* * *
– S.Em. le Card. Alfonso LÓPEZ TRUJILLO, Président du Conseil Pontifical pour la Famille (CITÉ DU VATICAN)
– S.Em. le Card. Darío CASTRILLÓN HOYOS, Préfet de la Congrégation pour le Clergé (CITÉ DU VATICAN)
– S.Em. Le Card. Nasrallah Pierre SFEIR, Patriarche d’ Antioche des Maronites, Chef du Synode de l’Église Maronite (LIBAN)
– S. Exc. Mgr. Aleksander KASZKIEWICZ, Évêque de Grodno (BIÉLORUSSIE)
– S. Exc. Mgr. Dominik DUKA, O.P., Évêque de Hradec Králové (RÉPUBLIQUE TCHÈQUE)
– S.Em. Le Card. Juan Luis CIPRIANI THORNE, Archevêque de Lima (PÉROU)
– S.Em. Le Card. Karl LEHMANN, Évêque de Mainz, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D’ALLEMAGNE)
– S. Exc. Mgr. Henryk MUSZYŃSKI, Archevêque de Gniezno (POLOGNE)
– S.Em. le Card. Francis ARINZE, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements (CITÉ DU VATICAN)
– S. Exc. Mgr. Rosario Pio RAMOLO, O.F.M. Cap., Évêque de Goré (TCHAD)
– S. Exc. Mgr. Juan Antonio UGARTE PÉREZ, Archevêque de Cuzco (PÉROU)
– S. Exc. Mgr. Brian Michael NOBLE, Évêque de Shrewsbury (GRANDE-BRETAGNE (ANGLETERRE ET PAYS DE GALLES)
– S. Exc. Mgr. Cornelius Fontem ESUA, Archevêque Coadjuteur de Bamenda (CAMEROUN)
– S. Exc. Mgr. Theotonius GOMES, C.S.C., Évêque titulaire de Zucchabar, Évêque auxiliaire de Dhâkâ (BANGLADESH)
– S. Exc. Mgr. Joseph Mohsen BÉCHARA, Archevêque d’Antélias des Maronites (LIBAN)
– S. Exc. Mgr. Denis George BROWNE, Évêque d’Hamilton en Nouvelle-Zélande, Président de la Fédération des Conférences des Évêques Catholiques d’Océanie (F.C.B.C.O.) (NOUVELLE-ZÉLANDE)
– S.Em. Le Card. Jean-Louis TAURAN, Archiviste et Bibliothécaire de de la Sainte Église romaine (CITÉ DU VATICAN)
– S. Exc. Mgr. William Joseph LEVADA, Archevêque émérite de San Francisco, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (San Francisco, CITÉ DU VATICAN)
– S.Em. Le Card. Péter ERDŐ, Archevêque d’Esztergom-Budapest, Président de la Conférence Épiscopale (HONGRIE)
– S. Exc. Mgr. Adrian Leo DOYLE, Archevêque de Hobart (AUSTRALIE)
– S. Exc. Mgr. Anthony MUHERIA, Évêque d’Embu (KENYA)
– S. Exc. Mgr. Tarcisius Gervazio ZIYAYE, Archevêque de Blantyre (MALAWI)
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– S.Em. le Card. Alfonso LÓPEZ TRUJILLO, Président du Conseil Pontifical pour la Famille (CITÉ DU VATICAN)
Il s’agit d’un problème brûlant dans un grand nombre de nations et de parlements. Aujourd’hui, les projets de loi et les choix faits ou à faire mettent en grand danger “la merveilleuse nouvelle”, c’est-à-dire l’évangile de la famille et de la vie, qui forment une unité indissociable. L’avenir de l’homme et de la société est en jeu, et sous de nombreux aspects, la possibilité naturelle d’une évangélisation intégrale.
Il existe, comme on l’entend souvent, une fausse argumentation pour un soi-disant libre choix politique, qui aurait le primat sur les principes évangéliques et également sur la référence à une juste raison. Le positivisme juridique serait une explication suffisante. Les positions ambiguës des législateurs sur le divorce, sur les couples de fait, qui tout du moins implicitement constitueraient une alternative au mariage, même si ces unions ne sont qu’une “fiction juridique”, “de l’argent faux mis en circulation”, nous sont bien connues. Pire encore, lorsqu’il s’agit de “couples” du même sexe, situation jusqu’à présent inconnue dans l’histoire culturelle des peuples et dans le droit, même s’ils ne sont pas présentés comme “mariage”.
