Interventions au Synode des évêques lundi matin 10 octobre

ROME, Mardi 11 octobre 2005 (ZENIT.org).- Nous publions ci-dessous les résumés des interventions des pères du synode qui ont pris la parole lundi matin 10 octobre, lors de la onzième congrégation générale.

Share this Entry

* * *

– S.Em. Le Card. Lubomyr HUSAR, M.S.U., Archevêque Majeur de Lviv des Ukrainiens, Président du Synode de l’Église Gréco-Catholique d’Ukraine (Kiev-Halych, UKRAINE)
– S. Exc. Mgr. Evarist PINTO, Archevêque de Karachi (PAKISTAN)
– Très Rév. P. Barry FISCHER, C.PP.S., Modérateur Général des Missionnaires du Très Précieux Sang
– S.Em. Le Card. Varkey VITHAYATHIL, C.SS.R., Archevêque Majeur d’Ernakulam-Angamaly des Syro-Malabars, Président du Synode de l’Église Syro-Malabare (INDE)
– S. Exc. Mgr. Tharcisse TSHIBANGU TSHISHIKU, Évêque de Mbujimayi (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– S.Em. le Card. Crescenzio SEPE, Préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples (CITÉ DU VATICAN)
– S. Exc. Mgr. Djura DŽUDŽAR, Évêque titulaire d’Acrasso, Exarque Apostolique de Serbie et Monténégro pour les catholiques de rite byzantin (SERBIE ET MONTÉNÉGRO)
– S. Exc. Mgr. Bosco LIN CHI-NAN, Évêque de Tainan (CHINE)
– S. Exc. Mgr. Christopher Henry TOOHEY, Évêque de Wilcannia-Forbes (AUSTRALIE)
– S. Exc. Mgr. Petru GHERGHEL, Évêque de Iaşi (ROUMANIE)
– S. Exc. Mgr. Gabriel MALZAIRE, Évêque de Roseau (REPUBLIQUE DOMINICAINE)
– S. Exc. Mgr. John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d’Abuja, Président de la Conférence Épiscopale, Président du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (S.E.C.A.M.) (NIGÉRIA)
– R.P. Peter-Hans KOLVENBACH, S.I., Préposé Général de la Compagnie de Jésus (PAYS-BAS)
– S. Exc. Mgr. Oswald GRACIAS, Archevêque d’Agra, Président de la Conférence Épiscopale (INDE)
– S.Em. Le Card. Pedro RUBIANO SÁENZ, Archevêque de Bogotá (COLOMBIE)
– S.Em. le Card. Jozef TOMKO, Président du Comité Pontifical pour les Congrès Eucharistiques Internationaux (CITÉ DU VATICAN)
– S. Exc. Mgr. Jean-Louis BRUGUÈS, O.P., Évêque d’Angers (FRANCE)
– S. Exc. Mgr. Francesco CACUCCI, Archevêque de Bari-Bitonto (ITALIE)
– S. Exc. Mgr. George Cosmas Zumaire LUNGU, Évêque de Chipata (ZAMBIE)
– S. Exc. Mgr. Luis SÁINZ HINOJOSA, O.F.M., Archevêque titulaire de Giunca di Mauritania, Évêque auxiliaire de Cochabamba (BOLIVIE)
– S. Exc. Mgr. Menghisteab TESFAMARIAM, M.C.C.I., Évêque d’Asmara (ÉRYTHRÉE)
– S. Exc. Mgr. Jean-Baptiste TIAMA, Évêque de Sikasso (MALI)

* * *

– S.Em. Le Card. Lubomyr HUSAR, M.S.U., Archevêque Majeur de Lviv des Ukrainiens, Président du Synode de l’Église Gréco-Catholique d’Ukraine (Kiev-Halych, UKRAINE)

Je tiens, tout d’abord, à exprimer ma reconnaissance au Secrétaire Général et à la Commission préparatoire pour avoir tenu compte des observations formulées par les Églises Orientales tant dans les Lineamenta que dans l’Instrumentum laboris.
Je voudrais aussi intervenir sur la pratique eucharistique (nos 22, 23, 24) dans la Tradition de l’Église ukrainienne gréco-catholique, mais, comme je souhaite concentrer mon intervention sur une autre question, je traiterai cet aspect dans la partie in scriptis.
Le problème que je me pose en tant que Dignitaire d’une Église orientale sui iuris se réfère aux nos 85, 86 et 87 de l’Instrumentum laboris. Je m’exprime en termes interrogatifs. Mon point de départ est qu’il ne peut subsister aucun doute sur le fait que l’Eucharistie est source et sommet de la vie et de la mission de l’Église. Mais cela est vrai également pour les Églises orthodoxes!
– Si la Liturgie est regula fidei (lex orandi, lex credendi),
– si la Divine Liturgie célébrée, et par les Églises orientales en communion avec le Siège de Rome, et par les Églises orthodoxes ou apostoliques, est exactement la même,
– si la reconnaissance de la Succession Apostolique des Évêques et, par conséquent, des prêtres qui la célèbrent, est réciproque,
alors ma question est la suivante: que faut-il de plus pour l’unité?
Existe-t-il, peut-être, une autre fons ou un autre culmen plus grands que l’Eucharistie?
Et s’il n’en existe pas d’autre, pourquoi la concélébration n’est-elle pas permise?
Une proposition finale. Pour croître également dans la communion inter-ecclésiale catholique, je voudrais proposer que le prochain Synode soit justement consacré aux Églises orientales.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr. Evarist PINTO, Archevêque de Karachi (PAKISTAN)

Je représente ici la Conférence des Évêques catholiques du Pakistan. Notre Église est petite et compte 1,3 millions de Catholiques parmi les musulmans, qui eux représentent 98% de la population.
L’Eucharistie est une source de force et une nourriture pour les Catholiques. Ils aiment la Parole de Dieu. Ils écoutent la musique sacrée. Ils aiment chanter les Psaumes dans leur langue maternelle.
Le prêtre ne peut pas toujours célébrer l’Eucharistie en raison de la dimension des paroisses et du grand nombre de lieux de culte. Dans les zones rurales, la situation est encore plus grave. Les Catholiques sont dispersés loin des villages.
J’avance deux recommandations:
1. L’inculturation:
Souvent, les rites ne sont pas compris par les personnes simples. Nous devons découvrir les “‘semences’ de la Sagesse divine” présentes parmi les personnes (Ecclesia in Asia, n°20).
2. De nouvelles formes de Ministère:
Nos catéchistes réalisent un travail pastoral digne d’éloges. Mais nous avons besoin d’autres travailleurs pastoraux, de diacres mariés, d’assistants pastoraux et d’autres formes de ministère.

