« Nous sommes en train de vivre un printemps de la fraternité chrétienne » (II)

Entretien avec le recteur de l’église grecque orthodoxe de Marseille

Share this Entry

ROME, Jeudi 25 janvier 2007 (ZENIT.org) – « Nous sommes en train de vivre des temps extraordinaires, un renouveau, un printemps de la fraternité chrétienne qui se révèle à travers l’action menée par les chefs des Eglises et notamment, je dirais même en premier, par sa sainteté le pape Benoît XVI ».

C’est ce qu’affirme le père Joachim Tsopanouglou, recteur de l’église grecque orthodoxe à Marseille, vicaire épiscopal chargé de la région du Midi, et membre orthodoxe de la commission internationale chargée d’élaborer les textes définitifs de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, dans cet entretien qu’il a accordé à Zenit. Nous publions ci-dessous la deuxième partie de cet entretien (pour la première partie, cf. Zenit du 24 janvier).

Zenit : Alors justement, ce souci d’unité entre les chrétiens, rendu visible par cette Semaine de Prière chaque année, comment les orthodoxes le vivent-ils le reste du temps ? En tant que responsable de communauté de fidèles, comment entretenez-vous, personnellement, ce souci ?

P. Tsopanoglou : Cette Semaine de l’Unité n’est pas une réflexion, c’est une prière. La préoccupation de l’unité est donc présente d’une manière permanente dans la liturgie orthodoxe. La troisième intention de toute prière communautaire est justement pour l’union de tous. Ce projet d’unité est inscrit depuis les origines dans l’esprit de la liturgie, de la prière de l’Eglise, concrètement. Il ne s’agit pas d’unité pour que les gens retrouvent leur orthodoxie ou l’orthodoxie concrète mais l’unité telle que Dieu la veut. A partir de là il y a une spiritualité de l’unité qui est inscrite chez chaque fidèle : aussi bien chez le moine au désert que la personne engagée dans la cité, qui a justement à nourrir, à travers l’appel de la spiritualité orthodoxe, le souci de l’unité. Autrement dit, ce n’est pas une affaire qui concerne uniquement les bureaux ecclésiastiques ou même des rencontres ponctuelles, mais c’est un souci permanent et quotidien parce que la liturgie orthodoxe a pour souci d’universaliser la personne, de l’ouvrir et donc de la rendre catholique. Et à travers la prière pour l’unité et le souci de l’autre, il y a une force d’ouverture qui est inscrite dans la spiritualité de l’Eglise chrétienne orthodoxe. Evidemment la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens vient nous faire découvrir le problème de la division. Mais le problème de la division ne peut être résolu que par un esprit d’unité, de communion, d’accueil, de réception et de don. Et cela fait vraiment partie de la spiritualité orthodoxe.

Zenit : Le pape Benoît XVI multiplie ses efforts pour promouvoir un œcuménisme spirituel. Comment perçoit-on chez les orthodoxes cet engagement du Saint-Père à mettre tout en œuvre pour faire avancer le mouvement œcuménique ?

P. Tsopanoglou : Le pape a pour l’instant surtout marqué l’Eglise par sa volonté d’aller à la rencontre et d’accueillir les autres, notamment les orthodoxes. A ce niveau-là, le Saint-Père a complètement réussi ses premiers pas dans sa charge pétrinienne. Nous constatons cela dans les premiers mois de son pontificat. Evidemment, il a permis aussi, par son insistance, que reprenne un dialogue théologique. Alors il ne faut pas opposer le dialogue spirituel, la spiritualité de l’unité, à la spiritualité de la vérité. Par ailleurs s’ajoute à la vérité et à la prière le souci d’unité et de vérité, et bien sûr nous sommes dans la bonne voie pour arriver à la pleine communion. Je pense que là nous sommes en train de vivre des temps extraordinaires, un renouveau, un printemps de la fraternité chrétienne qui se révèle à travers l’action menée par les chefs des Eglises et notamment, je dirais même en premier, par sa sainteté le pape Benoît XVI.

Zenit : Quels sont selon vous les prochaines étapes du dialogue entre orthodoxes et catholiques ?

P. Tsopanoglou : L’agenda œcuménique nous dit qu’entre orthodoxes et catholiques, il y aura une nouvelle réunion dans l’Italie du nord, après celle de l’an dernier de Belgrade. Cette réunion est très importante et tournera évidemment autour de l’idée de primauté dans l’Eglise.

Zenit : Comment voyez-vous évoluer, personnellement, le mouvement œcuménique en ce début de siècle. Avez-vous senti, durant la semaine de prière, qu’un nouveau climat de fraternité s’installait effectivement entre orthodoxes et catholiques ?

P. Tsopanoglou : J’ai senti qu’on était tout près d’une expérience concrète. Préparée sur le plan international, cette prière pour l’unité a également été préparée et vécue au niveau local à Marseille où nous venons de connaître l’une des plus belles rencontres de prière œcuménique. Nous avons senti beaucoup de recueillement autour de nous, beaucoup de charité, un esprit fraternel de rencontre qui s’est étendu au-delà des ministres, jusqu’aux fidèles qui, dans une grande cité comme Marseille, semblent ne pas s’ignorer les uns les autres et heureux de se retrouver dans un contexte très particulier comme peut l’être une Eglise arménienne et un culte arménien. Ça on l’a très bien senti. Il y avait ce « petit plus » qui constitue justement le ferment de l’unité. Je pense que c’est un climat mondial qui se reflète à travers une communauté concrète qui se retrouve nombreuse, plusieurs centaines, et animée d’un même élan commun et sous un même Esprit de Dieu. Ceci est très fort, car au-delà des frontières et des séparations des Eglises, cela veut dire que le temps se construit, l’Europe se construit, la fraternité chrétienne se construit. Depuis le 1er janvier nous accueillons des millions d’orthodoxes, les Roumains et les Bulgares. L’espace s’élargit, l’attente s’élargit, et la prière est bien le ciment, le ferment et le Don de Dieu. Cela, nous le sentons très bien.

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel