« La vie est un rêve ! » : Méditation du prédicateur de la Maison pontificale

Commentaire de l’évangile du dimanche 27 novembre

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ROME, Vendredi 25 novembre 2005 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous un commentaire de l’évangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Premier dimanche de l’Avent – 27 novembre 2005

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 13,33-37.

Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment.
Il en est comme d’un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller.
Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin.
Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis.
Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

© AELF

La vie est un rêve

En ce temps-là Jésus dit à ses disciples : « Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

Cette manière de parler de Jésus sous-entend une vision du monde bien précise : le temps présent est comme une longue nuit ; la vie que nous y menons ressemble à un rêve ; l’activité frénétique que nous réalisons est en réalité un rêve. Un écrivain espagnol du XVIIe siècle, Pedro Calderón de la Barca, a écrit une œuvre théâtrale célèbre sur ce thème : « La vie est un songe » (Vida es sueño).

Notre vie reflète surtout la brièveté du rêve. Le rêve se déroule en dehors du temps. Dans le rêve les choses ne durent pas comme dans la réalité. Des situations qui nécessiteraient des jours et des semaines, adviennent dans le rêve en quelques minutes. C’est une image de notre vie : lorsqu’on vieillit on regarde en arrière et on a l’impression que tout s’est passé en un clin d’œil.

Une autre caractéristique du rêve est son aspect irréel ou vain. On peut rêver d’être à un banquet et de manger et boire à satiété ; mais lorsqu’on se réveille, la faim est toujours là.
Un jour, un pauvre rêve qu’il est devenu riche : il exulte dans son rêve, il prend des airs importants, il méprise jusqu’à son propre père, faisant comme s’il ne le reconnaissait pas, mais au réveil, il se retrouve aussi pauvre qu’avant !

C’est ce qui se passe également lorsque l’on sort du rêve de cette vie. On peut avoir été très riche ici-bas mais à la mort on se retrouve exactement dans la situation de ce pauvre qui se réveille après avoir rêvé qu’il était riche. Que lui reste-t-il de toutes ses richesses s’il n’en a pas fait bon usage ? Rien.

Il y a une caractéristique du rêve qui ne s’applique pas à la vie : l’absence de responsabilité. Tu peux avoir tué ou volé dans ton rêve ; au réveil, il ne reste aucune trace de ta culpabilité ; ton casier judiciaire est toujours vierge. Dans la vie ce n’est pas ainsi, nous le savons bien. Ce que l’on fait dans la vie laisse des traces, et quelles traces ! Il est écrit en effet que « Dieu rendra à chacun selon ses œuvres » (Rm 2, 6).

Sur le plan physique il existe des substances qui « suscitent » et favorisent le sommeil ; ce sont les somnifères, que notre génération, malade d’insomnie, connaît bien. Sur le plan moral également, il existe un terrible somnifère. Il a pour nom l’habitude. L’habitude est comme un vampire. Le vampire – si l’on se base au moins sur ce que l’on croit – s’attaque aux personnes qui dorment et tout en leur suçant le sang il injecte en elles un liquide soporifique qui rend le sommeil encore plus agréable, si bien que le malheureux s’enfonce de plus en plus profondément dans le sommeil et le vampire peut sucer tout le sang qu’il veut. L’habitude au vice endort aussi la conscience. On ne sent même plus le remord, on est persuadé d’aller très bien et on ne se rend pas compte que l’on est en train de mourir spirituellement.

Le seul salut, lorsque ce « vampire » t’est tombé dessus, est que quelque chose vienne à l’improviste te tirer de ton sommeil. C’est ce que la parole de Dieu se propose de faire avec nous avec ces cris de réveil qu’elle nous fait entendre si fréquemment pendant l’Avent : « Veillez ! »

Nous terminons par une parole de Jésus qui nous ouvre le cœur à la confiance et à l’espérance : « Heureux ces serviteurs que le maître en arrivant trouvera en train de veiller ! En vérité je vous le dis, il se ceindra, les fera mettre à table et, passant de l’un à l’autre, il les servira ». (Lc 12, 37).

[Texte original : italien – Traduction réalisée par Zenit]

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ZENIT Staff

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