[Texte original: anglais]

– Très Rév. P. Barry FISCHER, C.PP.S., Modérateur Général des Missionnaires du Très Précieux Sang

“La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ?” (1Co 10, 16). Par ces mots, saint Paul nous rappelle le cercle de communion qui se crée avec la participation à l’Eucharistie.
Par le partage du calice au cours de l’Eucharistie, Dieu nous invite à renouveler le rapport d’alliance avec Lui, fondement de tout autre rapport. En effet, la réconciliation est vraiment un don de Dieu “qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation … Nous sommes donc en ambassade pour le Christ; c’est comme si Dieu exhortait par nous” (2Co 5, 18-20).
L’objectif de ce ministère de réconciliation est de dépasser la haine, l’injustice et la division. Mais son but ultime est d’apporter la paix, la paix que le Christ nous a obtenu par le sang de sa croix (cf. Col 1, 20), la paix qui réconcilie toute chose dans le Christ.
La communion qui se réalise dans le Sang réconciliateur du Christ nous donne la force de devenir constructeurs de ponts, hérauts de la vérité, baumes pour les blessures. Notre “amen” quand nous recevons la communion, affirme non seulement la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie; il nous incite à être pain rompu et sang versé pour la vie du monde. Nous devenons vraiment des “calices vivants” qui portent le précieux Sang du Christ, ce saint baume, à ceux qui ont besoin de celui qui guérit leurs fractures, qui souffrent des blessures de leur pauvreté, qui sont abandonnés mourants au bord de la route, raillés et opprimés par le préjudice, le racisme et la guerre. En tant qu’“ambassadeurs de la réconciliation” (cf. 2Co 5, 20), nous offrons le Sang du Christ à un monde qui a soif d’harmonie avec Dieu, avec l’humanité et avec la création tout entière. Le Sang du Christ apaise la soif de cette communion dans laquelle des peuples très différents peuvent se rencontrer dans une unité profonde et durable, et nous exhorte à constituer des communautés eucharistiques qui embrassent même ceux qui sont loins, séparés ou exclus. La participation à l’Eucharistie nous renforce et nous pousse à rêver une histoire différente, à construire un monde nouveau, un monde qui se conforme au projet de Dieu pour l’hum
anité tel qu’il nous a été révélé dans la vie, mort et résurrection de Jésus-Christ.

[Texte original: anglais]

– S.Em. Le Card. Varkey VITHAYATHIL, C.SS.R., Archevêque Majeur d’Ernakulam-Angamaly des Syro-Malabars, Président du Synode de l’Église Syro-Malabare (INDE)

L’Eucharistie nous donne un grand pouvoir: celui d’annoncer l’Évangile dans le monde entier. L’Église syro-malabare est une communauté centrée sur l’Eucharistie. Les églises paroissiales sont bondées les dimanches et nombreux sont ceux qui participent à l’Eucharistie également au cours de la semaine. C’est peut-être pour cela que notre Église est bénie par tant de vocations au sacerdoce et à la vie religieuse.
Je suis heureux de constater qu’un bon nombre de personnel missionnaire faisant partie des missions diocésaines en Inde, y compris dans nombreux diocèses de rite latin, provient de l’Église syro-malabare et que nous envoyons des prêtres et des religieux en Afrique, en Amérique du Sud et du Nord, en Europe et en Océanie. Mais, depuis plus de cents ans, la limitation territoriale de cette Église a créé de sérieux problèmes tant à son activité missionnaire qu’à la pastorale de ses fidèles en Inde et à l’étranger. Les Chrétiens de Saint Thomas de l’Église syro-malabare ont une dévotion extraordinaire pour la Bienheureuse Vierge Mère. Son attitude qui consiste à toujours faire la volonté de Dieu, son humble service en faveur de ceux qui sont dans le besoin et sa manière radicale d’être disciple jusqu’aux pieds de la croix, tout cela nous pousse à nous consacrer à la construction d’une société meilleure, fondée sur la justice et la paix.
Enfin, je considère que l’Année de l’Eucharistie, dont ce Synode constitue l’étape finale, est un don de Dieu pour nous tous afin de nous consacrer à nouveau au Seigneur eucharistique et à son mandat missionnaire.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr. Tharcisse TSHIBANGU TSHISHIKU, Évêque de Mbujimayi (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

I. EUCHARISTIE, ÉDIFICATION DE L’ÉGLISE, INCULTURATION ET RITES LITURGI QUES
L’Eucharistie, comme y insiste beaucoup à raison le Pape Benoît XVI, est vraiment au centre, et elle constitue le grand fondement visible de la permanence et de la continuité de la Foi et de la Vie de l’Eglise. C’est autour des lieux de la célébration de l’Eucharistie et de tous les autres Sacrements chrétiens, que s’édifie l’Eglise et s’organisent les différentes structures et les différents ministères au bénéfice du Peuple de Dieu.
Par l’Eucharistie, plus particulièrement donc s’engagent les efforts d’Inculturation nécessaire et indispensable. C’est ici, comme au sujet d’autres faits et données doctrinales de la révélation surnaturelle, qu’intervient l’opportunité et la nécessité de mener et de poursuivre, dans chaque zone ou région socioculturelle, – au sens de AD GENTES n°22 -, les recherches et études théologiques pertinentes, en vue de mettre au point et à disposition, les expressions catéchétiques les plus adéquates.
Le cadre de la célébration de l’Eucharistie est celui de la liturgie. Ici, de nouveaux efforts missionnaires sont encore à faire et à poursuivre. Suite à Vatican II, les chrétiens d’Afrique ont eu, comme ceux des autres parties ou régions de la catholicité, à vivre le choc du passage du rite universel dit de la liturgie ou messe de Pie V, au rite promulgué par Paul VI.
Par la suite, des possibilités d’intégration d’éléments nouveaux spécifiques ont été ouverts, jusqu’à la promulgation officielle, notamment du Rite appelé «Rite Romain de la Messe pour les Diocèses du Zaïre», publié par Jean-Paul II en 1988, et communément appelé «Rite Zaïrois de la Messe».
Aujourd’hui, près de vingt ans après, le besoin est ressenti partout en Afrique, et à commencer par l’Église de la R.D.du Congo, d’évaluer l’évolution de la pratique, afin d’améliorer encore la manière d’exécuter le rite comme il convient vraiment, et d’éviter des dérives, légères ou plus ou moins préoccupantes, qui sont déjà notées ici et là.
II. IMPLICATIONS SOCIALES DE L’EUCHARISTIE DANS LE MONDE GLOBALISÉ D’AUJOURD’HUI
Le monde globalisé d’aujourd’hui est plein de promesses positives pour tous. Mais il comporte aussi beaucoup d’aspects et d’effets très négatifs, défavorables aux pays de l’hémisphère sud en général, et particulièrement de l’Afrique, continent reconnu par tous comme le plus «mondialisé» par rapport aux autres.
III. THÈMES POUR LE PROCHAIN « SYNODE AFRICAIN»
À l’occasion de la célébration du Synode Africain (Synode Spécial pour l’Afrique), déjà annoncé par le Pape Benoît XVI, les questions très importantes comme les suivantes, devraient figurer à l’ordre du jour:
– Inculturation du culte divin et Liturgie en Afrique
– Contexte général actuel de la «Mondialisation» et Mission de l’Église
– Solidarité inter-ecclésiale. Échanges et entraides.
– Situation et avenir des Instituts Missionnaires et des Congrégations Religieuses.
– Développement général de l’Afrique et engagements de l’Église.
– Défis de la Mission et voies de recherche théologique en Afrique
CONCLUSION
Que cette XIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques puisse contribuer à renouveler et renforcer l’élan missionnaire de l’Eglise.

[Texte original: français]

– S.Em. le Card. Crescenzio SEPE, Préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples (CITÉ DU VATICAN)

En référence à ce qui a été exposé au chapitre 2 de la IVème Partie de l’Instrumentum Laboris, il est à mon avis opportun de traiter le sujet d’une manière plus organisée et plus logique afin de préciser la distinction entre l’Évangélisation “ad Gentes” et l’Évangélisation de ceux qui ont abandonné la foi. Il est vrai que l’évangélisation est unique dans son contenu, mais elle se diversifie en fonction de ses destinataires.
Plusieurs passages de l’Instrumentum Laboris pourraient être expliqués, par exemple, en disant clairement que, aujourd’hui, près de 5 milliards de personnes ne connaissent pas Jésus-Christ et ne peuvent donc pas se nourrir de Son Corps et de Son Sang. L’Église a le droit et le devoir de leur apporter, à eux aussi, le pain de la vie et la coupe du Salut.
Dans ce but, il est nécessaire que la doctrine eucharistique soit offerte aux non chrétiens dans sa vérité intégrale, sans céder aux “modes culturelles” qui mèneraient à cette dérive herméneutique au travers de laquelle l’Eucharistie perdrait sa dimension mystique et réelle pour devenir une variante de cette anthropologie culturelle qui relativise la personne même du Christ.
Grâce à la force de l’Esprit Saint, le missionnaire saura, encore aujourd’hui, implanter l’Église auprès des peuples et les nourrir du Pain de la Vie, donné à tous.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr. Djura DŽUDŽAR, Évêque titulaire d’Acrasso, Exarque Apostolique de Serbie et Monténégro pour les catholiques de rite byzantin (SERBIE ET MONTÉNÉGRO)

Je me référerai au quatrième chapitre de l’Instrumentum Laboris: “Eucharistie et inculturation” (nos 80 et 81), “Eucharistie et oecuménisme (n° 86), “Eucharistie et intercommunion” (n° 87).
L’inculturation.
La fréquentation constante entre les Églises d’Orient et d’Occident mène à une confrontation entre les deux traditions liturgiques chrétiennes. La liturgie orientale est “accusée” d’être incompréhensible et archaïque, on dit que ses célébrations sont “alourdies”, mais c’est à juste titre qu’elle sont considérées comme très prenantes et mystiques. À la simplification latine, on impute en revanche un “appauvrissement liturgique”.
Pour que nos célébrations puissent être un signe de reconnaissance et d’identité pour les non-catholiques, il f
aut insister sur la formation de toutes les catégories du peuple de Dieu, en donnant la priorité aux instituts d’éducation, aux prêtres liturgistes, aux diacres, aux animateurs et aux servants d’autel. En un mot, il faut qu’elles soient précédées d’une pastorale régulière d’une catéchèse liturgique ordinaire adéquate.
Eucharistie et oecuménisme.
Les célébrations communes peuvent devenir un message fort dans le quotidien . Mais il faut des bases claires, indiquant jusqu’où il est possible d’aller dans le domaine liturgique avec les Églises et les communautés chrétiennes qui forment la mosaïque oecuménique. C’est pourquoi nous proposons un guide liturgique qui aide à ce que la communion – non encore atteinte – soit invoquée dans la prière, et non pas considérée comme allant de soi et même comme un “instrument” du dialogue.
Eucharistie et intercommunion.
Je souligne deux embûches possibles: les préjugés, comme premier danger, et le relativisme. Ici aussi, nous demandons la clarté et la vérité; l’ouverture, mais sans renoncer à notre identité. Dans ce cas aussi, l’Eucharistie ne peut pas être un moyen pour arriver à la communion, ni un moyen pour édifier une communauté humaine non mieux définie. L’Eucharistie n’est pas non plus un point de départ. C’est le mystère du Christ qui, dans le don de l’Eucharistie nous donne son Corps. C’est un don fait à ceux qui appartiennent au Christ et qui doivent devenir saints et donc aussi, en vertu de cette préoccupation fondamentale, ferment d’unité dans l’Église et dans le monde.
La demande la plus urgente que nous faisons à ce Synode: revisiter le mystère eucharistique par rapport aux autres sacrements, et surtout par rapport au caractère sacramentel du mariage en cas de mariages mixtes, et proposer des orientations générales que les évêques concernés se chargeront d’adapter au contexte local. C’est un défi qui à notre avis touche des régions de plus en plus vastes, et de façon particulière le continent européen.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr. Bosco LIN CHI-NAN, Évêque de Tainan (CHINE)

Aujourd’hui, notre foi est soumise à de très grandes difficultés, tant internes qu’externes, et liées tant à la pastorale qu’à l’évangélisation. Au début de ce troisième millénaire, nous devons de tout notre coeur et avec toutes nos forces surmonter ces difficultés. Le Pape Jean-Paul II nous a proposé: 1. En notre époque, il faut éveiller, chez les personnes, l’esprit d’évangélisation et leur prêcher Jésus-Christ – unique Sauveur. 2. L’Église, réunie autour du Sacrement de l’autel, peut comprendre davantage son origine et sa mission. L’Église, Une, Sainte, Catholique et Apostolique, réunie autour du Sacrement de l’Eucharistie, devient famille et Peuple de Dieu.
1. Du Sacrement de l’Eucharistie on puise la force pour promouvoir la mission d’Évangélisation.
En cette année consacrée à l’Eucharistie, le Culte qui lui est rendu de la part de l’Église de Taïwan tout entière a créé un vaste mouvement: la prédication des prêtres le dimanche, l’exposition du Très Saint Sacrement, l’Heure Sainte, etc.; il a réveillé la ferveur des fidèles pour le Très Saint Sacrement, les fidèles en Christ reçoivent la force pour aller annoncer l’Évangile à leurs prochains. Un grand nombre d’adultes ont été baptisés. Nous espérons que la conclusion de l’Année Eucharistique ne représente pas un terme, mais bien au contraire un commencement.
2. L’Eucharistie est Sacrement d’union et de communion.
Le peuple chinois est en croissance, tout comme les catholiques. Nous ne devons nous préoccuper que d’un seul fait: le manque de liberté religieuse, en fonction duquel l’Église court le risque de se diviser.
Nous devons prier de tout notre coeur pour que nous soyons un seul corps, un seul esprit, de la même façon que nous avons été appelés à édifier le corps de Jésus-Christ notre Seigneur.
3. L’Eucharistie est source et sommet de l’Église et de la vie spirituelle des fidèles. Il faut promouvoir et diffuser le catéchisme relatif à la Très Sainte Eucharistie, afin que tous les fidèles connaissent la relation, l’union et la communion qu’ils ont avec l’Eucharistie, et afin qu’ils accomplissent la sainte mission, “Allez et prêchez l’Évangile”, de manière à atteindre le but, c’est-à-dire un seul troupeau et un seul berger.

[Texte original: latin]

– S. Exc. Mgr. Christopher Henry TOOHEY, Évêque de Wilcannia-Forbes (AUSTRALIE)

Prenez en considération le fait que le Créateur de l’Univers a assumé une nature humaine, qu’il est né d’une Vierge, qu’il a eu (et a encore) un corps humain et une âme humaine, qu’il a vécu, est mort et est ressuscité sur cette petite planète que nous appelons Terre. Il a fait tout cela pour nous et pour notre salut. Et sa présence reste avec nous, substantielle et vraie, dans l’Eucharistie. Ce Mystère bouleverse notre esprit et va au-delà de notre pleine compréhension. Mais le coeur humain peut le connaître et l’aimer et l’accepter en toute humilité dans l’acte de la conversion.
Nous savons que l’Eucharistie est le gage de fidélité et d’amour du Père envers l’humanité. Notre foi est audacieuse et profonde dans sa vision. C’est un don que Dieu nous a fait. Nous, qui l’enseignons, nous devons refléter sa stupéfiante beauté dans la manière dont nous parlons de l’Eucharistie, dans la manière dont nous célébrons le rituel de l’Eucharistie, et dans la manière dont nous vivons l’Eucharistie.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr. Petru GHERGHEL, Évêque de Iaşi (ROUMANIE)

