle qui fait démarrer le moteur ! Jésus a promis que le Père céleste donnera l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent (Lc 11, 13). Il faut donc demander ! La liturgie de la Pentecôte nous offre de magnifiques expressions pour le faire : « Viens, Esprit Saint… Viens, père des pauvres, viens dispensateur des dons, viens lumière des coeurs. Dans la fatigue, le repos, dans la chaleur, l’abri, dans les pleurs, le réconfort. Viens, Esprit Saint ! ».
Traduit de l’italien par Zenit