Interventions au Synode des évêques lundi après-midi 10 octobre

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ROME, Mardi 11 octobre 2005 (ZENIT.org).- Nous publions ci-dessous les résumés des interventions des pères du synode qui ont pris la parole lundi après-midi 10 octobre, lors de la douzième congrégation générale.

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– S. Exc. Mgr. François-Xavier YOMBANDJE, Évêque de Bossangoa, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE)
– S.Em. le Card. Ivan DIAS, Archevêque de Bombay (INDE)
– Très Rev. P. Ab. Andrea PANTALONI, O.S.B. Silv., Abbé Général de la Congrégation Bénédictine Silvestrine
– S.Em. le Card. Julián HERRANZ, Président du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs (CITÉ DU VATICAN)
– S. Exc. Mgr. Joseph Anthony ZZIWA, Évêque de Kiyinda-Mityana (OUGANDA)
– S. Exc. Mgr. Johannes Gerardus Maria van BURGSTEDEN, S.S.S., Évêque titulaire de Tibili, Évêque auxiliaire d’Haarlem (PAYS-BAS)
– S. Exc. Mgr. Adalberto MARTÍNEZ FLORES, Évêque de San Lorenzo (PARAGUAY)
– S. Exc. Mgr. Albino MAMEDE CLETO, Évêque de Coimbra (PORTUGAL)
– S. Exc. Mgr. Nicholas CHIA, Archevêque de Singapour, Président de la Conférence Épiscopale (Singapour, SINGAPOUR)
– Très Rév. P. John CORRIVEAU, O.F.M. Cap., Ministre Général de l’Ordre Franciscain des Frères Mineurs Capucins
– S. Exc. Mgr. Alfredo Víctor PETIT VERGEL, Évêque titulaire de Buslacena, Évêque auxiliaire de San Cristóbal de La Habana (CUBA)
– S. Exc. Mgr. Karl-Heinz WIESEMANN, Évêque titulaire de Macriana minore, Évêque auxiliaire de Paderborn (RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D’ALLEMAGNE)
– S. Exc. Mgr. Cornelius Kipng’eno ARAP KORIR, Évêque d’Eldoret, Président de la Conférence Épiscopale (KENYA)

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– S. Exc. Mgr. François-Xavier YOMBANDJE, Évêque de Bossangoa, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE)

Je pars de la note du numéro 3 de notre Instrumentum Laboris:
« … Malgré les difficultés et les contradictions de diverse nature, le monde, lui aussi, aspire au bonheur et désire le pain de vie, de l’âme et du corps » .
Nos célébrations eucharistiques sont des moments de fête, de retrouvailles où le sens du sacré donne de la profondeur à ce qui est vécu ainsi.
Malheureusement, une catégorie de nos fidèles ne peut communier parfaitement à la source de cette vie, même s’ils en gardent le souvenir merveilleux qui les soutient encore dans leur engagement chrétien. Les sectes et autres cherchent toujours parmi nos meilleurs chrétiens en difficulté de vie, leurs adeptes futurs. Il est peut-être temps de penser un chemin pastoral pour les préserver de l’irréparable.
Que leur faim de pain de vie inassouvie ne les pousse pas à chercher ailleurs ce qu’ils ne peuvent plus espérer trouver chez nous.

[Texte original: français]

– S.Em. le Card. Ivan DIAS, Archevêque de Bombay (INDE)

La dimension mystique du mystère eucharistique doit être rendue présente chaque fois qu’un prêtre célèbre la Messe. Il est entouré d’une myriade de témoins invisibles lorsqu’il renouvelle le sacrifice suprême de Jésus sur la croix. À chaque célébration de la Messe, le célébrant et son assemblée doivent être conscients de la “communion des saints” qui unit tous les membres de l’Église universelle dans la foi, l’espérance et l’amour: la foi en attente du peuple de Dieu sur la terre, l’espérance des âmes saintes du purgatoire et l’amour de ceux qui entourent le trône du Dieu tout-puissant. Le saint sacrifice de la Messe mêle ainsi le Magnificat de la Bienheureuse Vierge Marie à l’Alléluia et l’Hosanna des anges et des saints au ciel, au Kyrie eleison des âmes saintes du purgatoire et au Maranatha de tous les fidèles sur terre.
L’adoration du Saint-Sacrement est accessible à tous, même aux Catholiques qui, pour une raison ou une autre, ne peuvent pas recevoir Jésus dans la Sainte Communion et aux fidèles des autres religions. Dans les sessions du Synode, parmi les nombreuses ombres constatées dans l’Église d’aujourd’hui, on a mentionné le nombre toujours plus restreint de ceux qui vont à l’église, le désintérêt croissant vis-à-vis du Sacrement de la Réconciliation et le manque de catéchèse. Ces problèmes ont toujours existé au sein de l’Église, quoique sous différentes formes. D’autre part, l’Église a aussi compté dans ses rangs des personnes qui ont affronté ces situation d’une façon qui peut encore nous inspirer aujourd’hui. Nous connaissons tous la sainteté du Curé d’Ars, et celle du grand apôtre du confessionnal, Jean-Marie Vianney, ainsi que celle de l’archevêque Fulton Sheen, le brillant orateur qui a touché des milliers de personnes par ses émissions de radio et de télévision. Le secret de leur succès retentissant est dû aux nombreuses heures qu’ils passaient en prière devant le Saint-Sacrement. Ils peuvent donc représenter un modèle pour les prêtres et les évêques d’aujourd’hui.
Il y a un proverbe chinois qui dit: Au lieu de maudire l’obscurité, allume donc une bougie. Alors que nous sommes plongés dans l’obscurité des maux moraux et spirituels qui nous entourent, ne serait-il pas merveilleux si les évêques et les prêtres du monde entier passaient chaque jour une heure en prière et en adoration devant le Saint-Sacrement, en intercédant pour eux-mêmes, pour les fidèles confiés à leur charge pastorale et pour les besoins de l’Église universelle? Leur troupeau serait certainement édifié et encouragé en voyant leur pasteur mettre en pratique ce qu’il prêche à propos de la dévotion à la Sainte Eucharistie. Le Pape Paul VI a déclaré avec raison que “nos contemporains écoutent plus volontiers les témoins que les maîtres, et s’ils écoutent les maîtres, c’est parce qu’ils sont aussi des témoins”.

