La béatification des martyrs espagnols ne laisse personne indifférent

Entretien avec l’évêque auxiliaire d’Oviedo

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ROME, Dimanche 28 octobre 2007 (ZENIT.org) – La béatification des 498 martyrs espagnols qui s’est déroulée ce dimanche, place Saint-Pierre, à Rome, ne laisse personne indifférent.

C’est ce que constate l’évêque auxiliaire d’Oviedo, en Espagne, Mgr Cecilio Raúl Berzosa Martínez, dans cet entretien à Zenit.

Zenit : Pensez-vous que cette béatification puisse panser les blessures en Espagne, ou est-ce encore trop tôt ?

Mgr Berzosa – Il est juste d’affirmer que dans certains milieux, les blessures de la Guerre civile espagnole (et de la révolution de 1934) restent ouvertes.

Je crois qu’en ce moment il y a trois types de personnes : celles qui, avec foi, estiment que se souvenir de ses martyrs est un signe de « mémoire reconnaissante » de la part de l’Eglise, et que cela contribuera à la réconciliation ; celles qui sont totalement contraires à la béatification et affirment qu’il s’agit d’une mémoire sélective ; et finalement celles qui, selon ce qu’elles entendent ou lisent de la part de leaders d’opinion, sont tantôt favorables et tantôt défavorables.

Une chose est sûre : cette béatification ne laisse pas l’opinion publique indifférente. De plus, elle coïncide avec une période, de notre courte historique démocratique, qui est loin d’être la plus sereine.

Zenit – Mourir pour la foi. Quelle leçon peut tirer un fidèle devant le témoignage de ceux qui versent leur sang pour leurs convictions religieuses ?

Mgr Berzosa – Tout d’abord l’exemple de cohérence et de fidélité donné par un vrai chrétien. Et cela non pas parce que le martyr est un « super héros » mais parce que le croyant voit dans ce geste suprême d’amour la force et la grâce de Dieu lui-même. Les martyrs sont des icônes privilégiées de l’amour d’agape. Sans oublier que, dans les premiers temps du christianisme (comme à d’autres époques postérieures), être chrétien signifiait être martyr.

Les bienheureux nous rappellent une phrase que l’on attribue si je me souviens bien, à Péguy : « Posséder la vérité, c’est commencer à souffrir ; défendre la vérité c’est commencer à mourir ». Mais heureuse est la mort qui est la porte et la source de la vie éternelle.

Zenit – Quel est le message de cette béatification de martyrs pour l’Eglise universelle ?

Mgr Berzosa – Elle constitue un exemple et est une intercession puissante au sein du Corps mystique que forment les chrétiens mais je voudrais souligner trois autres messages : tout d’abord qu’à toutes les époques le martyre est d’actualité. Ce n’est pas quelque chose du passé ou qui ne se produira plus. Il peut arriver et de fait il se produit à n’importe quel moment de l’histoire et à n’importe quel endroit de la planète. Deuxièmement, que les martyrs ne sont jamais utilisés comme une arme (idéologique, historique ou politique) contre quiconque, ni comme un symbole ou un enseignement politique. L’Eglise désire toujours que les martyrs contribuent à la réconciliation et à la mémoire de ce qui, humainement, ne doit pas se répéter. Troisièmement, leur exemple, en tant que victimes innocentes, est un défi avec un message clair et incisif : on ne vainc jamais le mal par le mal mais par le bien.

Et comme la violence engendre la violence, seuls l’amour et le pardon sont créatifs et capables de renouveler les personnes et les sociétés. Même si le prix de cet amour, comme dans ce cas, est la vie.

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ZENIT Staff

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