ROME, Vendredi 31 mars 2006 (ZENIT.org) – Le patrimoine de beauté de l’Eglise, constitue une « somme théologique vivante », fait observer le cardinal Paul Poupard, qui ajoute : « La sainteté de vie est le meilleur vecteur de la beauté divine », et invite à rein moins qu’une « culture de la sainteté ».
Le conseil pontifical de la Culture a en effet son assemblée plénière annuelle tenu les 27 et 28 mars au Vatican, sur le thème de « la voie de la Beauté » comme chemin d’évangélisation et de dialogue (« La Via pulchritudinis, Chemin d’évangélisation et de dialogue »).
« Le patrimoine de beauté de l’Eglise est comme une Summa théologique vivante qui appelle pour être lue et partagée, une authentique formation chrétienne, tant humaine que spirituelle », faisait observer le cardinal français à l’issue de l’assemblée qui a réuni des évêques des cinq continents.
Et d’insister sur la formation en indiquant cette tâche: « Il s’agit de former les futurs prêtres et les laïcs à être des éducateurs et non seulement des gestionnaires du patrimoine culturel de l’Église. Nous avons à donner vie à ce patrimoine pour le faire parler et lui donner de témoigner de la valeur de l’humanisme chrétien et de la culture qui en est issue ».
Il y a voit un chemin de dialogue : « Ce faisant, il est possible d’ouvrir un dialogue avec les non-croyants indifférents à la question de Dieu, mais croyants aux valeurs humaines : le patrimoine de beauté inscrit dans les arts, et plus particulièrement l’art sacré, montre comment l’homme trouve sa plénitude d’humanité en contemplant le mystère de Dieu, source de beauté irradiante et transformante pour l’homme créé à son image et à sa ressemblance ».
« Dieu nous communique de sa beauté par la grâce qui nous est donnée pour transfigurer nos vies de chrétiens et de pasteurs de l’Église. La sainteté de vie est le meilleur vecteur de la beauté divine. C’est dire l’urgence d’un profond renouveau dans l’Église par la recherche d’une véritable culture de la sainteté. La beauté du témoignage se fonde sur l’authenticité d’une vie toute dédiée à l’agapè divin, comme nous le voyons dans la beauté de la vie des saints, chemin de dialogue avec tous ceux qui ont vécu l’esprit des Béatitudes, sous l’inspiration et la conduite de l’Esprit Saint, comme en notre temps Jean-Paul II et Mère Teresa, aimés et respectés de tous, qu’ils ont aimés d’un amour universel ».
le cardinal Poupard voit dans ce chemin nouveau un remède à la sécularisation. Il explique en effet : « C’est là l’œuvre de l’évangélisation : donner à tous les hommes de contempler la splendeur du visage du Christ, le « beau pasteur », pour donner envie de marcher à sa suite. Or, et c’est là le grand défi qui nous préoccupe, un nombre important d’hommes et de femmes de notre temps ne perçoivent pas cette beauté. Les raisons en sont multiples, complexes, et parmi celles que nous avons relevées à plusieurs reprises, le défi de la sécularisation a été particulièrement mis en lumière, avec la question nouvelle : sommes-nous déjà dans une ère du « post-sécularisme », en particulier avec la nouvelle génération des jeunes ? »
Il suggérait : « Si ce thème retient votre attention, peut-être serait-il bon de le retenir pour notre prochaine Assemblée plénière. « Le phénomène de la sécularisation dans son rapport avec l’athéisme » était déjà le thème de l’Assemblée plénière du Secrétariat pour les non-croyants en mars 1971, voici déjà 35 ans ».
« A cette occasion, rappelait le cardinal Poupard, dans son discours aux Membres du Secrétariat, le Pape Paul VI affirmait : « Cette sécularisation, qui comporte une autonomie croissante du profane, est un fait marquant de nos civilisations occidentales. C’est dans cette situation qu’est apparu le sécularisme, comme système idéologique : non seulement il justifie ce fait, mais il le prend comme objectif, comme source, et comme norme de progrès humain, et il va jusqu’à revendiquer une autonomie absolue de l’homme devant son propre destin. » (18 mars 1971) ».
« Héritier du Secrétariat pour les non-croyants, le Conseil Pontifical de la Culture n’est-il pas, 35 ans plus tard, appelé à revenir à ce défi accru, devenu majeur en nos sociétés, favorisé par le relativisme et le scepticisme en des cultures désorientées et comme désorbitées par le phénomène croissant du multiculturalisme ? », interrogeait le cardinal Paul Poupard.