ROME, Vendredi 25 mai 2007 (ZENIT.org) – Il ne suffit pas que « la médecine dise ‘je vous soigne’, il faut surtout qu’elle dise: ‘je prends soin de vous’ », estime Giuseppe Noia, professeur de médecine en gynécologie et obstétrique à l’Université catholique du Sacré Cœur à Rome.
Le professeur Noia est intervenu lors de la présentation d’un livre intitulé « Il figlio terminale: storie di amore straordinario in risposta alla ordinaria eutanasia prenatale » (Un enfant en phase terminale: l’histoire d’un amour extraordinaire en réponse à l’euthanasie prénatale) (Nova Millennium Romae), au siège de la faculté de bioéthique de l’Université pontificale « Regina Apostolorum », le 17 mai dernier, à Rome.
Interrogé par Zenit, le professeur Noia a expliqué que « l’évolution des consciences sur le bien-être fœtal a fortement relancé, ces trente dernière années, la médecine du fœtus et, même si l’on parle de plus en plus du fœtus comme d’un patient, on ne peut passer sous silence les nombreux cas d’anomalies fœtales que l’on résout en procédant à une véritable euthanasie prénatale, autrement dit en ‘programment concrètement’ la mort d’un fœtus considéré en phase terminale ».
Le professeur de gynécologie et d’obstétrique a dénoncé « 53 millions d’avortements volontaires pratiqués annuellement dans le monde, et un milliard de vies sans défense supprimées en plus de 30 ans ». Ceci, a-t-il dit, représente « le plus grand holocauste de l’histoire humaine ou les peuples sont comme frappés d’amnésie, pris dans une sorte de refoulement collectif, et semblent ne pas s’en rendre compte ».
Pour ce qui est de l’Italie, Giuseppe Noia constate une augmentation du nombre d’avortements surtout dans les régions où la mentalité contraceptive est pourtant la plus diffuse (Pouilles, Ombrie et Ligure).
Pour le professeur Noia, « la relation entre l’avortement volontaire et la santé psychique des femmes est souvent mise sous silence pour ne pas mettre en évidence le caractère contradictoire d’une pratique médicale utilisée conformément à une loi destinée soi-disant à protéger la santé psychique de la femme alors qu’elle la détériore ».
A ce propos, il fait remarquer que les « troubles psychiques sont trois fois plus fréquents chez les femmes qui ont choisi volontairement d’avorter que chez celles qui ont décidé de poursuivre leur grossesse ; de même que les psychoses dépressives, sporadiques ou fréquentes, sont deux fois plus fréquentes chez ces femmes-là ».
Egalement expert en thérapies prénatales, le professeur Noia a cité de nombreux cas montrant que « la tendance au suicide est fortement liée à l’avortement volontaire ».
Il a par ailleurs dénoncé la diffusion de ce qu’il appelle « le syndrome du fœtus parfait », autrement dit la diffusion d’une culture, largement dominante, selon laquelle « si l’enfant n’est pas parfait on peut l’éliminer ».
Selon cette culture, a expliqué le gynécologue, « le fœtus malformé est une erreur, une menace pour la société, donc il est juste de l’éliminer selon le concept de l’avortement sélectif rendu possible par les techniques de diagnostic ».
« Le diagnostic prénatal ainsi compris – poursuit le professeur – utilise un faux concept de prévention: voir pour éliminer, alors que sa finalité éthique consiste à voir pour soigner. Comme on le note, une même connaissance, sans discernement éthique, peut être utilisée contre la personne humaine ».
Dans ce contexte le professeur Noia a dénoncé la manipulation culturelle et scientifique plaçant dans une phase terminale les embryons qui, dans 86% des cas, sont sacrifiés, du fait de la mystification du concept de thérapie lié aux problèmes de stérilité.
« Un ensemble de technologies qui, pour faire naître 87.347 enfants doivent en sacrifier plus d’un demi million, méritent-elles d’être définies des ‘thérapies de la stérilité’ ? – s’interroge-t-il –. Que penser, si ce n’est en terme de manipulation culturelle et scientifique, de ces chiffres qui disent qu’après le diagnostic pré-implantatoire, sur 17.544 embryons fécondés on enregistre 279 naissances (l.5%) (ESHRE Preimplantation Genetic Diagnosis Consortium, 2001) et que la cryoconservation des embryons implique que l’on perde 91,6% de ceux qui ont été transférés et 95,7% de ceux qui ont été congelés ? ».
Giuseppe Noia a également déploré un « comportement de paresse culturelle et scientifique projeté sur le monde prénatal ».
II a évoqué l’étrange comportement « des grands ‘opinion leaders’ qui s’insinuent dans les médias pour défendre l’inégalable valeur du progrès de la science », mais gardent le silence quand la science même, avec ses technologies, prouve qu’il est possible de soigné un fœtus alors qu’il y a quelques année encore, celui-ci aurait été considéré en phase terminale et incurable ».
Le professeur Noia a expliqué que la thérapie fœtale est une réalité scientifiquement vaste et évidente et que les modalités pour soigner le fœtus ‘in utero’ sont de plus en plus nombreuses.
Un exemple : aujourd’hui il est possible de soigner l’anémie ou d’autres pathologies du fœtus. Ce qui a permis, ces 15 dernières années, de faire passer leur taux de survie de 60% à 92%.
« Les données accumulées en 20 ans d’expérience, montrent qu’une médecine fœtale guidée éthiquement produit des résultats inimaginables, restituant de la dignité au diagnostic prénatal, alors vu comme une opportunité pour soigner et non pour tuer », affirme le professeur.
Enfin, évoquant le travail réalisé par l’Association « La Quercia Millenari » dont il est le co-fondateur, Giuseppe Noia a proposé de relancer « une médecine expérientielle, une médecine partagée ».
Cela dans le but que « le bien précieux de la vie soit défendu et aimé, et pour que la douleur et les souffrances soient soulagées grâce à l’accueil et au professionnalisme des professionnels du monde médical qui mettent en œuvre une médecine partagée, une médecine qui ne dise pas seulement ‘je vous soigne’, mais plutôt: ‘je prends soin de vous’ », a-t-il conclu.