Il est certainement encore plus destructeur de présenter cette fiction juridique comme “mariage” et prétendre le droit à l’adoption des enfants. Toute cette tendance, qui peut envahir tant de nations, est nettement contraire au droit divin, aux commandements de Dieu, et c’est une négation de la loi naturelle. Le tissu social est mortellement blessé. Il a pour conséquence une influence désastreuse sur les droits et sur la vérité concernant l’homme, lequel ne saisit plus le caractère “transcendant” de son “existence en tant qu’homme” et n’est plus qu’un instrument et un objet dans les divers attentats contre la vie, à commencer par le crime abominable de l’avortement.
Peut-on permettre l’accès à la communion eucharistique à ceux qui nient les principes et les valeurs humaines et chrétiennes? Les hommes politiques et les législateurs ont une grande responsabilité. On ne peut pas séparer une soi-disant option personnelle du devoir socio-politique. Il ne s’agit pas d’une question “privée”, il faut l’acceptation de l’Évangile, du Magistère et de la juste raison! Comme pour tous, également pour les hommes politiques et les législateurs, la parole de Dieu est valable: “Quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement…, mange et boit sa propre condamnation” (1 Co 11, 27, 29).
Dans l’Eucharistie est réellement présent le Seigneur de la famille et de la vie, de l’amour, de l’alliance qui unit les époux. Dieu est le Créateur de la dignité humaine. La question ne peut pas être résolue d’une manière conjoncturelle, selon la variété des attitudes dans les différents pays, sinon la conscience des chrétiens et la communion ecclésiale s’avéreraient offusquées et confuses. Toutes ces questions doivent être clarifiées et éclairées par la Parole de Dieu à la lumière du Magistère de l’Église, dans la splendor Veritatis. Les hommes politiques et les législateurs doivent savoir que, en proposant ou en défendant les projets de lois iniques, ils ont une grave responsabilité et doivent remédier au mal fait et diffusé pour pouvoir accéder à la communion avec le Seigneur qui est le chemin, la vérité et la vie (cf. Jn 14, 6).
[Texte original: italien]
– S.Em. le Card. Darío CASTRILLÓN HOYOS, Préfet de la Congrégation pour le Clergé (CITÉ DU VATICAN)
Je fais surtout référence aux numéros 6, 25 à 33, 34 et 18 de l’Instrumentum Laboris.
Ce Synode professe et confirme la foi séculaire de l’Église dans le grand sacrement qui surpasse tous les autres parce qu’en lui est contenu, sous l’apparence des espèces consacrées, de manière véritable, réelle et substantielle, Notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme. Dans l’Eucharistie, parce que vraiment homme et réellement présent, je peux parler avec mon Seigneur, je peux m’adresser à Lui sans avoir peur de la pauvreté de mon langage et de mes sentiments; et parce qu’Il est vraiment Dieu, s’ouvre devant moi un horizon infini de contemplation, un terrain de sécurité et de certitudes. Mais le peuple catholique sait-il, avec une sagesse vitale, ce qu’est la sainte Eucharistie? La faible participation à l’Eucharistie dominicale, la disparition des associations de culte eucharistique, le manque de cohérence de nombreuses personnes entre leur pratique eucharistique et leur vie, l’habitude généralisée de communier sans s’être confessé, la pratique du sacrement de la part de divorcés remariés et des personnes violentes suscitent la question suivante: le peuple catholique sait-il vraiment ce qu’est l’Eucharistie? On ne connaît pas assez profondément la grandeur du mystère d’un Dieu qui se fait pain et compagnie, qui séjourne sous la tente du pèlerin pour offrir son amour rédempteur.
Je me permets de proposer quelques solutions:
1. Une catéchèse à tous les niveaux, selon les cultures, les âges, les conditions intellectuelles, économiques et sociales.
