ROME, Lundi 24 octobre 2005 (ZENIT.org) –Le père Tomasso Kaczmarek, postulateur de la cause de béatification du père Jerzy Popieluszko estime que le procès de béatification de l’ancien aumônier du syndicat polonais « Solidarnosc » pourrait être terminé dans moins d’un an.
Le père Kaczmarek vient d’achever la « positio » (rapport) sur la cause de son martyre. Il s’agit d’un volume de 1100 pages qui décrit les faits de la vie de l’aumônier ainsi que les preuves « démontrant qu’il fut assassiné en haine de l’Eglise et de Dieu ».
La « positio » prouve sans aucun doute que « le père Jerzy mourut réconcilié avec Dieu et qu’il accepta les souffrances reçues ainsi que la mort violente dans un esprit d’amour », précise le postulateur. Selon lui, la béatification pourrait avoir lieu en juin 2006, à l’occasion de la visite de Benoît XVI en Pologne.
La « positio » sur le martyre sera remise au rapporteur, le père Hieronim Fokcinski, qui représente la Congrégation pour les Causes des saints. Celle-ci sera alors lue par sept consulteurs. Si leur avis est positif, le secrétaire de la Congrégation préparera un rapport sur l’état de la cause que le préfet présentera ensuite au pape.
Si le pape donne son accord, le décret sur les vertus héroïques du serviteur de Dieu sera lu lors du consistoire. Dans le cas d’une cause de martyre, cela signifie que le serviteur de Dieu pourrait alors être proclamé bienheureux. Dans le cas des martyres, en effet, la reconnaissance d’un miracle attribué à l’intercession du serviteur de Dieu n’est pas nécessaire.
Commentant l’évolution du procès de béatification de l’aumônier de Solidarnosc, le postulateur a précisé que la date de béatification dépendra du travail des consulteurs, mais que ceux-ci traiteront la cause du P. Popieluszko « en priorité ».
Le procès diocésain n’a duré que 4 ans et s’est terminé le 8 février 2001. La phase romaine a commencé le 3 mai 2001.
L’aumônier de Solidarnosc est mort à l’âge de 37 ans. C’était l’époque de la loi martiale imposée par le général Wojciech Jaruzelski. Le père Jerzy Popieluszko célébrait des messes pour la patrie dans l’église Saint Stanislas de Kostka, à Varsovie-Zoliborz. De plus en plus de fidèles venaient y participer. Pour le régime, le jeune prêtre était un fanatique, un exemple de cléricalisme militant ; pour les fidèles en revanche, c’était un pasteur sage et courageux, convaincu qu’il devait vaincre le mal par le bien.
Le 19 octobre 1984 le père Popieluszko fut arrêté et assassiné par trois agents des services secrets qui, après l’avoir roué de coups, le jetèrent dans les eaux gelées de la Vistule. La nouvelle de l’arrestation du prêtre polonais a été donnée par son chauffeur, Waldemar Chrostowski, qui avait réussi à sauter du véhicule des kidnappeurs et à se cacher dans un bois.
Pendant plusieurs jours, aucune nouvelle ne fut donnée sur le sort du père Popieluszko, jusqu’à ce que le 27 octobre, le capitaine Grzegorz Piotrowski déclare : « C’est moi qui l’ai tué, de mes propres mains ».
Le corps de l’aumônier fut retrouvé dans un lac artificiel formé par le barrage de Wloclawek, à une centaine de kilomètres au nord de Varsovie. La nouvelle eut un impact impressionnant mais le peuple polonais y fit face sans céder à la colère ou à la violence, se souvenant des paroles que le père Jerzy aimait répéter : « Nous devons vaincre le mal par le bien ».
Ceux qui ordonnèrent ce crime, raconté dans les moindres détails par les assassins, au cours d’un procès dramatique, ne furent jamais jugés. Les accusés furent condamnés, mais leur peine fut ensuite réduite. Tous sont déjà sortis de prison.
La tombe du père Popieluszko, située à Varsovie près de l’église où il célébrait les messes pour la patrie, est devenue un lieu de pèlerinage où se sont déjà rendues des millions de personnes qui le vénèrent comme témoin de la résistance morale et spirituelle du peuple polonais.
Le 18 octobre, une messe offerte pour sa béatification a été célébrée à Wloclawek, là où son corps fut retrouvé. Le lendemain, le cardinal Jozef Glemp, primat de Pologne, a présidé une messe solennelle dans l’église Saint Stanislas de Kostka à Varsovie.