[Texte original: anglais]

– Très Rev. P. Ab. Andrea PANTALONI, O.S.B. Silv., Abbé Général de la Congrégation Bénédictine Silvestrine

Je me réfère en particulier aux numéros 68 et 69.
Pour moi, il est nécessaire de réaffirmer que le mystère eucharistique trouve son origine et son fondement dans la Passion, la Mort et la Résurrection du Christ. C’est un fait historique. Je suggère que le Synode réaffirme la certitude de foi de la résurrection de la chair pour les fidèles qui mangent le Corps du Seigneur et qui boivent son Sang: “Qui mange ce pain vivra à jamais” (Jn 6,58).
Convaincus de cela, les Pères de l’Église se sont exprimés à ce sujet. Saint Cyril d’Alexandrie, dans son Commentaire à l’Évangile de Jean, livre 10, dit: “Le Sauveur a dit: ‘Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui’ (Jn 6,56). La portée de cette oeuvre est digne d’attention: le Christ dit qu’il ne viendra pas seulement en nous pour avoir une certaine relation affective, mais aussi pour participer à notre nature. Comme si on faisait fondre ensemble sur le feu deux morceaux de cire pour en faire un seul, ainsi, ainsi, en communiant au corps du Christ et à son sang précieux, nous devenons une seule chose, il est en nous et nous en lui. Ce qui, par nature, est corruptible ne peut être vivifié autrement qu’en étant uni corporellement au Corps de celui qui, par nature, est la vie, autrement dit le Fils Unique”.
Les saints vivaient le mystère eucharistique avec l’idée de la Résurrection. “Dilectus Domini Benedictus, corpore et sanguine Dominico munitus… erectis in ceolum manibus, inter verba orationis spiritum efflavit…”. C’est par la prière et l’action de grâce que les 40.000 femmes et hommes qui suivent encore aujourd’hui la Règle de saint Benoît dans le monde s’adressent à Dieu chaque jour.
Aux numéros 68 et 69 et dans tout l’Instrumentum Laboris, l’eschatologie est un peu laissée dans l’ombre. Il y a bien le titre “Attente du Seigneur”, mais ensuite il n’est pas question de la mort comme passage vers l’éternité; du Viatique comme gage de la résurrection future de la chair. Le n°9 traite du “sens chrétien de la vie”, mais ensuite il n’est pas fait allusion à la résurrection de la chair pour le croyant. Je considère donc que l’Ins
trumentum Laboris n’a pas suffisamment développé l’eschatologie au n°68. Cette insuffisance met encore plus en relief la nécessité de faire de la proclamation de la Résurrection et de la certitude de foi dans notre propre résurrection l’un des points centraux du Synode. Manger la chair du Christ et boire son Sang “dignement”, comme le dit saint Paul , est le gage, le principe et le germe certain de la résurrection de notre chair. La mission de l’Église est d’annoncer la résurrection de la chair: tout le reste se réduit à bien peu de chose, et ne sera jamais Évangile.
Le monde lui-même, en cette année du Seigneur 2005, malgré les difficultés et les contradictions de toutes sortes, aspire au bonheur et au Pain qui donne la vie à l’âme et au corps. L’absence ou la faiblesse de la foi conduisent à se créer de nouvelles idoles. Non seulement l’homme, mais toute la création, attendent les cieux nouveaux et la terre nouvelle, ainsi que la récapitulation de toute chose, y compris les choses terrestres, dans le Christ. Je considère que le problème le plus pressant pour les hommes d’aujourd’hui est de savoir ce qui se passera après leur mort! Or tel est précisément le proprium du Christianisme: la résurrection de la chair, que l’Eucharistie proclame et offre.
D’autres problèmes, tels que l’écologie, sont importants, mais – au Synode – ils risquent de distraire l’attention de la substance. C’est pourquoi je ne pense pas qu’il soit opportun de les relier à l’Eucharistie.
Ce proprium, le christianisme peut et doit l’offrir au monde. Si on ne comprend pas la relation entre Eucharistie et Résurrection de la chair, on risque de tomber dans une dévotion superficielle et repliée sur elle-même, ou dans une philanthropie qui a bien peu à voir avec l’évangélisation véritable – la bonne nouvelle de la vie qui ne meurt pas – et qui a donc très peu ou pas du tout d’élan missionnaire et évangélisateur. “Sauver” les autres veut dire faire en sorte qu’ils connaissent et croient à la vie qui ne finit pas, qu’ils croient en Celui que le Père a envoyé afin que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance. Le but principal de l’Eucharistie est d’annoncer l’Évangile de la Résurrection de la chair et le faire vivre dès à présent. Si l’on n’offre pas cet Évangile aux personnes, soit l’Eucharistie ne les intéresse pas, soit elle devient de la magie, soit encore elle se réduit à une dévotion sentimentale stérile. Mais l’Évangélisation doit aller plus loin, et ce plus loin promouvra avec force l’Eucharistie comprise, crue, reçue et vécue, comme germe de la vie éternelle, de l’immortalité.
C’est pourquoi je demande humblement, à propos de l’eschatologie:
1° – d’en faire l’objet d’une ou de plusieurs “propositiones” finales
2° – de la citer dans le message.