2. Ceux qui sont appelés à mettre en oeuvre ce projet sont les prêtres. Choisis depuis toujours par le Père, il ont reçu le sceau du Christ. Fidèles à leur mission, ils ont besoin d’un soutien dans la fatigue du chemin, d’aide et de compréhension dans la fragilité et de guides pour la sainteté. Ils sont plus d
e 400.000 à ne pas avoir oublié le mandat “faites cela en mémoire de moi” et forment un vaste réseau capillaire. Nous pourrions demander respectueusement à ce que, dans l’Exhortation post-synodale, le Saint-Père les encourage et les stimule. Ce sont eux qui, formés et suivis, peuvent remplir les vides, corriger les abus, donner un enseignement sain et fort. Ils peuvent stimuler et diriger les animateurs laïcs des communautés privées de prêtre stable et célébrer l’Eucharistie, si les circonstances l’exigent, de manière presque itinérante. Avec les prêtres, il y aura les religieux et les religieuses, les familles, les mouvements, les catéchistes, les jeunes, tous ces laïcs engagés, nourris et motivés par l’Eucharistie elle-même.
Dans cette entreprise catéchistique, nous pouvons compter sur deux instruments puissants: le Catéchisme de l’Église catholique et le Compendium du Catéchisme donné récemment à l’Église par le Saint-Père.
3. Pour célébrer un culte convenable de l’Eucharistie, il faut récupérer le sens du mystère et de la pieuse vénération du sacré. La dignité du rite exclut la superficialité, la banalisation du sacré. Les abus offusquent la richesse de la réforme liturgique.
4. Une action au niveau mondial en vue de la sanctification des ministres de l’Eucharistie s’impose: une profonde réflexion spirituelle, une prière constante, des journées de jeûne et de contemplation silencieuse du visage eucharistique de Jésus, le Seigneur. Tout cela communiquera force et vie à l’ensemble de la famille catholique. La richesse représentée par le célibat, don précieux de l’Esprit Saint, élève l’être et la figure eucharistique du prêtre. Dans le cadre de la culture sexuelle actuelle, le mariage des prêtres ne constituerait ni une garantie ni une sécurité face aux problèmes d’ordre moral qui touchent certains prêtres.
Le Synode peut demander au Saint-Père qu’il nous donne la force d’apprécier toujours plus dans notre Église le don inestimable du célibat et barre la route à de fausses attentes qui peuvent créer inquiétude et confusion.
[Texte original: espagnol]
– S.Em. Le Card. Nasrallah Pierre SFEIR, Patriarche d’ Antioche des Maronites, Chef du Synode de l’Église Maronite (LIBAN)
1 – Je me réfère à la relatio ante disceptationem chapitre a2 intitulé des hommes éprouvés, où il est question du célibat des prêtres catholiques. Le texte dit: « pour suppléer à la pénurie des prêtres , certains guidés par le principe: « salus animarum suprema lex », réclamant l’ordination des fidèles mariés, de foi et de vertu éprouvées, plutôt que de laisser des paroisses sans service sacerdotal.
2 – Il y a là un problème que personne ignore. Il mérite qu’on y réfléchisse sérieusement. Dans l’Église maronite, on admet des prêtres maries. La moitié de nos prêtres diocésains sont mariés. Mais il faut avouer que le mariage des prêtres, s’il résout un problème, il en crée d’autres aussi graves. Un prêtre marié a le devoir de s’occuper de sa femme et de ses enfants, leur assurer une bonne éducation, les caser socialement. Aussi la prêtrise a-t-elle été un moyen de promotion sociale au Liban.
Une autre difficulté surgit pour un prêtre marié, c’est celle de ne pas s’entendre avec ses paroissiens. Malgré cela, il arrive que son Evêque ne peut pas le muter, en raison de l’impossibilité pour sa famille de se déplacer avec lui. Malgré tout, ces prêtres mariés ont préservé la foi du peuple dont ils ont partagé la vie dure. Sans eux, cette foi aurait disparu.
3 – D’autre part, le Célibat est le joyau le plus précieux dans le trésor de l’Église Catholique. Mais comment le garder dans une atmosphère érotisée: Journaux, Internet, affiches, spectacles, tout s’étale sans honte et ne manque pas de blesser la vertu de la chasteté. Il va de soi que, une fois ordonné, un prêtre ne peut plus contracter mariage. Envoyer des prêtres dans un pays qui en manque, d’un pays qui en a beaucoup, n’est pas une solution idéale, si l’on tient compte des traditions, des habitudes et des mentalités.
Le problème reste posé. Il faut prier le Saint Esprit de suggérer à son Église les moyens de lui trouver une solution adéquate.
[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr. Aleksander KASZKIEWICZ, Évêque de Grodno (BIÉLORUSSIE)
Dans mon intervention, je voudrais rappeler la deuxième partie de l’Instrumentum Laboris, à savoir la foi de l’Église dans le Mystère eucharistique. Plus précisément, le sujet que je traiterai est lié à la conclusion de cette deuxième partie. Le point de départ de la réflexion est l’expérience vécue par l’Église locale en Biélorussie par rapport à ce qui peut s’observer dans les autres pays du monde.
Il en découle un certain nombre de propositions concrètes:
– restituer au tabernacle sa place centrale à l’intérieur des églises, afin de souligner la foi en la présence réelle de Jésus dans les signes sacramentels;
– préparer une règlementation précise relative à la réalisation des projets des édifices sacrés, afin que l’architecture elle-même puisse aider à mener l’homme à la rencontre avec Jésus-Eucharistie;
– même si certaines églises sont également des monuments historiques, il est nécessaire d’y créer un climat de profond respect envers le Très Saint Sacrement, afin que leur caractère de maison de Dieu ne soit pas diminué pour des raisons d’ordre financier ou commercial;
– rendre les églises accessibles y compris en dehors des célébrations, afin de permettre aux personnes de rencontrer Jésus présent dans le Très Saint Sacrement;
– promouvoir l’adoration eucharistique, surtout dans les villes, au moins quelques heures par jour, en l’accompagnant de la possibilité de la réconciliation sacramentelle. Notre expérience nous dit que les lieux d’adoration eucharistique concourent à la croissance d’une dévotion saine.<br>
[Texte original: italien]
– S. Exc. Mgr. Dominik DUKA, O.P., Évêque de Hradec Králové (RÉPUBLIQUE TCHÈQUE)
Quand nous faisons l’expérience de la vie de l’Église au travers de l’Eucharistie, nous ne pouvons espérer qu’il s’agisse d’une “expérience sans tensions”. S’il n’y a pas de tensions, il n’y a pas de vie! Nombre d’entre nous sont convaincus qu’il existe une “liturgie tridentine” et une “liturgie postérieure au Concile Vatican II”. Mais ce n’est pas vrai. Il existe des liturgies différentes et les liturgies ont toujours connu des évolutions différentes. Nous devons avoir une grande considération pour la liturgie de l’Église orientale, mais également pour la nouvelle évolution de la “liturgie latine”.
Quand la liturgie byzantine fut élaborée, pour rendre honneur au Christ, elle eut recours au cérémonial de la cour impériale, tout en préservant, dans le même temps, la fidélité au mystère du Fils de Dieu. Dans ce sens, il faut admettre également des modalités différentes de vénération du Christ en Asie, en Afrique ou en Europe. La différence entre la liturgie latine et la liturgie byzantine est plus profonde que celle qui existe entre le “rite tridentin” et la “liturgie du Zaïre”!
L’étude de l’histoire de la Liturgie et des sacrements encourage également une nouvelle action liturgique. On ne peut tout réduire à la seule obéissance aveugle aux rubriques. Nous avons besoin également d’apprécier le sens profond qui est inhérent à la liturgie et celui qui provient de la liturgie.
