Pour devenir missionnaires nous avons un modèle parfait : Jésus Christ (II)

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Entretien avec J.-L. Moens, auteur de « L’imitation de Jésus Christ missionnaire »

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ROME, Dimanche 21 octobre 2007 (ZENIT.org) – L’Eglise invite aujourd’hui tous les chrétiens à s’engager dans la nouvelle évangélisation. Mais comment évangéliser ?

C’est pour tenter de répondre à cette question que Jean-Luc Moens, membre de la Communauté de l’Emmanuel, qui a participé à différents grands projets missionnaires, comme les congrès internationaux pour la nouvelle évangélisation de Vienne, Paris, Lisbonne, Bruxelles et Budapest, vient de publier un livre intitulé « L’imitation de Jésus Christ missionnaire ».

Il présente son ouvrage dans cet entretien, dont nous publions ci-dessous la deuxième partie (cf. Zenit 19 avril pour la première partie).

Zenit – Comment proposez-vous d’imiter le Christ tel que les Evangiles nous le montrent pendant les trois années de sa vie publique ?

J.-L. Moens – Les Evangélistes nous montrent que Jésus s’est donné sans compter. Il n’a pas eu peur de parler. Il avait une très grande liberté de parole. Il a prêché cette conversion dans tous les lieux possibles de son époque. Il parlait aux foules aussi bien à la campagne qu’en ville, dans les rues comme dans les maisons. Il s’adressait à tous : au peuple et aux scribes, aux pharisiens et aux sadducéens, aux prostituées et aux publicains, aux Juifs et aux Romains. Mais il est clair cependant qu’il a une préférence pour les pauvres et les pécheurs : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Mc 2, 17)
Ce qui caractérise, à mon avis, avant tout la prédication de Jésus – et qui est un point que tous nous pouvons imiter – c’est qu’il a toujours été rempli d’amour et de compassion. Il a annoncé la miséricorde du Père. Il l’a fait en pardonnant lui-même, jusqu’à ses bourreaux qui le clouaient sur la croix.
J’ai été interpellé par la parabole dans laquelle Matthieu raconte le jugement dernier. Ce qui m’a frappé est un détail qui me paraît très révélateur. Quand le Christ remercie les bénis de son Père qui lui ont donné à manger quand ils avaient faim, l’ont visité quand il était en prison, etc. ceux-ci demandent : « Quand avais-tu faim et que nous t’avons donné à manger ? Quand étais-tu en prison et que nous t’avons visité ? » Vous connaissez la réponse de Jésus : « Ce que tu as fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu l’as fait ! » Or, nous chrétiens, nous savons que nous servons le Christ dans les pauvres. Donc, je pense comme le théologien protestant Joachim Jeremias, que cette parabole de Jésus nous parle du salut de ceux qui ne l’ont pas connu sur terre. Leur salut viendra de l’amour qu’ils auront pu donner durant leur vie. Ceci me paraît ouvrir des perspectives très larges à l’évangélisation. En effet, il n’est pas toujours possible d’avoir une annonce explicite de l’Evangile. Il y a des pays où cela est même interdit par la loi. Par contre, il est toujours possible de témoigner de l’amour, d’encourager les gens à aimer davantage. J’ai eu l’occasion de voir aussi comment ce témoignage de la charité a commencé à changer certaines sociétés d’Asie… Je pense, par exemple, au travail exceptionnel de la bienheureuse mère Teresa de Calcutta.

Zenit – Ceci signifie-t-il que vous donnez une priorité au témoignage de vie sur l’annonce explicite ?

J.-L. Moens – Je pense que le fait d’opposer témoignage de vie et annonce explicite est stérile. Si nous regardons le Christ, nous voyons qu’il a toujours associé les deux. Il était le saint de Dieu et il a impressionné tous ceux qui l’ont connu par cette sainteté qui irradiait de sa personne. En même temps, il a annoncé la Bonne Nouvelle sans relâche, il a prêché devant des foules immenses… Il ne faut pas oublier que s’il a été condamné, c’est justement à cause de ce qu’il disait ouvertement et qui gênait les classes dirigeantes de son temps. Imiter le Christ, c’est accepter de témoigner à la fois par sa vie et par la parole.

Zenit – Et d’aller comme lui jusqu’à la croix ?