Le “Demeurez en moi” du Christ (Jn 15, 4) a garanti, depuis le début, la vitalité et la force des premières communautés chrétiennes, réunies dans la célébration de l’Eucharistie. Sa présence vivante et tout à la fois sacramentelle est la garantie sûre d’une continuité et d’une croissance qui ne pourront jamais cesser, malgré les difficultés de l’histoire avec ses idéologies et ses persécutions. Les nombreux témoignages des célébrations eucharistiques célébrées dans les catacombes de tous les temps et lieux, en sont la preuve évidente. Même si de manière partielle, j’ai été le témoin direct de nombre d’actes héroïques durant les décennies de communisme totalitaire. J’ai connu des évêques et des prêtres qui sont parvenus, grâce à une imagination presque inconcevable, à consacrer et à conserver, jusque dans leurs cellules, le Saint Pain Eucharistique. Au cours de la longue période communiste, le seul lieu où les fidèles pouvaient alimenter le courage de leur foi était l’église. La célébration de l’Eucharistie était tout à la fois un moment d’évangélisation, de catéchèse et de communion avec Dieu et avec les frères.
Les changements de 1989 ont ouvert les portes à de nombreuses valeurs en condition de liberté mais la liberté mal comprise mène à la dégradation des moeurs dans la vie sociale, au sein de la famille, et parfois même à s’éloigner de la foi. Grâce à Dieu, des tendances de ce genre n’ont pas envahi nos églises catholiques, dans lesquelles le respect et l’amour pour l’Eucharistie sont encore plus forts que par le passé. La participation à la Messe dominicale est plutôt élevée et peut-être davantage motivée.
Je suggère une proposition afin d’augmenter le respect envers l’Eucharistie. Me référant à la tradition orientale, à la richesse de ce témoignage et à l’intention d’un échange de dons entre nos Églises, je propose d’utiliser également pour la Sainte Messe la dénomination de “Sainte et Divine Liturgie”, à côté de la dénomination latine, déjà en usage mais peu précise. C’est un titre qui suggère plus fortement le sacré et invite au recueillement, à la stupeur, au silence, à l’adora
tion.
Enfin, un appel: conservons, dans la structure de nos églises, la place la plus visible pour le Tabernacle, pour que nos églises ne risquent pas de devenir de beaux coquillages dont on ne cherche pas le locataire.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr. Gabriel MALZAIRE, Évêque de Roseau (REPUBLIQUE DOMINICAINE)

La Conférence épiscopale des Antilles regroupe la Guyane française et le Surinam sur le continent sud-américain, l’ensemble des Antilles britanniques, françaises, allemandes et le Belize. Dans chacun de ces diocèses, l’esprit catholique dépend fortement de la nation européenne qui les a colonisés. Récemment, la présence du Mouvement Évangélique provenant des États-Unis, a pénétré tant la culture catholique que la culture protestante des Antilles, affectant ainsi leur manière de prier et d’être Église.
Dans certains diocèses, qui sont surtout protestants et/ou fortement influencés par la culture évangélique, les fidèles ont parfois du mal à comprendre la différence entre la Messe et la dévotion non catholique. Pour les catholiques pratiquants, l’Eucharistie est très importante en vue de la croissance de leur foi.
Une formation systématique des enfants et des jeunes qui se préparent à la première Communion et à la Confirmation à propos de l’Eucharistie est extrêmement importante.
De grands efforts sont entrepris afin d’assurer que la célébration de l’Eucharistie soit faite avec dignité, décorum et une participation authentique des fidèles.
Aux Caraïbes, la conscience d’un besoin d’inculturation de la liturgie augmente. De nombreux fidèles s’opposent à ce que le geste de paix se réduise à une poignée de main. Ils souhaiteraient une expression plus forte de fraternité, comme une accolade.
Le sacrement de la Pénitence ne fait plus partie de la vie spirituelle ordinaire pour un nombre toujours plus important de catholiques.
Pour de nombreux fidèles, la communion mène à la sainteté personnelle, à une transformation des comportements et provoque un sens de responsabilité envers les besoins des autres. Toutefois, pour beaucoup, il existe une discordance entre la foi qu’ils professent et leur manière de vivre.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr. John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d’Abuja, Président de la Conférence Épiscopale, Président du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (S.E.C.A.M.) (NIGÉRIA)

Mon intervention est un hymne de remerciement et de louange à Dieu pour les grandes bénédictions que le peuple d’Afrique a reçues durant la période post-conciliaire, à travers la participation “active, consciente, féconde” et joyeuse à l’Eucharistie, célébrée dans la richesse de nos expressions culturelles. Je me réfère particulièrement aux nos 80 et 81 de l’Instrumentum laboris, sous le titre: “Eucharistie et Inculturation”.
L’I.L. exprime à maintes reprises des avertissements, une certaine prudence, et même parfois une inquiétude pour les erreurs, les exagérations et les expérimentations hasardeuses en ce domaine. Sans aucun doute, ces réserves sont indiquées avec raison, et elles devraient être prises très au sérieux. Mais dans l’ensemble, comme il est précisé au n° 34 de l’IL, “elles ne doivent pas créer de faux alarmismes”. Bien au contraire, nous devrions nous réjouir pour les choses merveilleuses accomplies par l’Esprit au sein de nos Églises locales. Dans toute l’Afrique, au cours des quarante dernières années, de très belles célébrations eucharistiques ont fait leur apparition; elles ont approfondi la foi des fidèles, amélioré la qualité de leur participation, intensifié l’amour pour le sacerdoce, donné joie et espérance au milieu du découragement et du désespoir, stimulé la relation oecuménique et, en général, favorisé l’évangélisation.
L’Eucharistie mérite – et elle est en train de le recevoir – ce que nos cultures ont de meilleur. Nous ne pourrions pas offrir quelque chose de mieux, en termes d’architecture, que les cathédrales majestueuses d’Europe, ou en termes de peinture, que les oeuvres splendides de Michel-Ange et de Léonard de Vinci. Mais ce que nous avons, nous sommes heureux de le donner: nos chants et nos poèmes, le roulement de nos tambours et le rythme de nos danses, tout pour la gloire de Dieu.
Nous nous engageons à reconnaître et à faire nôtre le riche héritage des traditions eucharistiques des différents rites anciens tant de l’Est que de l’Ouest. Je pense qu’elles sont le produit d’une inculturation qui a eu lieu il y a de nombreux siècles sous la conduite du Saint-Esprit. Ce même Esprit ne s’est pas reposé. “Le processus d’inculturation est encore vivant dans les communautés ecclésiales actuelles” (IL 80).
Je voudrais conclure en rappelant le doux souvenir de notre cher Pape Jean-Paul II, dont l’amour, le respect et l’admiration pour nos efforts visant à l’inculturation de l’Eucharistie étaient évidents et vivants, non seulement dans les célébrations liturgiques qui ont eu lieu dans plusieurs pays d’Afrique, lors de ses nombreuses visites, mais également ici, à maintes occasions, dans cette Basilique de Saint-Pierre.
Les problèmes de l’Afrique sont nombreux. Mais, au moins dans ce cas, nous sommes heureux que le Très Haut ait fait de grandes choses pour nous. Saint est son nom. Amen.

[Texte original: anglais]

– R.P. Peter-Hans KOLVENBACH, S.I., Préposé Général de la Compagnie de Jésus (PAYS BAS)

La redécouverte de la notion tridentine de représentation sacramentelle effectuée par Odo Casel, qui a été récemment intégrée et fondée sur le plan biblique, ouvre des horizons prometteurs pour le dialogue entre les Catholiques et les Réformés. Au lieu de dire que la Messe est renouvellement du sacrifice de la Croix, aujourd’hui, nous disons plus exactement que la Messe est le renouvellement du mémorial du sacrifice de la Croix. La Messe est en effet le sacrifice sacramentel, c’est-à-dire le sacrement de ce sacrifice, notre représentation sacramentelle de l’unique sacrifice.
La limite qui a opposé, au cours du deuxième millénaire, les théologies catholique et orthodoxe a consisté à analyser la transformation eucharistique sur la base de la notion de temps physique, en la faisant dépendre exclusivement soit de l’instant auquel sont prononcées les paroles de la consécration, soit de l’instant auquel est prononcée l’épiclèse consécratoire. D’une part comme de l’autre, on a oublié que l’instant auquel survient la transsubstantiation (ou metabolè) n’est pas l’instant de notre chronomètre mais l’instant de Dieu, qui est temps sacramentel. Le Magistère de la lex orandi enseigne que cet instant, étant de par sa nature “au-delà des choses physiques”, admet deux temps forts, tous deux pourvus d’efficacité consécratoire absolue: le récit de l’Institution et l’épiclèse. Référée aux paroles de la consécration et à l’épiclèse consécratoire, la notion d’efficacité consécratoire absolue ne supporte ni conflits ni exclusivismes. Loin de se présenter comme un obstacle, la question de l’épiclèse se révèle être un véritable pont oecuménique pour le dialogue entre Catholiques et Orthodoxes.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr. Oswald GRACIAS, Archevêque d’Agra, Président de la Conférence Épiscopale (INDE)

