Voici les paroles adressées par Benoît XVI, samedi, aux membres du synode extraordinaire de l’Eglise syro-catholique.
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Béatitude,
Frères vénérés!
«Que la grâce et la paix soient avec vous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur» (1 Co 1, 3). Par ces paroles que l’Apôtre des nations adresse aux chrétiens de la communauté de Corinthe, je vous accueille et je vous salue tous, au terme de votre rencontre.
Le souci de toutes les Églises, conformément au mandat que le Christ a confié à l’Apôtre Pierre et à ses Successeurs, m’a poussé à convoquer votre Synode extraordinaire, qui a été présidé en mon nom par le Secrétaire d’État, le Cardinal Tarcisio Bertone, que je salue et que je remercie cordialement. Je souhaite remercier également Sa Béatitude et chacun d’entre vous pour votre participation active aux travaux du Synode et pour votre concours généreux à la solution des problèmes et des difficultés que rencontre depuis un certain temps la méritante Église syro-catholique.
En vous convoquant à cette assemblée extraordinaire, ma seule intention était de raviver toujours plus intensément les liens séculaires qui unissent votre Église au Siège apostolique et, en même temps, de vous manifester l’estime et le souci que nourrit l’Évêque de Rome pour chacun d’entre vous, Pasteurs d’une portion du Peuple de Dieu qui n’est pas grande mais qui est ancienne et significative. Mon salut va aussi à vos collaborateurs, en premier lieu aux prêtres et aux diacres, ainsi qu’à tous les membres de l’Église syro-catholique.
La liturgie du temps pascal, que nous sommes en train de vivre, nous invite à tourner notre regard et notre cœur vers l’événement fondamental de la foi chrétienne : la mort et la résurrection du Christ. Les Actes des Apôtres, que nous lisons ces jours-ci, nous présentent le cheminement de l’Église naissante, un cheminement qui n’est pas toujours facile, mais qui est riche de fruits apostoliques. Dès les origines, n’ont manqué ni l’hostilité ni les persécutions venues du dehors, ni les risques de tensions et d’oppositions à l’intérieur même des communautés. En dépit de ces ombres, et des difficultés de différents types auxquelles ont dû être confrontés les premiers chrétiens, la lumière éclatante de la foi de l’Église en Jésus Christ n’a pourtant jamais fait défaut. Dès ses premiers pas, l’Église, guidée par les Apôtres et par leurs collaborateurs, animée par un courage extraordinaire et par une force intérieure, a su conserver et faire grandir le trésor précieux de l’unité et de la communion, au delà des différences de personnes, de langues et de cultures.
Frères vénérés, alors que se termine le Synode extraordinaire auquel vous avez pris part, conscient des difficultés qui vous ont préoccupés durant toutes ces années et que vous cherchez à surmonter, je pense avec gratitude à mon vénéré Prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, qui vous était proche de tant de manières. Il vous a écoutés, il vous a rencontrés et, sans se lasser, il vous a exhortés à plusieurs reprises, notamment par sa lettre d’août 2003, à rechercher l’unité et la réconciliation, avec le concours de tous. Quant à moi, j’ai également poursuivi l’œuvre qu’il avait entreprise, par ma lettre d’octobre 2005, puisque je suis profondément convaincu qu’aujourd’hui, comme à l’aube du christianisme, chaque communauté est appelée à offrir un témoignage clair de fraternité. Il est émouvant de lire dans les Actes des Apôtres que «la multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme» (4, 32). C’est là, dans cet amour partagé qui est don de l’Esprit Saint, que se trouve le secret de l’efficacité apostolique.
En ces jours, chers et vénérés Frères, vous avez réfléchi aux moyens de surmonter les obstacles qui empêchent le déroulement normal de votre vie ecclésiale. Vous êtes bien conscients de ce qui est nécessaire et même indispensable. C’est le ministère que le Seigneur vous a confié dans son troupeau qui l’exige ; c’est le bien de l’Église syro-catholique qui l’exige. L’exigent aussi la situation particulière que vit le Moyen-Orient et le témoignage que dans leur unité les Églises catholiques peuvent donner. Que résonne dans vos cœurs l’exhortation empreinte de tristesse de Paul aux fidèles de Corinthe : «Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ à être tous vraiment d’accord ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensée et de sentiments» (1 Co 1, 10).
À notre époque, il y a tant de défis que doivent affronter les communautés chrétiennes dans toutes les parties du monde, alors que des dangers et des pièges nombreux risquent de masquer les valeurs de l’Évangile. En ce qui concerne votre Église, les violences et les conflits qui marquent une partie du troupeau qui vous est confié constituent des difficultés supplémentaires qui mettent encore plus en danger non seulement le fait de vivre ensemble en paix, mais la vie même des personnes. Dans ces situations, il importe que la Communauté ecclésiale syro-catholique puisse annoncer l’Évangile avec vigueur, promouvoir une pastorale adaptée aux défis de la post-modernité et offrir un exemple lumineux d’unité dans un monde morcelé et divisé.
Frères vénérés, le Concile œcuménique Vatican II souligne que les Églises orientales catholiques, en réponse à la prière du Christ ut unum sint, sont appelées à jouer un rôle particulier dans la promotion du chemin œcuménique, «par la prière avant tout, par l’exemple de leur vie, par leur religieuse fidélité aux antiques traditions orientales, par une meilleure connaissance mutuelle, par la collaboration et l’estime fraternelle des choses et des hommes» (Décret Orientalium Ecclesiarum, n. 24). Voilà un dernier élément qui, avec les exigences dictées par le dialogue interreligieux, ne peut que vous pousser à exercer avec confiance la mission apostolique que le Seigneur a confiée à votre Église. Hier précisément, la liturgie latine nous a donné à entendre l’émouvant épisode de la conversion de Paul sur le chemin de Damas. Vous aussi, vous êtes appelés aujourd’hui à poursuivre avec enthousiasme, avec confiance et avec persévérance l’action missionnaire de l’Apôtre Paul, suivant les traces de saint Ignace d’Antioche, de saint Éphrem et de vos autres saints Patrons.
Que Marie intercède toujours pour vous et qu’elle vous protège, elle que vous vénérez sous le titre de Notre-Dame de la Délivrance. Dans ces sentiments, je vous assure de mon plein soutien et de celui de mes collaborateurs, et je vous accorde, à vous qui êtes présents ici, Patriarche et membres de votre Saint-Synode, une particulière Bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous les fidèles de rite syro-catholique.
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