ROME, Vendredi 29 février 2008 (ZENIT.org) – Le prédicateur de la Maison pontificale a invité ce matin à revenir à la parole de Dieu dans son essence et son authenticité, celle qui est efficace et qui est dépouillée des ornements dont les « faux prophètes » ont tendance à la revêtir et qui lui font perdre toute son efficacité.
Le P. Raniero Cantalamessa OFM Cap., prédicateur de la Maison pontificale, a prononcé ce vendredi matin, en la chapelle « Redemptoris Mater » au Vatican en présence du pape et de ses plus proches collaborateurs de la curie, la deuxième prédication de carême sur le thème de la « parole de Dieu dans la mission de l’Eglise ».
Le prédicateur a opposé les « paroles inutiles », qui sont les paroles des hommes ou celles des faux prophètes, aux « paroles efficaces », qui sont celles de Dieu.
« Il a toujours été difficile d’expliquer ce qu’entendait Jésus par ‘parole inutile’ », a constaté le P. Cantalamessa.
Le prédicateur a cité saint Paul qui dit « qu’ayant reçu la parole de Dieu de la prédication de l’Apôtre, ils l’ont accueillie non pas comme une parole d’hommes mais, comme ce qu’elle est réellement, c’est-à-dire comme ‘parole de Dieu’ qui agit en ceux qui croient ».
« L’opposition entre parole de Dieu et parole des hommes est présentée ici, de manière implicite, comme l’opposition entre la parole ‘qui agit’ et la parole ‘qui n’agit pas’, entre la parole efficace et la parole inefficace et vaine », a expliqué le P. Cantalamessa.
« La parole inutile » est en somme « la parole du faux prophète, qui ne reçoit pas la parole de Dieu mais qui incite les autres à croire qu’il s’agit de la parole de Dieu ». Celle-ci « ne produit pas de fruits car, par définition, elle est stérile, inefficace », a-t-il souligné.
Le P. Cantalamessa a précisé que lorsque Jésus met en garde contre ceux qui prononcent des « paroles inutiles » ce n’est pas au monde en général qu’il s’adresse, mais bel et bien « aux hommes d’Eglise », à ceux qui prêchent, soulignant que les « faux prophètes » sont aussi ceux qui « falsifient » la parole de Dieu, qui la « diluent » et la « tuent » par « mille paroles humaines qui sortent de leur cœur ». Il a comparé celui qui falsifie la parole à l’aubergiste malhonnête qui allonge son vin avec de l’eau.
Le P. Cantalamessa a mis l’Eglise en garde contre les « paroles inutiles ». « Dans l’ère de la communication de masse, l’Eglise risque elle aussi de s’enfoncer dans la ‘paille’ des paroles inutiles, prononcées histoire de parler, écrites parce qu’il y a des revues et des journaux à remplir », a-t-il souligné.
Il a rappelé aux prédicateurs qu’il ne faut pas avoir peur de l’apparente « faiblesse », « pauvreté » et « nudité » de la parole et chercher à tout prix à la « revêtir », avec le risque de finir par estimer davantage « l’ornement » que la parole elle-même.
« Nous offrons ainsi au monde un excellent prétexte pour demeurer tranquillement dans son incroyance et dans son péché. S’il écoutait la parole de Dieu authentique, ce ne serait pas aussi facile pour l’incrédule de s’en sortir en disant (comme il le fait souvent après avoir entendu nos prédications) : ‘Des mots, des mots, des mots !’ », a-t-il déclaré.
Sans nier l’importance de l’expérience personnelle, qui n’est pas exclue de la prédication de l’Eglise, le P. Cantalamessa a rappelé que tout doit être soumis à la parole et non l’inverse.
Il a souligné que dans la préparation d’un document du magistère, d’une prédication, de la simple homélie du dimanche, il faut commencer par demander à Dieu quelle parole il souhaite transmettre à son peuple, et utiliser ensuite ses connaissances « pour donner corps à la parole ».
« Il faut partir de la certitude de foi que, en toute circonstance, le Seigneur ressuscité a dans le cœur une parole qu’il souhaite transmettre à son peuple. C’est celle qui change les choses et celle qu’il faut découvrir. Et il ne manque pas de la révéler à son ministre, si celui-ci la lui demande humblement et avec insistance », a-t-il déclaré.
« Au début, il s’agit d’un mouvement presque imperceptible du cœur : une petite lumière qui s’allume dans l’esprit, une parole de la Bible qui commence à attirer notre attention et qui éclaire une situation », a-t-il souligné.
Le P. Cantalamessa a exhorté à avoir « le courage », « lorsqu’on traite des problèmes doctrinaux et disciplinaires de l’Eglise, de partir plus souvent de la parole de Dieu » et de rester « liés à cette parole », « certains que de cette manière on est beaucoup plus sûr d’atteindre l’objectif qui est de découvrir, dans chaque question, quelle est la volonté de Dieu ».
Le prédicateur capucin a conclu en demandant à Dieu de garder les prédicateurs « de prononcer des paroles inutiles » quand ils parlent de lui et de leur faire « expérimenter » le « goût » de sa parole, à côté de laquelle toutes les autres sont « insipides ».
Gisèle Plantec