Cette intervention entend examiner le contexte indien, considérant surtout que l’Église y est minoritaire.
1. Suivant le paradigme de l’expérience du chemin d’Emmaüs, quand le Seigneur a expliqué les Écritures et, ensuite, rompu le pain avec ses disciples, nous devons nous aussi donner plus d’importance à la Liturgie de la Parole au sein de nos célébrations eucharistiques. En Inde, où il y a un grand besoin de formation dans la foi, il faudrait prêter une plus grande attention à l’
objectif de porter les personnes à comprendre, apprécier et vivre les Écritures dans toute leur richesse. Dans ce but, on pourrait recourir à l’emploi des moyens de communication, tels que des projections audiovisuelles des scènes de l’Évangile ou d’importantes représentations, de manière à ce que la proclamation parvienne à tous les niveaux de la conscience humaine. Les Évêques, étant pleinement responsables, devraient en cela chercher à éviter le danger de se mettre en scène.
2. Ainsi que le souligne l’Instrumentum Laboris, il faudrait renforcer le lien entre Eucharistie et spiritualité. La participation à l’Eucharistie, une immersion dans la Passion, la Mort et la Résurrection du Seigneur, doivent conduire les fidèles à une transformation qui leur permette d’insuffler dans le monde temporel la force de l’Évangile. De cette manière, ils seront les constructeurs d’unité et les porteurs de paix et de réconciliation dans un monde déchiré par les luttes de castes et de classes et par l’intolérance de groupe et religieuse, et ils conféreront une dignité humaine à ceux qui sont ravagés par l’injustice et l’exploitation.
3. Dans certaines régions de l’Inde, les personnes sont attirées par les sectes parce qu’elles trouvent notre liturgie monotone et impersonnelle, bien trop éloignée d’une expérience de Dieu. Les Conférences épiscopales et la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, pourraient étudier des instruments permettant une meilleure inculturation de la liturgie et une plus grande liberté et créativité, tout en la préservant, par ailleurs, des dangers d’abus.
Les Messes de groupe et les Messes pour les familles pourraient représenter d’efficaces moyens pour renforcer l’unité de la famille et impartir la catéchèse aux familles.

[Texte original: anglais]

– S.Em. Le Card. Pedro RUBIANO SÁENZ, Archevêque de Bogotá (COLOMBIE)

Dans l’Eucharistie nous vivons la rencontre avec le Christ, notre paix, et en conséquence, nous devons accueillir sa paix, en porter témoignage et la promouvoir avec la vie. La paix est amour, vérité, réconciliation, justice et solidarité avec le frère en qui nous découvrons la présence du Christ, non seulement Ressuscité, mais aussi blessé par la haine, l’injustice et la violence. Communier exige l’engagement et la volonté de travailler ensemble avec ses frères à la construction de la paix. Être réconciliés et en paix est la condition pour s’approcher au banquet eucharistique, et un grand nombre de baptisés vivent une vie de souffrance marquée par les blessures laissées par la violence et la haine.
Le Sacrement de la Pénitence nous réconcilie avec Dieu et exige, non seulement la reconnaissance du péché, mais aussi la résolution de nous corriger par cette conversion qui nous amène à conformer notre vie à la volonté de Dieu. Celui qui se nourrit de l’Eucharistie doit être réconcilié avec ses frères pour vivre la communion avec Dieu, notre Père. La Parabole du Fils Prodigue nous montre la miséricorde de Dieu le Père et également le repentir du pécheur, qui reconnaît son péché et se relève confiant en la miséricorde Dieu et en son pardon.
Au moment où nous échangeons le signe de paix, nous exprimons ainsi qu’il n’y a plus ni haine ni rancoeur dans notre coeur. Il serait encore plus cohérent de s’échanger le signe de paix avant les offrandes, après la prière des fidèles, conformément a ce que le Seigneur nous demande dans l’Évangile: “Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère; puis reviens, et alors présente ton offrande” (Mt 5, 23-24). En effet, si nous n’avons pas la paix, comment pouvons-nous la donner? Ce serait simplement un geste sans aucune signification et non pas un témoignage de communion avec le Seigneur et avec nos frères.
Comment s’approcher de l’Eucharistie Sacrement d’amour, s’il n’y a pas de pardon et d’amour véritable? La paix que nous donne le Seigneur exige que nous pardonnions et que nous extirpions les racines de la haine et du désir de vengeance, ce mur qui nous sépare du frère et aussi du Seigneur.
On ne peut surmonter la violence engendrée par la haine que lorsque nous sommes capables de pardonner comme Dieu nous pardonne et alors, avec sincérité, nous pourrons nous adresser à notre Père: “et remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit” (cf. Lc 11, 4).
C’est un scandale que, par ambition, injustice, discrimination, rancoeur et haine, des baptisés rompent les rapports humains et fraternels; comment peuvent-ils s’appeler fils de Dieu, s’ils ne vivent pas leur relation d’amour avec Lui, présent dans le prochain? Et comment peuvent-ils s’approcher au Sacrement de l’Eucharistie, sans reconnaître qu’à cause de la haine ils ont brisé la communion avec le frère, sans se réfugier auparavant dans la miséricorde de Dieu par le Sacrement de la Pénitence?
Il est urgent d’insister sur la préparation permanente des fidèles au Sacrement de l’Eucharistie, qui est l’aliment qui nourrit la foi, afin qu’ils vivent la rencontre avec Jésus-Christ et accueillent la paix qu’Il nous offre et que nous devons partager avec nos frères.

[Texte original: espagnol]

– S.Em. le Card. Jozef TOMKO, Président du Comité Pontifical pour les Congrès Eucharistiques Internationaux (CITÉ DU VATICAN)

