ROME, Jeudi 8 mai 2008 (ZENIT.org) – « Nous, chrétiens orientaux arabes, vivant dans un monde à majorité musulmane, nous avons, à l’égard de ce monde, une mission unique, irréversible, irremplaçable, impérative, presque exclusive », déclare le patriarche Grégoire III Laham.
Voici le texte de l’adresse du patriarche Grégoire III Laham à Benoît XVI, au Vatican, ce jeudi 8 mai 2008.
Très Saint Père,
Que le Seigneur soit béni pour ce jour qui nous permet, après une longue attente, de rencontrer Votre Sainteté, en compagnie de plusieurs Hiérarques, membres du Saint-Synode de notre Eglise patriarcale grecque-melkite catholique, ainsi que de Supérieurs généraux et Supérieures générales de nos Ordres religieux, de prêtres de notre clergé séculier et régulier, et d’un bon nombre de nos fidèles, dont des ministres, des députés, des hommes d’affaires, mais aussi des pères et mères de famille, tous heureux de participer à ce pèlerinage dont le souvenir restera vif dans leurs mémoires et dans les annales de notre Patriarcat.
Notre Eglise patriarcale est présente dans presque tous les pays arabes du Proche-Orient. D’autre part, nos fidèles sont répandus dans le monde entier: en Europe et surtout au Canada, aux Etats-Unis, dans plusieurs pays d’Amérique Latine et en Australie.
Cette grande diaspora, toujours en augmentation, est le résultat de l’émigration, qui décime notre présence dans nos pays d’origine et ne cesse de s’aggraver, pour différentes raisons, dont la principale est le conflit israélo-palestinien.
Cette présence chrétienne s’avère de plus en plus nécessaire, tant ad intra que ad extra.
Sur le plan intérieur, notre grand souci pastoral est d’immuniser notre Eglise patriarcale contre les dangers qui la menacent, en nous fondant sur l’amour, comme l’indique ma devise patriarcale: « Veillez et marchez dans l’amour! » Et cet amour fut le thème de votre première Lettre Encyclique, Deus caritas est.
Cela veut dire aussi une Eglise forte dans la foi, ce dépôt précieux que nous devons pouvoir transmettre aux jeunes générations. Nous avons lancé un adage qui est devenu très populaire dans notre communauté: « Une Eglise sans jeunes est une Eglise sans avenir. Des jeunes sans Eglise sont des jeunes sans avenir ».
Nous rendons grâces à Notre Sauveur Jésus Christ de ce que notre Eglise est vivante, fervente. Nos éparchies et nos congrégations religieuses masculines et féminines sont des chantiers de projets et d’initiatives sur les plans pastoral, éducatif, social, de santé, de service aux pauvres, …
Ad extra, notre mission est polyvalente: être le levain dans la pâte, porter Jésus, son Evangile, son message et ses valeurs à nos concitoyens, surtout ceux qui ne partagent pas notre sainte foi, qu’ils soient israélites ou musulmans.
Nous, chrétiens orientaux arabes, vivant dans un monde à majorité musulmane, nous avons, à l’égard de ce monde, une mission unique, irréversible, irremplaçable, impérative, presque exclusive. Car nous vivons ensemble depuis 1.428 ans. Ce rôle est assuré à travers notre présence et notre témoignage dans le monde arabe, rôle important surtout au Liban et en Syrie.
L’autre aspect de la mission de l’Eglise Grecque-Melkite Catholique ad extra est son rôle dans la marche œcuménique vers l’unité des chrétiens.
Notre Eglise a toujours été consciente de ce rôle. Elle a notamment dû vivre dans les catacombes pendant environ cent trente ans, pour préserver notre communion avec l’Eglise de Rome.
Cette communion fut – et est toujours pour nous – un choix historique, existentiel, d’engagement, effectif et affectif, élément à la fois de gloire et d’humilité, définitif et sans retour.
Cependant, cette communion avec Rome ne nous sépare pas de notre réalité ecclésiale orthodoxe.
Cela veut dire que nous voudrions vivre, au sein de l’Eglise Catholique, une vie qui pourrait être acceptée par l’Orthodoxie, vivre notre pleine et entière tradition orientale, orthodoxe, en pleine communion avec Rome. C’est le vrai et grand défi du dialogue catholique-orthodoxe.
Nous sommes profondément reconnaissants envers l’Eglise de Rome pour le soutien continu donné à notre Eglise afin qu’elle puisse accomplir cette mission ad intra et ad extra.
Les instruments immédiats en ont été – et sont toujours – la Congrégation pour les Eglises Orientales et les principales organisations catholiques d’aide, surtout en Europe et aux Etats-Unis.
Très Saint Père,
Nous voudrions vous remercier pour l’accueil que vous nous réservez. Nous déclarons avec enthousiasme que nous resterons fidèles à la foi de nos ancêtres, sentinelles vigilantes, témoins courageux et porteurs du message de l’Evangile de Notre Seigneur Jésus Christ dans notre monde arabe, berceau du christianisme.
Nous nous confions à vos prières et demandons votre bénédiction de Père et de Pasteur, mais aussi d’ami et de frère aîné, avec vos orientations et vos conseils pour l’avenir de notre Eglise. C’est la consigne donnée par Notre Seigneur et Sauveur à Pierre: « Et toi, confirme tes frères ».
+ Gregorios III, Patriarche