[Texte original: allemand]
– S.Em. Le Card. Juan Luis CIPRIANI THORNE, Archevêque de Lima (PÉROU)
Au n° 37 de l’Instrumentum laboris, il est rappelé que la Sainte Messe est Sacrifice Sacramentel;
mais il faut ajouter que toute la vie du Christ présente un caractère sacrificiel. Le chrétien trouve en la Messe un lieu privilégié pour rec
hercher son identification avec le Christ. Pour cette raison, la meilleure réponse de l’Église à la culture sécularisée est le “scandale de la Croix” (Ga 5, 11), fondement de la pastorale de sainteté qu’il faut proposer. Deux lignes d’action sont suggérées:
l’une, qui s’adresse à tous les fidèles, est de rendre la confession plus accessible en proposant des horaires compatibles avec la journée de travail, en facilitant la présence de confesseurs avant et
durant les cérémonies, en encourageant le droit à utiliser des sièges avec guichet, et en n’augmentant pas les ministres extraordinaires de la Communion. L’autre, centrée sur la sainteté des prêtres et des séminaristes, est de recommander la pratique fréquente de la confession, la sélection des candidats au sacerdoce et le soin attentif apporté au séminaire.
[Texte original: espagnol]
– S.Em. Le Card. Karl LEHMANN, Évêque de Mainz, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D’ALLEMAGNE)
Un Synode des évêques fait référence à la pratique de l’Église, mais il doit aussi prendre en considération les notions théologiques qui sont d’une grande aide. L’examen du thème de l’Eucharistie a pendant longtemps été influencé par le refus des tendances réformatrices. Ce qui a été nécessaire et qui a préservé la foi de l’Église.
Grâce aux mouvements bibliques, patristiques, liturgiques et oecuméniques du XXème siècle, nous avons redécouvert notre riche tradition. Beaucoup a été intégré par le Concile Vatican II et dans les documents qui ont suivi, mais il reste encore beaucoup de cette grande richesse à accueillir et à assimiler d’une manière féconde. Il s’agit en premier lieu de: l’Eucharistie comme expression complète de gratitude envers le Dieu Trine, la mémoire (anamnèse, mémoire) en tant que caractère fondamental, le sacrifice en tant que don de soi de Jésus-Christ,l’ invocation de l’Esprit, la communion eucharistique et l’unité de l’Église.
Nous pouvons, ainsi, mieux comprendre la richesse de notre foi et résoudre, en outre, certains problèmes oecuméniques. Les classiques décisions dogmatiques peuvent très bien s’insérer dans ce contexte et elles restent indispensables. De cette façon, nous pouvons également mieux répondre au mandat que l’évêque confie à chaque prêtre dans l’Ordination: “Sois conscient de ce que tu fais!” Le Synode des Évêques représente donc une grande opportunité.
[Texte original: allemand]
– S. Exc. Mgr. Henryk MUSZYŃSKI, Archevêque de Gniezno (POLOGNE)
Le numéro 54 de l’Instrumentum Laboris “Parole et Pain de Vie” exige un approfondissement biblique et théologique. Tant l’Écriture Sainte que la Tradition patristique témoignent de l’interdépendance entre la Parole et le Pain divin et l’analogie (et non pas l’identité) entre le Verbe qui s’est fait chair et la Parole de Dieu “incarnée” dans notre nature humaine. Dans les deux cas, le Christ, Verbe de la Vie éternelle (1Jn 1, 3), se donne comme nourriture salvifique. Un rapport étroit entre la parole et le Pain provient du caractère central de la Personne et de la mission du Ressuscité (cf. le récit des pèlerins d’Emmaüs: la présence du Christ dans les Écritures prépare les disciples à comprendre le mystère de sa présence dans le pain rompu). De la même manière, le pain de la vie (Jn 6, 5; cf. 6, 51) correspond au verbe de la vie (1Jn 1, 1, cf. Jn 6, 68). Le même parallélisme se retrouve également dans l’ancienne tradition chrétienne, par exemple chez Origène (Scholia in Mattheum 17, 14-21), Tertulien (De res. mort 37, 11), saint Irénée (Adv Haereses 4.23, 22-29), Césaire d’Arles (Sermo 78, 2) et saint Jérôme: [nous] pouvons nous nourrir de son Corps et boire son Sang non seulement dans le mystère de l’Eucharistie, mais également par le biais de la lecture de l’Écriture Sainte (Jérôme, In Eccles. 3, 12).