Avec la clôture de cette Assemblée synodale s’achèvera également l’Année eucharistique que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II a inauguré au terme du 48° Congrès eucharistique international à Guadalajara, le 18 octobre 2004. Le thème du Congrès, qui dura une semaine et était précédé d’un dense symposium théologique, était: “l’Eucharistie, lumière et vie du nouveau millénaire”. Le plus impressionnant était la manifestation de foi massive qui s’est prolongée pendant une semaine, avec quelques millions de participants, la procession eucharistique qui a duré de nombreuses heures, accompagnée par des jeunes qui scandaient “Se ve, se siente, Jesus es presente” (on le voit, on l’entend, Jésus est présent), le pèlerinage imposant de quelques millions de personnes à la Vierge de Zapopan (la Femme eucharistique), la présence quotidienne de 17.000 participants lors des liturgies eucharistiques suivies de catéchèses et de témoignages et enfin le message de Jean-Paul II grâce à un pont télévisuel. Un vrai “bain” de foi. Toute l’Église était représentée dans cette “Statio Orbis” autour de Jésus-Christ Eucharistie, avec des groupes arrivant même de Sibérie ou de Corée, et d’une forte présence des Adorateurs de l’Eucharistie.
Les Congrès Eucharistiques internationaux sont nés en France en 1881 grâce à une fervente dévotion eucharistique et à une coopération harmonieuse entre les laïcs et le clergé sous l’inspiration de Saint Pierre Julien Eymard. Leur slogan “Le Salut de la société par le biais de l’Eucharistie” entendait affronter l’indifférentisme religieux diffus, si semblable à l’agnosticisme de notre époque. En vue de la préparation du premier Congrès international de Lille, en 1881, a été constitué un Comité permanent, approuvé par Léon XIII et devenu par la suite “Pontifical”, Comité qui continue à promouvoir la célébration périodique de Congrès eucharistiques internationaux et, en outre, “favorise et privilégie les initiatives qui, en harmonie avec les dispositions en vigueur au sein de l’Église, ont pour but de faire grandir la dévotion envers le Mystère eucharistique dans tous ses aspects, de la célébration de l’Eucharistie au culte extra missam” (Statuts, article 3).
Les Congrès eucharistiques internationaux se célèbrent tous les quatre ans sur les différents continents
. Beaucoup se souviendront encore de celui qui a été célébré à Rome au cours du Jubilé de l’An 2000 et, en remontant dans le temps, de ceux de Wroclaw, de Séville, de Séoul, de Nairobi, de Philadelphie, de Bombay, de Munich et d’autres encore. Le prochain se tiendra au Québec (Canada) en 2008. La récente Journée mondiale de la Jeunesse de Cologne, grâce à son thème: “Venimus adorare eum”, est devenue de facto presqu’un congrès eucharistique.
Avec le Concile Vatican II, les Congrès eucharistiques internationaux ont pris la physionomie de la “Statio Orbis”, une sorte de “halte” au cours de laquelle les Églises particulières des différentes parties de l’Orbe s’unissent au Pape ou à son Légat dans une ville autour du Christ dans son mystère eucharistique afin de manifester et d’approfondir leur foi. La catéchèse, la célébration du Saint Sacrifice, l’adoration du Très Saint Sacrement, la procession eucharistique solennelle, les premières communions, les activités caritatives en faveur des pauvres, des malades et des handicapés, les rencontres de réflexion par catégories font d’un tel Congrès une véritable occasion de renouveau spirituel avec des fruits visibles et invisibles que seul Dieu connaît mais qui sont certainement abondants.
Toutes proportions gardées, ceci peut également être affirmé pour d’autres formes de congrès eucharistiques, qui peuvent se célébrer au niveau d’une Nation, d’un diocèse, d’un doyenné-vicariat, etc. La rencontre communautaire avec le Christ eucharistique est toujours féconde dans le but de faire grandir la ferveur religieuse, la communion, les vocations, l’esprit missionnaire, la paix sociale et la solidarité.
On a parlé de la redécouverte de l’adoration, y compris de l’adoration nocturne. Les adorateurs que nous avons vu au Mexique en sont un exemple. Tout comme les contemplatives. Mais maintenant, Jésus eucharistique attire également les jeunes qui découvrent en Lui le Dieu-Amour. Espérons que cela advienne aussi dans nos paroisses, nos séminaires, nos couvents et nos maisons des prêtres. Devant Lui, il n’est pas nécessaire de faire de grands raisonnements, seule la simple foi suffit. Comme celle de ce paysan d’Ars à qui Saint Jean-Marie Vianney demanda ce qu’il faisait si longtemps devant le tabernacle. La réponse est désarmante dans sa profondeur: “Je le regarde et Il me regarde!”. La solution aux nombreux problèmes de notre temps se trouve dans ce regard entrecroisé.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr. Jean-Louis BRUGUÈS, O.P., Évêque d’Angers (FRANCE)

Il nous faut prendre notre parti de la sécularisation en cours: c’est une tendance historique lourde et durable. Elle a secrété une mentalité – le sécularisme – qui interroge singulièrement la conscience chrétienne. Le sécularisme récuse toute forme de relation avec l’au-delà et le monde invisible. Il existe même une auto-sécularisation à l’intérieur de nos communautés chrétiennes. Que devient l’Eucharistie, “pain venu du ciel”… s’il n’y a plus de ciel? Il convient de préciser le rôle que l’Eucharistie doit jouer dans la “nouvelle évangélisation”, plus précisment dans l’évangélisation par la culture. Il convient aussi d’encourager nos jeunes qui ont découvert dans l’adoration eucharistique la source de leur mission auprès du rationalisme moderne.

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr. Francesco CACUCCI, Archevêque de Bari-Bitonto (ITALIE)

L’exigence d’un “important changement mystagogique” dans notre pastorale devient toujours plus vive et actuelle. Les Lineamenta du Synode lui ont consacré un chapitre entier. L’Instrumentum laboris fait explicitement référence à la mystagogie aux nos 31, 40, 47 et 52. Quelques Pères synodaux se sont, eux aussi, exprimés en ce sens.
Nous sommes enracinés à une pastorale qui “prépare” aux sacrements. Les sacrements de l’initiation chrétienne, à peine sont-ils célébrés, que l’on parle d’“adieu” à la communauté chrétienne. En réalité, une expérience essentielle fait défaut: l’entrée progressive dans le mystère du salut.
Les Pères de l’Église, qui vivaient une situation culturelle, sous certains traits, analogue à celle de l’homme post-moderne, font un choix “mystagogique”, s’adressant non pas à des chrétiens “fervents”, mais à des chrétiens marqués par les contradictions d’un certain “sécularisme” de cette époque:
En une période de fragmentation telle que la nôtre, la mystagogie guide à l’intérieur du mystère, marque la rencontre entre la catéchèse, l’expérience de la célébration et le vécu des chrétiens.
Il ne pourra exister de véritable synthèse entre foi et vie, s’il manque l’anneau de la célébration. Tout comme ne peut se réaliser la synthèse Eucharistie-vie, sans la foi. C’est le trinôme foi-liturgie-vie rappelé dans l’Instrumentum laboris, au n°29, et si fréquent dans les plans pastoraux.
Comment une communauté chrétienne peut-elle réaliser ce changement mystagogique important? En récupérant la centralité de l’Eucharistie dominicale. “Sine Dominico non possumus”: l’expression des martyrs d’Abitene, rappelée par un Père synodal, pose une question d’identité chrétienne, avec des changements oecuméniques importants bien précis.
Le n° 70 de l’Instrumentum laboris souligne cette centralité.
Face à la tentation rationaliste toujours prête à faire son apparition, la mystagogie eucharistique met en évidence le primat de la grâce.
La célébration eucharistique dominicale est aussi le lieu missionnaire le plus important de l’Église. Les fidèles assidus s’y rencontrent, mais aussi ceux qui participent rarement à la Messe dominicale.
Mais c’est aussi une question de méthode pastorale que le Synode pourrait, à mon avis, proposer.
L’Année Liturgique a, dès son début, été vécue comme un lieu où la communauté vit et annonce le mystère du Christ. Le rythme de cet itinéraire est fortement scandé par la réception des sacrements de l’initiation chrétienne, qui culmine dans l’Eucharistie, et par les différentes étapes qui les préparent.
Si la communauté chrétienne est le sujet de l’itinéraire de foi, la participation pieuse, active et consciente (cf. Sacrosanctum Concilium, n°48) du peuple de Dieu à la liturgie dominicale requiert un “accompagnement mystagogique” qui pourrait être préparé, non seulement par les prêtres, mais aussi par les animateurs durant une rencontre communautaire hebdomadaire au cours de laquelle, partant du mystère célébré dans le rite, à la lumière de la Parole de l’Ancien et du Nouveau Testament et de l’enseignement des Pères, ils apprennent à réfléchir ensemble sur la vie de la communauté et à développer l’engagement dans l’histoire.
Ces considérations proviennent d’un choix pastoral vécu par notre Église locale et proposé à l’occasion du Congrès Eucharistique National Italien de cette année.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr. George Cosmas Zumaire LUNGU, Évêque de Chipata (ZAMBIE)

