ROME, Mardi 28 août 2007 (ZENIT.org) – L’historien autrichien Martin Kluger a rappelé, ce mardi après-midi, à Barcelone, comment les catholiques, et en particulier les catholiques allemands, ont participé au nom de leur foi à la résistance au nazisme. Il citait les jeunes étudiants du réseau de Sophie Scholl, la « Rose blanche ».
Martin Kugler, expert dans le domaine des relations entre l’Eglise et le nazisme, est le fondateur de « Europe4Christ.net », un mouvement interconfessionnel, social et politique pour lutter contre le « relativisme moral ». Il tenait cette conférence dans le cadre du festival de cinéma sur la Famille organisé par « CinemaNet ».
L’un des films projetés est le film émouvant de Marc Rothemund, avec Julia Jentsch, sorti en France en 2006 : « Sophie Scholl, les derniers jours ». Le film manifeste les valeurs des étudiants de la « Rose blanche », de leurs familles et professeurs, et leur courage dans la lutte contre la dictature au nom de leurs principes éthiques et de l’Evangile.
A cette occasion, l’historien a souligné que Pie XII « aimait le peuple allemand » mais sans aucune « connivence avec les nazis ».
« Dans 40 des 44 discours que le cardinal Eugenio Pacelli a prononcés en tant que nonce en Allemagne, on trouve des critiques contre le totalitarisme et contre le racisme », soulignait encore M. Kugler.
Devenu pape sous le nom de Pie XII, il a dû limiter ses discours, expliquait l’historien, « par sa préoccupation de ne pas déchaîner une persécution pire encore », en particulier, après l’expérience tragique des évêques hollandais ou des rapports de rétorsions subies par les prêtres catholiques dans les camps de concentration après ses discours à Radio Vatican, notamment celui qui démontait point par point le programme de Hitler pour la nouvelle Europe.
« Dans les années de l’après-guerre, on reconnaissait l’activité de l’Eglise et du pape comme très positive en faveur des juifs », a ajouté M. Kugler.
« Dire que Pacelli était antisémite et favorable à Hitler est une idiotie », a ajouté M. Kugler, soutenant que la diplomatie du saint-Siège a permis de sauver, au cours de la seconde guerre mondiale quelque 700.000 Juifs.
Notons qu’un chiffre semblable a été avancé par un journaliste israélien, Pinchas Lapide, qui s’est appuyé sur des documents de Yad Vashem, dans son livre « Rome et les Juifs », Seuil, 1967 (« The Last Popes and the Jews »).
Rappelons aussi que l’Eglise catholique allemande a réunit, pour l’an 2000, un « Martyrologe » des martyrs catholiques du XXe siècle et en particulier du nazisme.
Les travaux de Mgr Helmut Moll ont été publiés en plusieurs volumes (cf. Zenit du 29 mars 2007). Il y évoque particulièrement le mouvement de la Rose blanche. Le livre en est à sa 4e édition, et 80 nouveaux noms se sont ajoutés aux précédents. Mais la clandestinité des réseaux d’alors ne rend pas l’enquête facile.
Le 26 octobre prochain, le cardinal José Saraiva Martins présidera à Linz, au nom du pape, la béatification d’un martyr autrichien du nazisme, Franz Jägerstätter (1907-1943), père de trois enfants, décapité le 9 août 1943, à l’âge de 36 ans, pour s’être opposé publiquement à Hitler et au nazisme, au nom de la foi.
Mgr Georg Ratzinger a révélé dans une récente interview donnée à Castel Gandolfo que son frère, Joseph Ratzinger, et lui, s’étaient rendus, lorsqu’ils étaient enfants, et en passant la frontière, au village natal du nouveau bienheureux, à St. Radegund bei Ostermiething.
Franz Jägerstätter avait été enrôlé dans l’armée du troisième Reich mais il refusa d’obéir aux ordres, citant les paroles de saint Pierre : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ».
Il sera exécuté à Berlin dans la même prison que le théologien protestant Dietrich Bonhöffer.
Dans son testament, il écrivait : « J’écris les mains liées mais je préfère cette condition à celle de savoir ma volonté enchaînée ».