[Texte original: italien]

– S.Em. le Card. Julián HERRANZ, Président du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs (CITÉ DU VATICAN)

Le Saint-Père, dans sa touchante méditation du premier jour du synode commentait les 5 impératifs de saint Paul aux Corinthiens. Je souhaiterais en rappeler deux en relation au droit fondamental des fidèles à la Très Sainte Eucharistie, et un en relation à notre devoir correspondant de Pasteurs.
Le premier impératif était: “Gaudete”, parce que – comme le rappelait le Pape – “le Seigneur est proche de chacun de nous. Pour chacun de nous sont vraies les paroles de l’Apocalypse: je frappe à ta porte, entends-moi, ouvre-moi”. Quelle joie pour l’âme de recevoir, comme suprême manifestation de cet amour divin, l’inestimable don de l’Eucharistie!
Bien sûr, on ne peut pas confondre un don avec un droit. Les hommes n’ont aucun droit vis-à-vis de Dieu à recevoir l’Eucharistie, précisément parce que celle-ci est un acte d’infinie générosité et de miséricorde. Mais une fois que Dieu a donné à l’Église les sacrements pour le bien de son peuple, tous les fidèles jouissent (“gaudere”) du droit suivant formulé au can. 213 du Code de Droit canonique reprenant les mots de la Constitution “Lumen Gentium”, n°37: “Les laïcs ont droit de recevoir en abondance des pasteurs sacrés les ressources qui viennent des trésors spirituels de l’Église, en particulier les secours de la Parole de Dieu et des sacrements”. Et en ce qui concerne concrètement la Sainte Eucharistie, le can. 912 affirme: “Tout baptisé qui n’en est pas empêché par le droit peut et doit être admis à la sainte communion”.
Comme l’on voit, il s’agit d’un don fondamental, mais non absolu comme certains le pensent. Il existe, en effet, des exigences touchant à la personne qui limitent ce droit. La nécessité de l’état de grâce pour recevoir la Sainte Communion (cf. 1Co 11, 27; CEC, can. 916), dont doit juger l’intéressé, a également certaines manifestations extérieures qui requièrent l’intervention des saints Pasteurs. Ce sont les cas – rappelés dans le can. 915 et dans l’Enc. Ecclesia de Eucharistia – d’un “comportement extérieur gravement, manifestement et durablement contraire à la norme morale” (n°37), qui empêche l’admission à la Communion eucharistique. Cette norme concerne une grande diversité de situations irrégulières: toutefois, toutes sont à suivre avec une patience pleine d’amour et de sollicitude pastorale, pour tenter de les rendre régulières et pour éviter qu’aucun fidèle ne s’éloigne de l’Église, voire ne se considère comme excommunié, du seul fait de ne pas pouvoir recevoir la Communion. Cette réflexion évoque le deuxième impératif “perfecti estote” commenté par le Saint-Père: “[parfois] notre âme apparaît […] comme un instrument de musique dont malheureusement quelque corde est cassée, et donc la musique de Dieu qu’il devrait interpréter au plus profond de notre âme ne peut pas bien résonner. […] Ainsi, cet impératif peut également être une invitation à un examen de conscience régulier, […] une invitation au Sacrement de la Réconciliation, à travers lequel Dieu lui-même répare cet instrument”.
Le troisième impératif était “exhortamini invicem”. Le Saint-Père nous a dit, en référence à notre responsabilité de gouvernement pastoral: “Corriger son frère est une œuvre de miséricorde”. Peut-être, très chers frères, devrions-nous être plus sensibles aux justes requêtes des fidèles qui expriment leur “faim d’Eucharistie”. Beaucoup d’entre eux, en effet, se plaignent de ne presque jamais réussir à trouver de confesseurs – et ce, même si l’on ne manque pas de prêtres dans les paroisses – ; ils signalent des abus liturgiques et des banalités désacralisantes dans les célébrations eucharistiques; ils souffrent parce que, contrairement aux normes canoniques sur le culte public, les églises sont toujours fermées en dehors des célébrations communautaires et ils ne peuvent demeurer en adoration devant le Saint Sacrement, et ainsi de suite.
Puisque la justice consiste à donner à chacun ce à quoi il a droit (“unicuique suum tribuere”), nous demandons à la Sainte Vierge – Speculum Iustitiae – de nous aider à garantir à nos frères laïcs l’exercice de leurs droits: pour le bien de leurs âmes, mais également pour la vigueur apostolique de tout le Peuple de Dieu.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr. Joseph Anthony ZZIWA, Évêque de Kiyinda-Mityana (OUGANDA)

Je souhaite parler de la Messe dominicale et du Dimanche comme jour chômé obligatoire, un jour de repos pour les Chrétiens (cf. Instrumentum Laboris nos 6 et 70).
Environ 80% de la population de l’Ouganda est chrétienne, dont 42% est catholique. Les musulmans représentent environ 10% de la population. La Constitution de l’Ouganda reconnaît et garantit la liberté religieuse.
Nous rendons grâce à Dieu de l’Église vivante et vibrante qui est en Ouganda. De nombreux Catholiques vont à
l’église pour célébrer l’Eucharistie du dimanche – Dies Domini. Dans presque chaque église paroissiale, deux Messes sont célébrées chaque dimanche, et les églises sont généralement pleines. Certains Chrétiens vont même jusqu’à parcourir de longues distances à pieds, de cinq à dix kilomètres, pour rejoindre le lieu de réunion (l’église) où est célébrée la Messe dominicale. On peut affirmer sans hésitation que les Catholiques en Ouganda observent l’obligation dominicale conformément à ce qui est prévu par la liturgie.
Toutefois, cette bonne habitude doit faire face à un défi en particulier, celui de travailler le dimanche. Lorsque les Chrétiens se rendent à l’église le dimanche matin, nombreux sont ceux qui rentrent chez eux après la Messe et se mettent à travailler comme ils le font n’importe quel autre jour de la semaine. Bien que les prêtres enseignent que le Dimanche est le Jour du Seigneur, le jour du repos, à notre époque de nombreux laïcs chrétiens disent: “J’ai rempli mon obligation d’aller à la Messe le dimanche, après quoi je peux travailler à gagner mon pain quotidien”. Ces personnes sont souvent des paysans qui travaillent dans leurs plantations et la communauté commerçante, en particulier les personnes qui tiennent un magasin dans les centres commerçants des petites villes.
Ces personnes sont d’une certaine manière inspirées ou poussées à travailler le dimanche par d’autres catégories de personnes dont l’habitude de travailler le dimanche est largement acceptée comme normale par la société. Ce sont par exemple les chauffeurs de taxi, les propriétaires de restaurant, les pêcheurs, les étudiants (en particulier ceux qui sont pensionnaires et vont en bibliothèque le dimanche faire des lectures sérieuses).
Paradoxalement, les personnes riches ou appartenant aux classes moyennes, dont certaines ne vont pas même à l’église le dimanche, sont celles qui se reposent vraiment le dimanche. Elles se lèvent tard, regardent la télévision de longues heures, vont au théâtre ou au cinéma, rendent visite à leurs amis, etc.
Étant donné cette situation de vie, on se trouve devant l’exigence pastorale de réaffirmer l’enseignement du Dimanche comme jour chômé obligatoire, jour de repos pour les Chrétiens.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr. Johannes Gerardus Maria van BURGSTEDEN, S.S.S., Évêque titulaire de Tibili, Évêque auxiliaire d’Haarlem (PAYS-BAS)