Je parle au nom de la Conférence épiscopale de la Zambie. Je dois reconnaître que, malgré les moyens technologiquement avancés d’aujourd’hui, notre Conférence épiscopale n’a pas reçu l’Instrumentum Laboris à temps, de manière à pouvoir répondre en tant que Conférence. C’est pourquoi, il m’a été donné de pouvoir intervenir librement, tout en tenant compte de la situation pastorale en Zambie. Mon intervention entend examiner les points 42, 44, 61 et 62 de l’Instrumentum Laboris.
Au n°42, il est affirmé que, dans la liturgie, l’homme ne se regarde pas lui-même, mais tourne son regard vers Dieu. Le document doit donc s’attarder surtout sur le Dieu vivant dans son rapport avec les hommes, plutôt que sur les activités humaines contenues dans les traditions,
les normes et les rubriques liturgiques. De cette manière, nous éviterons la tentation tant de rechercher des solutions passées pour les défis pastoraux actuels relatifs à l’Eucharistie, que de trop nous concentrer sur les aspects négatifs, comme le dit le document. Une caractéristique de la liturgie qui me vient à l’esprit est celle de la “beauté”.
L’article 42 déclare que la beauté représente un moyen pour pénétrer le mystère de Dieu et de l’Eucharistie. Il serait ici opportun de citer ce que celui qui était alors le Cardinal Ratzinger a affirmé en s’adressant au mouvement connu sous le nom de Communion et Libération en 2002:
“Se laisser toucher et déborder par la beauté du Christ représente une connaissance plus réelle et profonde, plus qu’une simple déduction rationnelle. Naturellement, nous ne pouvons pas sous-estimer l’importance de la réflexion théologique, de la pensée théologique exacte et précise; ceci reste absolument nécessaire. Mais partir de là afin de diminuer ou de repousser l’impact produit par la réponse du coeur au moment de la rencontre avec la beauté comme forme authentique de connaissance finirait par nous appauvrir et faire devenir notre foi et notre théologie arides. Nous devons redécouvrir cette forme de connaissance (à travers la beauté); c’est une nécessité pressante de notre temps… Aujourd’hui, pour que la foi puisse grandir, nous devons, nous-mêmes et les personnes que nous rencontrons, aller à la rencontre des saints et entrer en contact avec ce qui est beau”.
Plus récemment, les religieux qui se sont réunis à Rome pour le Congrès de 2004, ont manifesté la même sensibilité envers cet aspect qui a émergé dans leur document final, dans lequel on peut lire:
“L’art et la beauté sont des icônes pour toutes les cultures. Les artistes aident les communautés de vie consacrée à combattre une mentalité consumériste: ils créent de splendides lieux de prière, trouvent de nouveaux symboles afin de raconter de nouvelles histoires aux coeurs des hommes et des femmes qui écoutent. Cette transmission de la beauté donnera naissance à la joie et à la vie au milieu de la violence et de la mort” (Document final II/2/4, p. 222, Éd. Paoline).
Est-il possible de demander à nos théologiens de commencer une réflexion pastorale sur la théologie de la beauté afin d’illuminer davantage les ombres qui ont émergé dans la célébration de l’Eucharistie?
En ce qui concerne l’article 44 relatif aux laïcs, la phrase “un minimum d’assistance et de collaboration” relative à la participation des laïcs à la célébration de l’Eucharistie devrait être modifiée ou complètement supprimée. Dans son article “L’Eucharistie: source et sommet de la vie des fidèles laïcs”, Matteo Calisi affirme:
“Malgré la réforme liturgique, il y a encore une mentalité cléricale diffuse en matière de liturgie qui voit la célébration du mystère plus comme une oeuvre du prêtre – le célébrant – que comme un ‘engagement de tout le peuple de Dieu’ célébrant son Seigneur. C’est pour cette raison qu’il est souvent fréquent que les personnes ne s’unissent pas au célébrant par une participation active et vivante, mais d’une manière formelle, en se rapportant à lui seulement par le biais d’un dialogue fait de réponses rituelles (Redécouvrir l’Eucharistie: Conseil Pontifical pour les Laïcs, p. 70).
Toujours en matière de participation des laïcs, et cette fois au travers de la musique, des chants (article 61) et de l’usage de la langue latine (dans le cadre de rencontres internationales) (art. 62), mon impression à propos de tels articles est qu’ils ne semblent pas refléter les contributions offertes par certains pays de mission tels que la Zambie. Je considère cette partie du document est trop optimiste concernant l’emploi de l’orgue, du chant grégorien et même de l’usage du latin lors de rencontres internationales afin de répondre aux besoins des peuples de tout temps et de tout lieu. Ma proposition est que nous ne devrions pas revenir en arrière et rendre universels ces instruments de culte universel. Notre réflexion sur les thèmes culturels ne devrait pas se confronter ou se mettre en rapport avec l’orgue, le chant grégorien ou le latin, même s’ils peuvent représenter des options pour ceux qui les trouvent utiles. La communication et la participation sont vitales pour toute célébration liturgique, y compris la célébration eucharistique. Nos espoirs se trouvent dans l’avenir et non pas dans le passé. Nous devons avoir le courage d’affronter les défis pastoraux d’aujourd’hui relatifs à l’Eucharistie, et ce sans tendances nostalgiques, si nous voulons répondre aux besoins pastoraux de notre temps.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr. Luis SÁINZ HINOJOSA, O.F.M., Archevêque titulaire de Giunca di Mauritania, Évêque auxiliaire de Cochabamba (BOLIVIE)

Je parle au nom de la Conférence épiscopale de Bolivie et je fais référence aux numéros 53, 55 et 56 de l’Instrumentum Laboris.
Le Christ ressuscité n’abandonne pas l’humanité, expérience perpétuelle de la croix, en offrant Son Corps et Son Sang, il s’offre à nous comme aliment, Il nous accueille en Lui. Il nous unit dans la communion plus pleine avec sa vie éternelle et avec son amour infini (Mane nobiscum Domine, 19).
Demeurer en Lui nous donne la vie éternelle. C’est la grâce la plus grande pour un disciple de Jésus (Jn 15, 4-9). Les symboles de l’unité sont le pain, formé par de nombreux grains de blé, et le vin, produit à partir de nombreux grains de raisin. Jésus, unique Pain partagé entre tous, crée la pleine communion avec Lui: il fait un seul corps de tous ceux qui croient.
L’Eucharistie est donnée à l’Église par le biais des Apôtres. Jésus lui-même, dans le miracle de la multiplication des pains (Mc 6, 37-44), n’offre pas directement les pains aux personnes, mais invite les Douze à donner à manger. Pour l’Église, ceci constitue une indication fondamentale. Le Seigneur, Pain de vie, nourriture du Salut, nous le rencontrons dans la communauté des fidèles, où les Apôtres, les Évêques aujourd’hui, perpétuent le mandat de rompre le Pain pour tout le peuple et d’en apaiser la faim.
Je viens, comme vous tous, d’un pays riche en culture, un pays qui dispose d’une foi profonde dans l’Eucharistie, en la Vierge Marie et dans le Christ souffrant.
Le culte des défunts est quelque chose de sacré. Les personnes ne conçoivent pas d’ensevelir un défunt sans célébrer la Sainte Eucharistie. Ils sont convaincus que cela représente le meilleur moyen de le confier à Dieu. Les fêtes patronales et civiles, ainsi que tout événement important, sont accompagnées par la célébration de l’Eucharistie. Viennent ensuite le folklore, la danse et la consommation de boissons, parfois exagérée.
Ce qui émerge le plus et retient l’attention, ce sont la simplicité, la foi profonde et la faim de Dieu du peuple qui, parfois, interpelle les agents mêmes de la pastorale. Sur la base de cette expérience, je voudrais souligner l’importance de la formation au sacerdoce et à la vie consacrée, donnant la priorité à la théologie de l’Eucharistie comme fondement très important de sa spiritualité, aliment indispensable pour une maturation de la vocation portant le prêtre à être un bon pasteur, un missionnaire qui rend témoignage de sa foi par son service généreux.
La spiritualité du chrétien est centrée sur l’Eucharistie, dans une spiritualité de profonde communion ecclésiale. En particulier, les paysans des communautés les plus éloignées, dans lesquelles le prêtre n’arrive pas et qui aiment le Saint-Père et ses pasteurs, sont assistés, dans le meilleur des cas, par un catéchiste ou par une religieuse; c’est-à-dire qu’ils demeurent privés d’Eucharistie en raison du manque de prêtres… Que faire à l’avenir? La population augmen
te, les prêtres diminuent et les sectes augmentent.
Nous accueillerons favorablement toute orientation et toute suggestion pastorale de la part du Synode, qui pourrait nous aider à reconnaître l’expérience de Jésus-Christ ressuscité comme vrai Pain qui rassasie l’homme, le seul capable de donner la véritable vie. Toute suggestion qui réponde à la culture vivante de la religiosité du peuple, qui serve à en comprendre son véritable sens, en partant des “communautés eucharistiques”, “qui aiment et servent dans la solidarité”.

