« La vraie gloire fuit celui qui la poursuit et poursuit celui qui la fuit »

Le P. Cantalamessa commente l’Evangile du 2 septembre

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ROME, Vendredi 31 août 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 2 septembre, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 14, 1.7-14

Un jour de sabbat, Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et on l’observait.
Remarquant que les invités choisissaient les premières places, il leur dit cette parabole :
« Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place, car on peut avoir invité quelqu’un de plus important que toi.
Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendrait te dire : ‘Cède-lui ta place’, et tu irais, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : ‘Mon ami, avance plus haut’, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui sont à table avec toi.
Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi t’inviteraient en retour, et la politesse te serait rendue.
Au contraire, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux, parce qu’ils n’ont rien à te rendre : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

© http://www.aelf.org

Sois modeste dans ton activité !

Le début de l’Evangile de ce dimanche nous aide à corriger un préjugé largement répandu : « Un jour de sabbat, Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et on l’observait ». En lisant l’Evangile sous un certain angle, on a fini par faire des pharisiens le prototype de tous les vices : l’hypocrisie, la duplicité, la fausseté ; les ennemis de Jésus, par antonomase. Le terme « pharisien » et l’adjectif « pharisaïque » sont entrés dans le vocabulaire de notre langue et de nombreuses autres langues, avec ces significations négatives.

Cette idée des pharisiens n’est pas juste. Il y avait sûrement parmi eux de nombreux éléments qui correspondaient à cette image et c’est à eux que le Christ s’est durement opposé, mais ils n’étaient pas tous ainsi. Nicodème, qui rend visite à Jésus la nuit et plus tard le défend devant le Sanhédrin, était un pharisien (cf. Jn 3,1 ; 7, 50 ss.). Saul avant sa conversion était également un pharisien. Même s’il était mal inspiré, il était certainement sincère et rempli de zèle. Gamaliel qui défendit les apôtres devant le Sanhédrin était un pharisien (cf. Ac 5, 34 ss.).

Les relations de Jésus avec les pharisiens n’ont pas toujours été conflictuelles. Ils partageaient souvent les mêmes convictions, comme la foi dans la résurrection des morts, la conviction sur l’amour de Dieu et du prochain comme étant le premier commandement de la loi et le plus important. Certains, comme dans notre cas, l’invitent même à déjeuner chez eux. On sait aujourd’hui que ce ne furent pas tant les pharisiens à vouloir la condamnation de Jésus que la secte adverse des Sadducéens à laquelle appartenait la caste sacerdotale de Jérusalem.

Pour toutes ces raisons, il serait hautement souhaitable que nous cessions d’utiliser les termes « pharisien » ou « pharisaïque » au sens péjoratif. Ceci profiterait également au dialogue avec les Juifs, qui se souviennent avec beaucoup d’honneur du rôle joué par le courant des pharisiens dans leur histoire, surtout après la destruction de Jérusalem.

Au cours du déjeuner, ce samedi-là, Jésus donna deux enseignements importants : l’un adressé aux invités, l’autre à leur hôte. Jésus dit au maître de maison (peut-être en tête-à-tête ou en présence des apôtres seulement) : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ». Jésus lui-même a invité au grand banquet du Royaume, des pauvres, des affligés, des doux, des affamés, des persécutés (les catégories de personnes présentées dans les Béatitudes).

Mais c’est sur ce que Jésus dit aux invités que je voudrais m’arrêter cette fois. « Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place… ». Jésus n’entend pas enseigner les bonnes manières. Personne n’a l’intention d’encourager les calculs subtils de celui qui choisit la dernière place avec le secret espoir que le patron lui fasse signe de venir devant. La parabole peut ici induire en erreur si l’on n’a pas bien compris de quel banquet il s’agit et de quel patron Jésus est en train de parler. Le banquet est le banquet universel du Royaume et le patron est Dieu.

Jésus veut dire que dans la vie il faut choisir la dernière place, chercher davantage à faire plaisir aux autres qu’à soi-même, être modeste dans la manière d’évaluer ses propres mérites, laisser les autres les reconnaître sans le faire nous-mêmes (« Personne ne doit être juge de sa propre cause »), et déjà dans cette vie Dieu nous élève. Il nous élève dans sa grâce, il nous fait monter très haut dans le classement de ses amis et des vrais disciples de son Fils, ce qui est la seule chose véritablement importante.

Il nous élèvera également dans l’estime des autres. Ceci est un fait surprenant mais réel. Dieu « se penche vers la personne humble mais tient l’orgueilleux en respect » (cf. Ps 107, 6). Ceci vaut également pour l’homme, indépendamment du fait qu’il soit croyant ou non. Lorsqu’elle est sincère et non affectée, la modestie conquiert les autres, fait aimer la personne, désirer sa compagnie, apprécier son opinion. La vraie gloire fuit celui qui la poursuit et poursuit celui qui la fuit.

Nous vivons dans une société qui a profondément besoin de réécouter ce message évangélique sur l’humilité. Se précipiter sur les premières places quitte à marcher, sans scrupule, sur les autres, l’arrivisme et la compétitivité à outrance sont des choses que tout le monde désapprouve mais auxquelles malheureusement tout le monde se prête. L’Evangile a un impact dans le domaine social, même lorsqu’il parle d’humilité et de modestie.

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ZENIT Staff

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