ROME, Jeudi 3 mai 2007 (ZENIT.org) –Dans la province chinoise du Shaanxi, l’évêque du diocèse de Zhouzhi, dont la qualité épiscopale n’est pas reconnue par le gouvernement, est détenu au secret depuis le 18 mars 2007, indique « Eglises d’Asie, l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA 462, (eglasie.mepasie.org).
Depuis le 18 mars dernier, les fidèles du diocèse catholique de Zhouzhi, dans la province du Shaanxi, n’ont quasiment reçu aucune nouvelle de leur évêque, Mgr Joseph Wu Qinjing. Ce dernier a été emmené par des représentants des autorités pour « une session d’études devant durer trois jours ». Depuis, l’évêque ne peut plus être joint sur son téléphone portable et serait, selon des sources locales, détenu dans une résidence de la police du district de Lintong, non loin de Xi’an, capitale du Shaanxi.
Agé de 39 ans, Mgr Joseph Wu a été clandestinement ordonné évêque de Zhouzhi aux alentours d’octobre 2005, mais ce n’est qu’en mai 2006 que son statut épiscopal a été connu des autres prêtres du diocèse. Depuis cette date, les représentants locaux du Bureau des Affaires religieuses, qui avaient un autre candidat pour le siège de Zhouzhi, refusent de reconnaître son ordination épiscopale et multiplient les pressions sur le jeune évêque. Ainsi, le 9 mars dernier, les Affaires religieuses ont fait circuler un document affirmant que « Wu Qinjing ne devait pas s’occuper des affaires de l’Eglise et ne devait pas s’ingérer dans la gestion du diocèse de Zhouzhi » ; le texte appelait les catholiques de Zhouzhi à « tirer un trait » entre eux et l’évêque.
Immédiatement après sa mise au secret, le 18 mars, les catholiques de Zhouzhi ont pensé que les autorités voulaient l’empêcher de célébrer en public la fête de son saint patron, Saint Joseph, le 19 mars, ainsi que le troisième anniversaire de la mort d’un prêtre de Zhouzhi, le 20 mars. Mais, les jours passant, la Semaine Sainte a été célébrée en l’absence de l’évêque, les catholiques du diocèse ne cachant plus leur inquiétude. Selon les informations dont ils disposent, les autorités exercent des pressions sur leur évêque pour que celui-ci renonce à sa qualité épiscopale et quitte le diocèse. Le dimanche de Pâques, Mgr Joseph Wu est toutefois parvenu à faire passer un message à ses diocésains. « A [ses] bien-aimés catholiques », l’évêque demandait de prier pour « les restrictions apportées à [sa] liberté, le jour où Jésus-Christ est mort, a souffert et a ressuscité dans la gloire ».
« Nous avons tous pleuré lorsque nous avons entendu cela, a témoigné un catholique. Notre évêque, dans de telles circonstances, continue à nous encourager, à avoir foi en Dieu et il se soucie de nous. Nous prions que Dieu le miséricordieux le protège et qu’il soit ferme dans la foi pour ne pas céder aux pressions. Nous espérons aussi qu’il pourra rentrer bientôt. »
Lors de sa précédente interpellation, qui avait duré du 11 au 16 septembre 2006 (1), les catholiques de Zhouzhi avaient été particulièrement choqués car la police n’avait pas hésité à user de violence contre l’évêque. Libéré après cinq jours de mise au secret, l’évêque avait dû être hospitalisé à la suite d’une légère commotion cérébrale. Lors de cette détention, Mgr Joseph Wu avait été contraint de rédiger une déclaration par laquelle il « reconnaissait » que son statut épiscopal était illégal du fait qu’il avait été ordonné sans avoir préalablement été élu à l’épiscopat ; il avait aussi dû écrire que sa direction des affaires diocésaines était menée en violation des règlements du gouvernement chinois sur les affaires religieuses. Enfin, au début de cette année, il a été accusé à tort d’avoir envoyé aux paroisses de Zhouzhi un message critique envers le gouvernement chinois.
Zhouzhi, qui compte environ 60 000 catholiques et une cinquantaine de prêtres, est le diocèse le plus important du Shaanxi.
(1) Voir EDA 447, 448