Le Saint Suaire : un mystère qui continue de passionner

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Congrès international à l’Université pontificale « Regina Apostolorum » de Rome

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ROME, Dimanche 2 mars 2008 (ZENIT.org) – Le tissu du saint Suaire est l’un des mystères les plus étudiés au monde. Qui est donc l’homme dont le tissu porte l’empreinte? Comment est-il possible que cette toile suscite encore aujourd’hui l’attention et la dévotion de millions de personnes ?

Un Congrès international réunissant toutes les hypothèses et études scientifiques faites sur le sujet, a été organisé ce vendredi à Rome, dans le cadre des activités du Master en sciences et foi organisées par l’Université pontificale « Regina Apostolorum » (APRA), où se sont déroulés les travaux.

Ont participé à la rencontre : le professeur Nello Balossino, sous-directeur du Centre international de recherche sur le Saint Suaire ; Petrus Soons, auteur de l’image holographique du Saint Suaire; Avinoam Danin, titulaire d’une chaire en botanique à l’Université juive de Jérusalem ; le père Gianfranco Berbenni, de l’Université pontificale du Latran ; et Luigi E. Mattei, auteur de la reconstruction tridimensionnelle de l’homme sur le linceul.

Pour mieux comprendre ce mystère qui continue de susciter la même passion, ZENIT a interrogé le professeur Nello Balossino, sous-directeur du Centre internationale de recherche sur le Saint Suaire.

Zenit – Après tant d’années d’études, d’après vous qui est l’homme du saint Suaire ?

N. Balossino – Les recherches interdisciplinaires sur ce Linceul sont ultra centenaires. Certaines ont donné des résultats sans équivoques et hautement significatifs, d’autres au contraire ont servi à jeter les bases pour d’autres recherches. Mais toutes montrent que le saint Suaire n’est vraisemblablement pas un artefact mais bel et bien la toile qui a enveloppé le corps d’un homme martyrisé par la crucifixion, selon les modalités décrites dans les évangiles.

C’est donc peut-être du Christ qu’il s’agit. Les recherches informatiques que nous avons nous-mêmes conduites nous portent à soutenir cette hypothèse dans la mesure où l’élaboration électronique des données est la seule capable de pouvoir faire apparaître certaines informations dont on ignorait encore l’existence ; on en a un exemple avec les blessures du visage, qui sont mises en évidence grâce à l’informatique alors qu’on ne peut les distinguer en observant directement le tissu.

Zenit – Dans votre recherche de vérité, quelle importance donnez-vous à l’expertise au carbone faite sur le linceul ?

N. Balossino – A cette découverte de la vérité, si par vérité en entend ‘preuve irréfutable’ que le linceul est bien celui qui a enveloppé le corps de Jésus, il est probable qu’on n’arrive jamais. Quoiqu’il en soit, les essais de datation par le carbone, un type d’examen controversé également pour d’autres pièces que le saint Suaire, ne réfute pas les recherches interdisciplinaires conduites au fil des années car il s’agit d’une preuve qui pourrait ouvrir de nouvelles discussions.

La datation au carbone n’enlève rien à tout ce qui est contenu dans l’image sur le lin, autrement dit la souffrance subie par un homme. Quant à la validité de la radiodatation appliquée au suaire qui, on le sait, a subi différents types de pollution au cours des siècles, en l’occurrence lors de l’incendie de Chambéry, il faut faire attention à ne pas tirer des conclusions hâtives sur les résultats obtenus ; d’autant que le protocole appliqué en 1988 échappe aux schémas habituels comme celui du prélèvement aveugle des échantillons, qui n’a pas été appliqué. Ceux qui ont utilisé cette méthodologie sur le Suaire sont en tout cas en train de la repenser ces jours-ci.

Zenit – D’après vous est-il possible de savoir exactement à quand remonte le saint Suaire ? Et quels sont les instruments et les techniques qui pourraient raisonnablement nous donner matière à réfléchir ?

N. Balossino – J’estime que le choix d’une méthodologie permettant d’évaluer exactement à quand remonte la confection du linceul, doit être décidée par un groupe d’experts interdisciplinaires, pour éviter de retomber dans l’erreur de la radio datation. Par exemple, la dépolymérisation de la cellulose, qui a le grand mérite de résister à la pollution sous toutes ses formes, est une technique qui permet de déterminer la date de confection des tissus.

Zenit – Est-il vrai que le saint Suaire porte encore des traces de sang du crucifié ?

N. Balossino – Il y a beaucoup de traces de sang sur le linceul. Du sang que l’homme crucifié a perdu quand il était encore en vie et du sang qu’il a perdu après sa mort, comme on le voit très clairement sur la blessure du côté droit.

Zenit – Existe-t-il une explication scientifique capable de reproduire l’empreinte d’un homme enveloppé dans le lin exactement comme cela s’est passé avec le Suaire ?

N. Balossino – Nombreuses sont les théories proposées sur la genèse de l’empreinte sur le linceul ; celles auxquelles l’on accorde le plus de crédits, parce qu’elles ont produit des images semblables à celles des linceuls, sont les suivantes :

– la théorie du contact : le corps de l’homme, enveloppé dans le linceul, donne lieu à des empreintes par simple contact direct avec la toile pendant une durée inférieure aux 40 heures ; on ne voit en effet aucune traces de putréfaction

– La théorie de l’évaporation : les vapeurs émanant du cadavre entrent en réaction avec la solution d’aloès et de myrrhe présente vraisemblablement sur la toile et que l’on utilisait justement pour freiner les phénomènes de putréfaction.

– la théorie de l’énergie rayonnante : une énergie d’un genre différent, comme l’énergie électromagnétique par exemple, la lumière ou encore la transformation de la matière en énergie (que seule l’explosion nucléaire arrive à reproduire) a agi sur la solution d’aloès et de myrrhe.

Il faut dire que les expérimentations ont été faites uniquement sur le visage et qu’elles ne se sont sont pas faites sans mal; j’imagine tous les problèmes qu’il y a aurait si l’on examinait tout le corps, sa partie frontale et dorsale.

Zenit – Pourquoi d’après vous, y a-t-il tant de gens qui craignent de découvrir sur cette toile mystérieuse l’empreinte de Jésus Christ ?

N. Balossino – Peut-être parce qu’ils craignent de devoir admettre qu’il y a deux mille ans un homme a été disposé à se sacrifier pour l’humanité et qu’aujourd’hui il existe beaucoup de gens qui, même sans aller jusqu’aux limites extrêmes de Jésus, se prodiguent pour leur prochain et ne pensent pas qu’à leurs égoïsmes.

Antonio Gaspari

Traduit de l’italien par Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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