[Texte original: italien]
– S.Em. le Card. Francis ARINZE, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements (CITÉ DU VATICAN)
Dans le cadre de la Célébration eucharistique, l’ars celebrandi se réfère à la participation intérieure et extérieure du célébrant et de l’assemblée. Il souligne l’importance d’éprouver un sentiment vif de contemplation émerveillée, presque de stupeur sacrée, face au Mystère de Dieu qui se révèle et nous donne ses richesses dans la Sainte Eucharistie. Il exige un silence réceptif et une réaction de prière qui procède de l’écoute des coeurs ouverts à l’action, cachée mais puissante, de l’Esprit Saint.
L’ars celebrandi impose de sérieuses exigences au prêtre qui célèbre le Sacrifice eucharistique: la conscience du ministère reçu lors de l’ordination (“agnosce quod agis, imitare quod tractas”) et la conscience qu’il agit “in persona Christi” et en tant que ministre de l’Église universelle. Il incite le prêtre à approfondir sa connaissance de la liturgie, de l’Écriture et de la théologie et souligne l’importance de la formation continue des prêtres qui exercent le ministère. En réalité, de nombreux “abus liturgiques sont souvent causés par l’ignorance” ou par “une fausse conception de la liberté” (Redemptionis Sacramentum, 7, 9).
L’ars celebrandi aide le prêtre à avoir une attitude pleine de foi et une posture disciplinée lors de la Messe. D’un côté, il ne peut pas s’isoler des présents, de l’autre, il ne doit pas devenir lui-même le protagoniste. La liturgie n’est pas en premier lieu ce que nous faisons mais ce que nous recevons dans la foi.
Quant aux autres participants à la célébration de l’Eucharistie – les servants d’autel, les lecteurs, le choeur, etc. – l’ars celebrandi exige d’eux une bonne préparation, la foi, l’humilité et une attention centrée sur le mystère sacré plutôt que sur soi.
Quand la Messe est célébrée dans cet esprit, elle nourrit la foi et l’exprime avec force – lex orandi, lex credendi. Grâce à une compréhension véritable du rôle des normes liturgiques, une telle célébration est exempte de toute banalisation et de toute désacralisation. Elle renvoie chez lui le peuple de Dieu après l’avoir nourri de manière appropriée, revitalisé spirituellement et envoyé de manière dynamique pour évangéliser.
Le rôle de l’Évêque diocésain en matière de promotion de l’ars celebrandi est d’une importance cruciale (cf. Sacrosanctum Concilium, 41; Instrumentum Laboris, 52). Les Messes célébrées dans les cathédrales, dans les grands sanctuaires et centres de pèlerinage, ainsi qu’à l’occasion de grands rassemblements de fidèles doivent être des modèles en matière d’ars celebrandi.
[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr. Rosario Pio RAMOLO, O.F.M. Cap., Évêque de Goré (TCHAD)
Très Saint Père, chers frères synodaux, frères et sœurs dans le Christ.
Je parle au nom de la Conférence Episcopale du Tchad et en mon nom prope
Au Tchad les premiers missionnaires catholiques sont arrivés en 1929.
Aujourd’hui, les chrétiens catholiques représentent environ 20 % des 7 millions d’habitants répartis sur 7 diocèses et 1 préfecture apostolique.
L’Eglise du Tchad est en pleine croissance et elle vit sa foi surtout autour des sacrements dont le Baptême et l’Eucharistie sont les piliers de nos communautés. En matière d’Eucharistie, notre pays est en train de vivre une «première» : un Congrès Eucharistique National qui sera célébré en janvier prochain. Cela a été préparé pendant trois ans par des Congrès Eucharistiques Paroissiaux et Diocésains qui contre toute attente ont été de vraies réussites.
1. Nos ioies autour de Jésus Eucharistie
Les célébrations eucharistiques dominicales sont les moments les plus attendus de la semaine par les communautés tant au niveau des grands centres que dans les v
illages les plus reculés. L’Eucharistie occupe une place très importante dans la vie de nos communautés et des fidèles. Toutes les célébrations eucharistiques, surtout celles dominicales, sont des moments de fête. Elles sont l’expression de notre salut et le signe de notre unité. Les chrétiens sont fiers d’y participer. La liturgie est rendue vivante par les chants et les danses que les chrétiens enchaînent aux différents moments de la célébration. La participation nombreuse des enfants et des femmes rend encore plus festive et joyeuse cette liturgie.
2. Nos inquiétudes
Les diocèses n’ont pas de prêtres en nombre suffisant pour couvrir les besoins des communautés chrétiennes, ainsi, beaucoup de chrétiens restent sans célébration eucharistique et sans communion les dimanches.
Les ministres extraordinaires de l’Eucharistie ne sont pas suffisamment préparés pour ce ministère. Il y a souvent confusion chez les fidèles entre célébration eucharistique et célébration de la Parole de Dieu en l’absence du prêtre. Cette confusion est encore plus grande lorsqu’à cette dernière on associe la communion eucharistique.
La perte du sens du sacré est l’un des problèmes les plus important que nous rencontrons aujourd’hui dans les célébrations eucharistiques. Le sens du sacré, c’est une réalité qui actuellement dépasse les fidèles et qui pour differentes raisons ne fait plus partie de leur héritage culturel.
Une autre difficulté est causée par le peu de fidèles qui communient pendant les célébrations eucharistiques à cause des situations matrimoniales: retard dans la régularisation du mariage, peur du sacrement de mariage, polygamie…La même situation est vécue par les couples mixtes.
3. Essais de solutions
Face à tous ces problèmes, il faudrait élaborer une catéchèse pour l’approfondissement de la foi des chrétiens adultes.
Penser à l’institution du diaconat permanent pour que les communautés chrétiennes bénéficient de la communion eucharistique chaque dimanche.
Revitaliser officiellement l’institution des ministres extraordinaires de l’Eucharistie, même si le problème de moyens de transport pour les grandes distances et le problème économique restent entiers.
Au delà de toutes ces joies, malgré ces inquiétudes et ces difficiles tentatives de solutions, l’Eucharistie reste pour notre Eglise le centre de toute vie chrétienne et de nos célébrations. Qu’elle devienne source et sommet de la vie et de la mission de cette jeune Eglise Famille de Dieu qui est au Tchad.
Merci.
[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr. Juan Antonio UGARTE PÉREZ, Archevêque de Cuzco (PÉROU)
Au n°50 de l’Instrumentum Laboris sont indiquées quelques dispositions pour recevoir dignement le Corps du Christ. Cette considération me fournit l’occasion de commenter un point important à ce sujet: la distribution de la communion dans la main. Dans les modalités établies initialement pour cette pratique – limitée à des groupes de personnes ayant une bonne formation – il s’agissait certainement d’un choix acceptable. Dans ce cas, on ne court pas le risque que des abus soient commis, ce qui n’est pas le cas malheureusement quand la communion est distribuée dans la main à tous, c’est-à-dire sans qu’il soit garanti que ceux qui la reçoivent aient une formation suffisante et de bonnes intentions. Pour ceux qui sont conscient de ce risque, cette pratique se transforme souvent en source de tensions, aussi bien pour le prêtre, qui doit rappeler à l’ordre ceux qui ne consomment pas immédiatement l’hostie consacrée, que pour les autres fidèles qui assistent à de telles situations. En définitive, par respect pour le Très Saint Sacrement et comme mesure de prudence, je pense qu’il conviendrait que cette assemblée examine l’opportunité de suggérer des normes pour limiter cette pratique à de petits groupes de personnes de bonne foi et de formation certaine.
[Texte original: espagnol]
– S. Exc. Mgr. Brian Michael NOBLE, Évêque de Shrewsbury (GRANDE-BRETAGNE (ANGLETERRE ET PAYS DE GALLES)
Le numéro 71 porte sur l’importance de la Messe dominicale pour la survie de la foi. Pour cette raison, elle doit “être garantie au plus grand nombre possible de fidèles”.
Mais, dans de nombreux diocèses, du fait de la diminution du nombre de prêtres disponibles, cela est difficile et semble devoir l’être à l’avenir toujours davantage.