En cette année 2005, nous vivons dans un monde dominé par la culture de l’image. D’une part, cela signifie que des liturgies célébrées avec soin dans le respect des canons esthétiques peuvent susciter l’intérêt des personnes. De l’autre, nous devons constater que les célébrations eucharistiques dominicales ne bénéficient pas d’une affluence massive (aux Pays-Bas, cette dernière est en moyenne de 10%). La manière dont on explique le mystère de l’Eucharistie fait référence à un cadre de notions philosophiques qui est étranger à l’homme moderne. C’est pourquoi ce n’est qu’avec beaucoup de difficultés que le contenu – la doctrine – peut être proposé à l’attention des personnes. Souvent, la pratique de la célébration religieuse n’est pas une source d’inspiration pour l’homme moderne. Il me semble que l’un des grands défis que nous devons relever est de trouver l’équilibre entre le contenu et l’expérience, entre la théorie et le vécu.
Pour trouver cet équilibre et pour rendre la célébration eucharistique plus proche de l’homme moderne, les trois points suivants, selon moi, sont importants:
1. Tout d’abord, la catéchèse continue sur le cœur et le sommet de notre foi. La catéchèse devra donc être une catéchèse eucharistique. Une catéchèse eucharistique est par nature une catéchèse christocentrique. Il est Lui-même le cœur et le sommet de notre foi. Nous professons, en effet, Sa mort et Sa résurrection comme le mysterium fidei. Une catéchèse eucharistique continue devra, par conséquent, être une catéchèse pascale, parce qu’en celle-ci Jésus Christ est reconnu, comme il le fut par les disciples d’Emmaüs, dans la fraction du pain, la fractio panis..
2. En second lieu, notre attention doit se porter sur la digne célébration de l’Eucharistie. Ici, les célébrants tout comme les fidèles ont une grande responsabilité. Par célébration digne, j’entends le fait de suivre fidèlement les règles et les rubriques. En plus de cette attitude, il faut également affirmer que la vraie dignité réside, avant tout autre chose, dans la disposition intérieure à la fois des fidèles et des célébrants. Dans la sacristie d’une vieille église des Pays-Bas, j’ai autrefois lu ce texte: “Célèbre cette Messe, comme s’il s’agissait de la première, l’unique et la dernière”. Ce texte me suggéra l’idée qu’il aurait été bon de l’inscrire également sur la porte principale de l’église.
3. Comme troisième et dernier point, je souhaiterais évoquer l’adoration du Très Saint Sacrement. Il m’apparaît que, dans nos régions assurément, le culte eucharistique se limite de manière croissante à la célébration de l’Eucharistie. Dans la conception des fidèles, la participation active à une célébration eucharistique se réduit presqu’exclusivement au fait d’avoir reçu la communion. Le jeûne eucharistique, l’exposition solennelle du Très Saint Sacrement, mais également l’adoration silencieuse devant le tabernacle, peuvent grandement nous aider à faire croître en nous le désir de nous unir au Christ. De cette manière, ces formes contribuent à faire de l’Eucharistie le sacramentum unitatis par excellence.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr. Adalberto MARTÍNEZ FLORES, Évêque de San Lorenzo (PARAGUAY)

Comme fruit de la célébration et du partage de l’Eucharistie, les premières communautés chrétiennes présentaient leurs offrandes pour venir en aide aux besoins des plus démunis (cf. 1 Co 16,1).
Je viens d’un pays dont le territoire, au cours de l’histoire, a été baigné par le sang des martyrs chrétiens qui a profondément fécondé et fait croître la foi dans le Seigneur et l’engagement au service de son Église. On trouve un exemple de défense de la justice et de l’égalité pour les autochtones dans la vie et le témoignage de San Rocco González de Santa Cruz, premier saint paraguayen aux côtés d’Alfonso Rodríguez et Juan del Castillo; il fut canonisé par Jean-Paul II en 1988. Encore aujourd’hui est conservé (dans la Chapelle des Martyrs) le témoignage de son cœur brûlé et arraché en sacrifice, relique éloquente de la miséricorde de celui qui a été capable d’offrir sa vie pour ses frères, les plus pauvres et les plus démunis. Un tel cœur, martyrisé, cœur de chair devenu Eucharistie, ne peut que produire des fruits de vie, de lumière, de conversion, comme exemple et chemin qui nous lancent un défi et nous conduisent au Sauveur et Seigneur de la Vie.
Dans notre pays il existe encore aujourd’hui de graves situations de marginalisation à cause de l’injustice sociale, de la faible possibilité d’accéder aux soins de santé, de la distribution injuste des biens et de la terre, de l’avilissement de la dignité de la vie humaine, du chômage, de la corruption et de la pauvreté croissante qui frappent avant tout les femmes, les jeunes et les enfants qui subissent le martyre silencieux de l’esclavage, des injustices et des catastrophes. Dans le même temps nous percevons les efforts héroïques de chrétiens – hommes et femmes – engagés dans leurs communautés pour la cause des plus démunis.
Les Messes célébrées dans nos communautés, avec une grande participation, sincères et joyeuses, constituent des espaces privilégiés de fraternité, des occasions pour recueillir et remplir des paniers de nourriture, de médicaments, de vêtements et d’autres choses encore à travers les dons qui sont fai
ts, pour être distribués aux personnes démunis. Autour de l’autel voient le jour des initiatives de solidarité pour accueillir les enfants abandonnés, construire des crèches et des cantines pour les nourrir, des initiatives de promotion de l’autogestion, de l’aide et du développement des familles dans leurs besoins économiques. L’Eucharistie est par conséquent le Sacrement privilégié comme lieu et source de la solidarité sociale.
D’autre part, en élargissant le regard, aujourd’hui plus que jamais, en tant qu’Église, nous devrions absolument et avec davantage d’engagement affronter l’urgence d’une conversion (metanoia) planétaire pour croître dans la solidarité sociale et lutter contre le terrible et pressant fléau de la faim dans le monde. Le Concile Vatican II affirmait: Avec tant de personnes actuellement opprimées par le faim dans le monde, le Concile demande de manière insistante à tous, aux personnes communes comme aux autorités, de se rappeler la phrase des Pères: “Donne à manger à celui qui est en train de mourir de faim, parce que si tu ne lui offres pas à manger, tu l’auras tué”. Obéissants à la consigne du Seigneur: “donnez-leur à manger” (cf. Mc 6, 37), nous pouvons seulement prier, exhorter et travailler à une Pentecôte renouvelée de Solidarité sur toute la planète, à travers la multiplication des dons de pain et de médicaments afin d’aider les populations gravement menacées par la disparition à cause de la faim ou de la maladie. Comme fruit de ce Synode je demanderais de faire face à ce projet avec davantage d’énergie et de dévouement.
Jean-Paul II, dans Mane nobiscum Domine, nous dit: L’Eucharistie n’est pas seulement l’expression de la communion dans la vie de l’Église; elle est aussi un projet de solidarité (…). Le chrétien qui participe à l’Eucharistie apprend de celle-ci à se faire promoteur de communion, de paix, de solidarité dans toutes les circonstances de la vie.
Le thème de l’I.L. est: L’Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise. Dans le cadre de ma brève réflexion, l’on pourrait proposer: L’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne, de la mission et de la solidarité de l’Église.