[Texte original: espagnol]

– S. Exc. Mgr. Menghisteab TESFAMARIAM, M.C.C.I., Évêque d’Asmara (ÉRYTHRÉE)

Je viens d’une région d’Afrique de l’Est avec une tradition chrétienne où, parmi les nons catholiques, la célébration quotidienne de l’Eucharistie, la réception fréquente de la sainte Communion, la réserve des saintes Espèces dans le tabernacle et l’adoration eucharistique en dehors de la Sainte Messe ne sont pas pratiquées.
Cela signifie-t-il qu’on y célèbre moins les Saints Mystères? Ou que, dans ces Églises, il y a moins d’adoration? Certainement pas. Il y a seulement une approche différente et une autre sensibilité théologique. Comme minorité catholique, nous suivons toutes les pratiques traditionnelles de l’Église latine indiquées ci-dessus, mais nous éprouvons le besoin de mieux les intégrer dans la spiritualité chrétienne orientale.
Le deuxième chapitre de la partie III de l’Instrumentum Laboris a un très beau titre: “Adorer le mystère du Seigneur”. L’Eucharistie est vraiment le Mystère de notre foi. Cependant, le sous-titre de ce même chapitre n’est pas clair. Que signifie “De la célébration à l’adoration”? J’espère que cela n’indique pas une succession temporelle ou une dichotomie essentielle entre deux actions du peuple de Dieu. Dans l’action liturgique des Églises orientales, la célébration et l’ adoration sont deux actions intrinsèquement unies. Ce sont deux aspects de la même réalité, tout comme la table et la parole, et le Corps et le Sang du Christ sont deux parties du même Banquet eucharistique. La célébration et l’adoration vont de pair. L’une ne suit pas l’autre. La première souligne l’aspect festif, la seconde la Grandeur et la Sainteté de Dieu. D’une part, nous célébrons les grandes choses que Dieu a faites pour nous par son Fils unique, notre Seigneur et Rédempteur Jésus Christ. Nous nous sentons si proches de lui et si intimes que nous chantons Alleluia! Dans notre tradition, on ne célèbre que la grand Messe, entièrement chantée, avec la participation de tous: prêtres, diacres et laïcs. Les danses liturgiques préparent les fidèles avant la messe. Dieu est devenu l’un de nous et il a donné sa vie pour nous. Il est l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous!.
D’autre part, nous adorons le Seigneur dans la Gloire avec les anges et les archanges, les chérubins et les séraphins. Pendant la célébration eucharistique, le ciel et la terre sont à l’unisson: ils se prosternent en adoration devant la majesté du Dieu Un et Trine, le totalement Autre. La doxologie chantée au cours de la Messe est l’expression de l’expérience intense de la présence du Très-Haut qui inspire une crainte révérencielle: “Saint! Saint! Saint! Le Seigneur, Dieu de l’Univers! Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire. Hosanna au plus haut des cieux”.
La célébration et l’adoration sont deux actions inséparables du peuple de Dieu rassemblées autour de la table de la Parole et du Corps et Sang du Christ. Ces deux actions unissent le ciel et la terre. Pendant un court instant, le ciel descend parmi les hommes et devient tangible. C’est un peu comme l’expérience vécue sur le mont Tabor par les disciples de Jésus, Pierre, Jean et Jacques. L’Eucharistie est le Mystère de la foi: un Mystère qui ne peut être célébré vraiment sans un sentiment profond du sacré. Un acte d’adoration qui ne serait pas accompagné d’une sensation d’émerveillement et d’étonnement ne peut qu’inspirer la peur et le désespoir. C’est pourquoi nous devons mettre l’accent sur l’unité qui existe entre la célébration et l’adoration. Nous devons encourager nos fidèles à devenir une communauté adorante et célébrante, que ce soit pendant la Messe ou en dehors de celle-ci.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr. Jean-Baptiste TIAMA, Évêque de Sikasso (MALI)

L’Église catholique au Mali, a pris l’option d’une Église Famille, Communion fraternelle au service de l’Évangile.
Elle est minoritaire au milieu d’une population à 80 % musulmane et 20 % de la religion traditionnelle selon les lieux; les chrétiens (catholiques et protestants) du Mali ne représentent qu’une petite portion de la population 3%.
L’Église catholique est bien présente et bien respectée dans le pays. Son objectif pastoral est de bâtir une Église Famille, communion fraternelle au service de l’Évangile, une Église qui vit et célèbre sa foi; une Église où la Parole de Dieu est annoncée, accueillie et célébrée, et où l’Eucharistie représente le lieu d’expression par excellence de son Unité et le point de départ de sa mission au milieu des frères des autres religions, comme l’Islam et la religion traditionnelle. Et la grâce du Christ aidant, elle reçoit chaque année à Pâques des centaines de nouveaux fils.
Cette Église attend de ce synode, qu’il l’aide à promouvoir dans tout le corps entier de l’Église, « le culte eucharistique» : respect des lieux sacré, adoration et procession du Saint sacrement chez les prêtres, les personnes de vie consacrée et les fidèles laïcs.
En effet, le peuple au milieu duquel l’Église vit est un peuple profondément religieux qui accueille avec respect tout ce qui touche au religieux. Ainsi, le chrétien a loisir de s’absenter de son travail pour aller participer aux célébrations liturgiques des jours de précepte, quand bien même la loi n’en fait pas un jour férié. Pendant les périodes de sécheresse et de calamité, les autorités administrative lui adresse des demandes de prières pour aider le pays à faire face à la situation.
Le sérieux et l’engagement des chrétiens dans la société ont donné à l’Église la place qu’il lui faut. Ce témoignage qui inspire confiance, tire sa source et sa force de la bonne formation qu’ont reçu certains, et surtout de l’unité de tous autour du Christ, unité qui se réalise chaque jour un peu plus à travers l’Eucharistie. Notre souhait le plus profond est de maintenir, sinon de promouvoir au sein de cette Église, le culte eucharistique: au niveau du clergé, des personnes de vie consacrée et des fidèles laïcs.
Aussi, faut-il insister sur la formation à tous les niveaux: la catéchèse ordinaire et initiation chrétienne des adultes; mais on n’insistera jamais assez sur ce qu’on tient pour essentiel. La formation des enfants en âge de recevoir la première communion d’une grande importance et pour les prêtres, il faut encore intensifier la formation liturgique dans les séminaires, afin qu’une fois en paroisse, le ministre du culte soit très respectueux du culte qu’il célèbre.

[Texte original: français]

[Traductions distribuées par le secrétariat général du synode des évêques]

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel