ROME, Lundi 4 décembre 2006 (ZENIT.org) – La visite de Benoît XVI au Patriarche œcuménique de Constantinople « a une valeur incalculable dans le processus de réconciliation », affirme Sa Sainteté Bartholomaios Ier.
Nous reprenons ci-dessous l’interview accordée à Salvatore Mazza, pour le quotidien italien « Avvenire », publiée le 1er décembre.
Q : Que pouvez-vous nous dire de cette journée ?
Bartholomaios I : Avant toute chose je dois dire que je suis vraiment très reconnaissant à Sa Sainteté pour cette visite qu’il a voulu nous rendre, le jour de la fête de saint André. C’est un pas en avant vraiment très significatif dans nos relations ; un pas accompli dans le cadre d’un voyage qui a apporté, dans son ensemble, une contribution, je crois, réellement importante au dialogue interreligieux.
Le pape et vous-même, vous êtes trouvés, en diverses occasions, en tête-à-tête, loin des caméras et des journalistes. Que vous êtes-vous dits ?
Bartholomaios I : Sa Sainteté a démontré sa bienveillance à l’égard du Patriarcat et à l’égard de ses problèmes, et nous lui sommes vraiment très reconnaissants pour cela. Ce fut une occasion pour faire davantage connaissance, également avec les cardinaux de sa suite, avec lesquels nous avons, je crois, créé une bonne amitié, et cela me semble également une chose très importante. Nous pouvons vraiment dire que la journée que nous avons vécue est une journée historique sous de nombreux aspects. Historique pour le dialogue œcuménique et, comme nous l’avons vu cet après-midi en suivant les activités du pape, historique pour la confrontation entre les cultures et entre les cultures et les religions. Et naturellement pour toutes ces raisons, historique aussi pour notre pays.
Q : Les discours de ce matin et la Déclaration commune que vous avez signée ont une grande portée et sont certainement exigeants. Avez-vous parlé aussi de l’avenir, des retombées des initiatives ?
Bartholomaios I : A ce sujet, je peux dire que j’ai parlé avec Sa Sainteté de quelque chose, quelque chose que nous pourrions faire. Je lui ai fait une proposition que je ne peux révéler pour le moment, étant donné que nous attendons une réponse officielle dans ce sens ; je peux toutefois dire que Sa Sainteté a montré un très grand intérêt et l’a accueillie avec plaisir. Espérons qu’elle puisse se réaliser, parce que cela va précisément dans le sens de la perspective du progrès œcuménique que nous sommes ensemble déterminés à poursuivre, comme nous l’avons affirmé et même écrit dans la Déclaration conjointe.
Pourquoi cette détermination ?
Bartholomaios I : L’unité est une responsabilité précieuse, mais dans le même temps une responsabilité difficile a assumer si elle n’est pas partagée entre les frères. L’histoire du dernier millénaire est un douloureux « memento » de cette réalité. Nous sommes profondément convaincus que la visite de Benoît XVI a une valeur incalculable dans le processus de réconciliation, d’autant plus qu’elle a eu lieu à un moment particulièrement difficile et dans des circonstances très délicates. Celle-ci nous offrira sans doute, avec l’aide de Dieu, l’occasion d’accomplir un pas en avant bénéfique dans le processus de réconciliation entre nos Eglises. Et peut-être, toujours avec l’aide de Dieu, nous offrira-t-elle l’opportunité de surmonter certaines des barrières d’incompréhension entre croyants de différentes religions, en particulier entre chrétiens et musulmans.
Q : Vous avez évoqué au début l’importance de cela également pour la Turquie. Pourquoi ?
Bartholomaios I : Se trouvant au carrefour entre l’Europe et l’Asie, cette ville et cette Eglise occupent une position vraiment unique pour favoriser une telle confrontation entre les civilisations modernes. D’une certaine manière, Istanbul est le lieu parfait pour mettre sur pied un centre permanent de dialogue entre les différentes fois et cultures.