[Texte original: espagnol]

– S. Exc. Mgr. Albino MAMEDE CLETO, Évêque de Coimbra (PORTUGAL)

Je pense que devra résulter de ce Synode une parole d’estime et d’élan commun à l’intention de nos prêtres et de leurs collaborateurs qui font tant de sacrifices afin de garantir au Peuple de Dieu la célébration du Dimanche.
Dans cet esprit de pasteurs vigilants et de frères qui aident, nous devons donc être attentifs aux déviances qui s’accentuent, tout au moins dans mon pays.
Je présente trois tendances qui sont bonnes en elles-mêmes, mais où l’Eucharistie tend à dévier de ce qu’elle est – célébration liturgique et sainte d’un mystère sacramentel – pour devenir un simple service religieux:
Premièrement: La préoccupation première des prêtres de garantir la Messe qu’exigent les fidèles, en négligeant la qualité de la célébration.
Dans une société sécularisée, la nourriture ne suffit pas, il faut savoir préparer la table. Ce qui est plus important que de placer l’hostie dans la main ou sur la langue du fidèle, c’est de le faire avec la dignité qui transmet la foi.
Deuxièmement: Dans le désir d’être acceptés par les personnes qui les écoutent, nos prêtres considèrent l’Eucharistie comme une communion à la table de l’égalité.
Nous nous engageons dans une catéchèse où la communion est avant tout communion avec l’Agneau immolé et offert.
Troisièmement: On multiplie les célébrations dominicales qui, en l’absence d’un prêtre, sont présidées par des diacres et des laïcs. C’est une bénédiction. Mais la facilité avec laquelle on procède à la substitution de la Messe avec ces célébrations me préoccupe.
Il faudrait au moins que le déroulement des rites soit plus nettement différencié.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr. Nicholas CHIA, Archevêque de Singapour, Président de la Conférence Épiscopale (Singapour, SINGAPOUR)

Nous, évêques de Malaisie, Singapour et Brunei, considérons l’encyclique Ecclesia de Eucharistia, le congrès mondial sur l’Eucharistie, la lettre apostolique Mane Nobiscum Domine et le présent Synode comme un moment de grâce, qui nous permet de réfléchir sérieusement sur l’Eucharistie comme source et sommet de la vie et de la mission de l’Église. Pendant longtemps, la Messe et l’Eucharistie ont été considérées comme allant de soi.
En général, dans nos diocèses, la participation des fidèles aux Messes dominicales et aux célébrations des jours prescrits varie entre 50 et 80% dans les zones urbaines, alors que dans les zones rurales le pourcentage est beaucoup plus faible.
La majorité des Catholiques possède une connaissance de base de la Messe et de l’Eucharistie. Mais il est nécessaire d’approfondir leur connaissance et leur vénération.
La Messe: beaucoup vont à la Messe par obligation, plus pour éviter de commettre un péché mortel que pour “participer” à la Messe.
L’Eucharistie:
a) Ils croient dans la Présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, en montrant leur révérence et leur respect par une génuflexion ou en se courbant dès qu’ils entrent à l’église.
b) Beaucoup reçoivent la Communion par routine, sans vraie dévotion intérieure.
c) De nombreuses églises font chaque semaine une bénédiction avec le Saint-Sacrement. Quelques paroisses ont une chapelle de l’Adoration perpétuelle.
d) La solennité du Corps et du Sang du Christ est habituellement célébrée par une Procession du Saint-Sacrement. En cette année de l’Eucharistie, de nombreux diocèses ont tenu un Congrès eucharistique.
Nous ressentons le besoin de réfléchir sur les points suivants:
1) Les prêtes doivent vraiment agir “in persona Christi”, en touchant non seulement les yeux et les oreilles de leurs fidèles, mais aussi leurs coeurs, en les aidant à rencontrer le Christ. Ils doivent chercher à être transformés et non pas à être divertis.
2) Les fidèles doivent être amenés à comprendre le sens de la communion avec le Seigneur et entre eux. “Celui qui mange mon corps et qui boit mon Sang vivra en Moi, et Moi en lui”. “Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux”.
3) Donner la bénédiction aux non-catholiques, aux catéchumènes et aux enfants quand ils s’avancent au moment de la Communion, comme signe de communion spirituelle de leur part. Ce geste est aussi un signe du soin et de la sollicitude que nous avons pour eux.
4) Il est nécessaire de mettre l’accent sur la dimension missionnaire de l’Eucharistie, telle qu’elle est exprimée par les deux disciples d’Emmaüs “Ite missa est”.

[Texte original: anglais]

– Très Rév. P. John CORRIVEAU, O.F.M. Cap., Ministre Général de l’Ordre Franciscain des Frères Mineurs Capucins

Notre époque a besoin de redécouvrir la crainte de Dieu. Saint François nous rappelle à la crainte de Dieu, à la surprise et à l’émerveillement en voyant que Dieu prend constamment l’initiative à notre égard. Cela est vital pour ceux d’entre nous qui vivent dans une culture où rien n’étonne plus, parce que tout est le produit de la planification et de l’organisation humaines. L’humanité apparaît comme le produit de ses propres expérimentations en ne laissant plus aucune place à la surprise et à la nouveauté.
L’humilité de Dieu nous surprend vraiment. Nous sommes émus par son initiative envers nous, touchés au plus profond de nous-mêmes. Jésus Christ “de condition divine, ne reteint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu” (Ph 2,6). En un certain sens, cette kénose se poursuit dans l’Eucharistie. La crainte de Dieu naît dans nos co
eurs lorsque nous permettons à cet humble abaissement de Dieu dans l’Eucharistie d’avoir une résonnance dans notre vie.
“Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde” (Mt 28,20). François rapproche la promesse faite par le Christ durant sa dernière apparition aux apôtres de sa présence eucharistique dans l’Église. Nous sommes frappés par la simplicité avec laquelle François considère le mystère eucharistique. Il fait une analogie impressionnante entre la descente de Jésus dans le sein de la Vierge Marie et sa descente sur l’autel pendant la Messe. C’est le même événement qui continue à se produire aujourd’hui (cf. Adm 1).
Il est important que la communauté chrétienne redécouvre le lien profond entre le mystère eucharistique et les circonstances de la vie quotidienne, à commencer par les relations fraternelles et en s’élargissant au point de comprendre toute la création. Ainsi se forme le mouvement circulaire inhérent à toute vie chrétienne: l’Eucharistie nous pousse à nouer des relations fraternelles dans l’Église, dans la société et avec toute la création. Le travail pour la promotion d’une vraie fraternité de paix entre les peuples et pour la protection de la création nous encouragera à reconnaître dans l’Eucharistie le seul fondement adéquat pour notre vie et pour notre action.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr. Alfredo Víctor PETIT VERGEL, Évêque titulaire de Buslacena, Évêque auxiliaire de San Cristóbal de La Habana (CUBA)

Pendant l’Année Sainte de l’an 2000 à Cuba, à La Havane, s’est tenu un Congrès eucharistique diocésain qui avait en fait un caractère national. Pendant ce congrès, une procession a été organisée dans les rues, avec un char sur lequel S. Ém. le Cardinal Jaime Ortega a porté l’ostensoir contenant le Saint-Sacrement jusqu’à la cathédrale. Sur la place se sont rassemblés un grand nombre de fidèles pour la bénédiction solennelle. Par ailleurs, un Symposium théologique sur l’Eucharistie a également eu lieu, avec la participation, entre autres, du Cardinal Amigo Vallejo, Archevêque de Séville, en Espagne.
En outre, 2.000 enfants des diverses paroisses ont fait leur Première Communion durant une Messe en plein air célébrée sur l’Avenida del Puerto, devant le Séminaire.
Nous sommes en train de terminer le Plan global de Pastorale 2000-2005 dans lequel s’inscrit, depuis le mois d’octobre dernier, l’Année de l’Eucharistie, qui a coïncidé avec l’Année de la Mission.
Nous considérons que l’Eucharistie est la source et le sommet de la vie de l’Église, et c’est pourquoi nous ne négligeons pas son importance fondamentale dans notre Plan global de Pastorale qui débutera, si Dieu le veut, au mois de février prochain, et qui se fondera sur l’Eucharistie, sans négliger l’élan missionnaire.
Les fidèles, consultés au niveau des communautés, ont choisi neuf thèmes prioritaires, à savoir: la Spiritualité, la Morale, la Mission, la Pastorale liturgique, la Pastorale sociale, la Formation, les Laïcs, la Famille et les Jeunes. Ces thèmes seront à la base du Plan global de Pastorale pour 2006-2011.
D’autre part, depuis plus d’un siècle, il existe chez nous l’Adoration nocturne, avec les mêmes caractéristiques que celles indiquées précédemment par S. Exc. Mgr Jose Guadalupe Martin Rabago, président de la Conférence épiscopale du Mexique.
Malgré la pénurie de prêtres, nous avons une grande considération pour l’Eucharistie, qui est célébrée avec un grand respect des normes liturgiques.
Cependant, face aux difficultés et à la quasi impossibilité de construire de nouvelles églises, nous avons créé des “maisons de prière” ou “maisons de mission” dans les quartiers des banlieues et dans les petites villes et les villages où, chaque semaine, voire selon les possibilités, se réunissent de petits groupes de fidèles, pas plus de 40 personnes, sous la conduite d’un laïc engagé, d’une religieuse ou d’un diacre. Lorsqu’un prêtre vient dans ces maisons, la Messe est célébrée avec grande dévotion et un grand respect pour les normes liturgiques, et elle est précédée de la confession sacramentelle pour ceux qui, dans une juste disposition, désirent participer au Pain eucharistique.

[Texte original: espagnol]

– S. Exc. Mgr. Karl-Heinz WIESEMANN, Évêque titulaire de Macriana minore, Évêque auxiliaire de Paderborn (RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D’ALLEMAGNE)

Dans mon intervention, je me référerai en particulier au chapitre III de l’Instrumentum laboris qui traite de la célébration de l’Eucharistie et de l’adoration, en faisant une réflexion sur le mystère de l’Eucharistie.
Malgré la sécularisation, notre temps est empli d’une profonde nostalgie mystique. Mais sommes-nous capables de célébrer l’Eucharistie de telle façon que les hommes en recherche soient attirés par le mystère eucharistique?
La manifestation la plus haute de la Présence du Seigneur, que nous définissons de la manière la plus adéquate par les concepts de Présence réelle et de Transsubstantiation, se révèle pour saint Thomas dans le célèbre hymne Adoro te devote, latens deitas, dans l’acte lui-même, comme la forme la plus élevée du secret sacramentel. Cela n’a rien à voir avec le scepticisme du monde moderne, c’en est même l’exact contraire: l’ouverture de la dialectique sponsale du “chercher pour trouver” et du “trouver pour chercher” qui, précisément à travers le moment qui chaque fois se cache et se soustrait, suscite à nouveau la soif de la “dégustation”suprême de la “viso beata” comme but éternel de ce chercher et trouver, voiler et dévoiler, cacher et se donner.
Cette dimension mystique doit pouvoir s’exprimer aussi dans notre façon de parler de l’Eucharistie et de la célébrer. Ainsi seulement l’Eucharistie pourra montrer son efficacité comme unique vraie réponse à la nostalgie mystique de notre temps, car elle introduit l’homme à une profonde relation d’amour avec le Christ et au mystère du Dieu Un et Trine, en le rendant participant de celui-ci. Ainsi nous devons donner plus d’importance aux gestes et aux formes liturgiques qui expriment aussi ce qui est caché, perceptible seulement dans le silence et qui se soustrait à notre compréhension.

[Texte original: allemand]

– S. Exc. Mgr. Cornelius Kipng’eno ARAP KORIR, Évêque d’Eldoret, Président de la Conférence Épiscopale (KENYA)

Le dimanche, nous nous réunissons tous ensemble afin de célébrer l’Eucharistie et d’être renouvelés dans notre condition de disciples. En célébrant le Mystère pascal du Christ, notre vie est transformée et nous sommes renouvelés et renforcés dans notre vocation à diffuser le Royaume de Dieu. Le fait de nous réunir ensemble le dimanche est une dimension très importante de notre foi et cela révèle notre sentiment d’appartenance à la Trinité et à l’Église, ainsi que notre engagement à abattre les nombreuses barrières qui sont élevées autour de nous par notre situation sociale, ethnique ou financière. À travers le partage du Mystère pascal, nous sommes renouvelés dans notre vocation à être des témoins du Seigneur ressuscité en abattant les barrières qui nous divisent. En nous efforçant de dépasser le tribalisme et la haine, nous grandissons dans notre conscience d’être tous les membres de la même famille, les enfants du même Père.
La proclamation liturgique de la Parole de Dieu est avant tout un dialogue entre Dieu et son peuple, un dialogue dans lequel les merveilles du salut sont proclamées et les exigences de l’alliance sont continuellement réaffirmées. À Dieu qui prend l’initiative de nous parler et d’entrer dans un dialogue d’amour, nous répondons en écoutant et en accueillant le message de vie dans nos cœurs. Le dialogue d’amour que Dieu engage avec nous dans la célébration se
poursuit dans notre vie quotidienne et nous reconduit à nouveau vers la célébration, car notre désir d’être nourris au Banquet de la Parole et de l’Eucharistie devient de plus en plus fort.
Nos Chrétiens attendent avec impatience la célébration dominicale de la Messe. Le sens de la fête, de la célébration et de la joie de nos assemblées eucharistiques doit être partagé avec toute l’Église. C’est la joie d’être ensemble en tant que Famille de Dieu.
“Les Africains ont un profond sens religieux, le sens du sacré, le sens de l’existence de Dieu Créateur et d’un monde spirituel” (Ecclesia in Africa, n°42). La célébration eucharistique dominicale entend tirer profit de cette richesse inhérente afin de consentir aux communautés chrétiennes de participer pleinement et activement au mystère pascal.

[Texte original: anglais]

[Traductions distribuées par le secrétariat général du synode des évêques]

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ZENIT Staff

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