J.-L. Moens – Il est vrai que tout chrétien rencontre un jour ou l’autre la croix.
J’ai été frappé par le fait que la mission parfaite, celle du Fils de Dieu lui-même, se termine par un échec. Du moins en apparence. Cela devrait nous éclairer pour nos missions aujourd’hui. Le Seigneur ne nous promet pas que toutes nos missions seront des succès éclatants avec des conversions à la pelle ! Il est normal de rencontrer des oppositions, des échecs. Mais ce qui est extraordinaire, là où la foi chrétienne est absolument inouïe, c’est que ces échecs, en union avec le croix du Christ, peuvent devenir des victoires ! Car la croix du Christ n’est pas un échec. C’est la victoire des victoires. Comme le disait très bien le cardinal Lustiger, « Les chrétiens voient dans la croix de Jésus le signe de la victoire de l’amour, tandis que les témoins de la crucifixion n’y ont vu que l’échec d’un condamné à mort. » On ne peut pas séparer l’évangélisation de l’événement le plus important de l’histoire de l’humanité : la résurrection du Christ. Nous annonçons, certes, un sauveur crucifié, mais surtout un Seigneur ressuscité qui nous apporte la vie éternelle. Je crois que l’homme d’aujourd’hui a besoin plus que jamais d’entendre cette annonce…

Zenit – Votre livre se termine par un chapitre sur l’Église. Ceci pourraient gêner ceux qui sont tentés d’opposer le Christ et son Église…

J.-L. Moens – Si vous lisez attentivement les Evangiles, vous serez certainement frappés comme moi par le fait que Jésus n’a pas évangélisé tout seul. Dès le départ, il s’est entouré de disciples. Parmi eux, il y avait les apôtres, mais aussi des hommes et des femmes de son temps que j’aurais tendance à identifier à ceux qu’on appellerait des laïcs. Il est intéressant de noter que Jésus a consacré beaucoup de temps à former le groupe de ceux qui le suivaient. Les apôtres qui l’ont suivi pendant trois ans ont connu une sorte d’école d’évangélisation itinérante, voire un séminaire ! Tout cela montre bien la volonté de Jésus de bâtir son Église, d’associer les hommes à sa mission. Je crois que cela signifie pour nous aujourd’hui que tout missionnaire doit être en communion avec l’Église voulue par Jésus lui-même. Evangéliser comme le Christ implique de le faire comme lui en Église !

Zenit – L’eucharistie occupe une place importante dans votre livre. On la retrouve dans presque chaque chapitre. Pourquoi ?

J.-L. Moens – L’eucharistie, c’est le Christ. Jean-Paul II a souligné qu’elle était source et sommet de toute évangélisation. Elle en est la source parce que « celui qui rencontre le Christ dans l’eucharistie ne peut pas ne pas proclamer par sa vie l’amour miséricordieux du Rédempteur » (Message de Jean-Paul II pour la Journée des missions 2004, le 29 avril 2004). Elle en est le sommet parce que toute évangélisation conduit à l’eucharistie.
Ce qui m’a personnellement beaucoup interpellé dans ce domaine, c’est la puissance missionnaire de l’eucharistie aujourd’hui. J’en donne beaucoup de témoignages dans le livre. J’ai vécu personnellement, à de très nombreuses reprises, combien le rayonnement de l’eucharistie est capable de toucher nos contemporains. Beaucoup d’incroyants y sont sensibles. Il suffit de les inviter à entrer dans une église ! Je pense, par exemple, à ce SDF bruxellois d’origine juive qui est entré dans une église où le Saint Sacrement était exposé et qui en est ressorti bouleversé… Oui, Jésus continue d’évangélis
er aujourd’hui à travers son eucharistie !

Zenit – Dans votre livre, vous faites de très nombreuses références à Pierre Goursat. Qui est-il et pourquoi une si grande insistance sur lui ?

J.-L. Moens – Pierre Goursat est le fondateur de la Communauté de l’Emmanuel à laquelle j’appartiens. Il est mort en odeur de sainteté le 25 mars 1992. C’est, à mon avis, un très beau modèle d’apôtre pour notre époque, un vrai imitateur du Christ. Il a été brûlé du désir d’évangéliser et il a communiqué son feu à de très nombreuses personnes. Il a été pour moi un de ceux qui m’ont engagé sur le chemin de la mission. Je suis convaincu que ceux qui le connaîtront feront la même expérience que moi et pourront devenir, eux aussi, les missionnaires dont notre monde a tant besoin.
Je cite aussi beaucoup Jean-Paul II qui a été le missionnaire infatigable qui a fait entrer l’Église dans le troisième millénaire et dont les intuitions l’ont orientée vers la nouvelle évangélisation.

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ZENIT Staff

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