Les numéros 55 et 56 de l’Instrumentum Laboris attirent l’attention sur certaines conséquences de cette situation: les Liturgies de la Parole substitutives peuvent réduire le culte chrétien à un service de l’assemblée. Il peut se créer une confusion entre ministère ordonné et ministère non ordonné. À cela, ne doit-on pas ajouter le danger que les prêtres en viennent à assumer un rôle presqu’exclusivement limité au culte ce qui mettrait en danger les dimensions prophétique et pastorale du ministère ordonné? Et une part importante de notre Tradition n’est-elle pas précisément d’établir un lien étroit entre le fait de présider l’Eucharistie et celui de présider à l’amour au sein d’une communauté?
La prière pour les vocations et un partage des prêtres entre différentes Églises (55) sont des pas en avant, mais je suggérerais la nécessité d’une approche plus urgente. Si l’Eucharistie est la source et le sommet de notre vie et de notre mission, ne devrions-nous pas avoir pour priorité de prendre des mesures adéquates en vue de sa célébration? Et pour combien de temps certaines communautés doivent-elles demeurer des “communautés en attente d’un prêtre”?
C’est pourquoi je propose au Saint-Siège de consulter les Évêques afin de mesurer l’étendue du problème et de demander notre point de vue sur la meilleure manière de le traiter dans les pays où le besoin est le plus aigu.
[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr. Cornelius Fontem ESUA, Archevêque Coadjuteur de Bamenda (CAMEROUN)
L’Instrumentum Laboris, au numéro 47, déplore le fait que “la Parole de Dieu n’est pas toujours proclamée de façon adéquate”.
Afin de souligner l’importance de la Liturgie de la Parole au cours de la Célébration eucharistique, il devrait, en premier lieu, exister dans nos paroisses une bonne organisation du Ministère pastoral biblique (l’Apostolat biblique), ce qui permet d’enseigner aux fidèles le respect et la vénération de la Parole de Dieu (cf. Dei Verbum n°21). Des Bibles sont placées au sein des foyers, dans les communautés et dans les églises chrétiennes pour la vénération et la prière, de même que l’Eucharistie est réservée dans nos églises et nos chapelles pour l’adoration et la prière. Les fidèles apprennent à lire, à prier, à méditer la Parole de Dieu qui est vivante, agissante et puissante. Cela aiderait aussi bien les ministres ordonnés que non ordonnés à proclamer la Parole de Dieu de façon plus significative pendant la célébration liturgique, et les fidèles à l’écouter avec profit et avec l’attention et la vénération voulues. Une organisation adéquate de l’Étude biblique et des groupes de partage sur l’Évangile, surtout au niveau des petites Communautés chrétiennes, préparerait mieux les fidèles à une écoute plus attentive et fructueuse de la Parole de Dieu proclamée pendant la célébration de l’Eucharistie.
En deuxième lieu, il conviendrait de mettre l’accent sur l’importance de l’homélie qui explique la Parole de Dieu aux fidèles en reliant la Parole à l’Eucharistie, ce qui permet aux participants de continuer à vivre l’Eucharistie, d’en témoigner par la charité et de partir en mission à la fin de la Célébration. Un effort devrait être fait pour montrer l’accomplissement des prophéties de l’Ancien Testament en Jésus Christ, dernière Parole dite par Dieu à l’humanité, Lui qui continue à nous parler aujourd’hui par sa Parole sal
vifique dans les situations concrètes de la vie. Sans la prédication, la Célébration eucharistique pourrait être considérée comme un acte magique. C’est l’homélie qui fait la différence entre la Célébration chrétienne de l’Eucharistie et les sacrifices des religions traditionnelles africaines, souvent accompagnés par des invocations et des formules magiques, prononcées parfois dans une langue qui n’est pas comprise des participants.
En troisième lieu, la procession solennelle avec l’Évangéliaire juste avant la proclamation de l’Évangile (la Petite entrée byzantine) conçue comme “entrée mystique du Verbe incarné et sa présence parmi l’assemblée des croyants” (n°46) ne suffit pas à montrer toute l’importance de la Liturgie de la Parole. Dans certaines Églises particulières d’Afrique, et en particulier dans de nombreux diocèses du Cameroun, la Liturgie de la Parole est introduite par un Lectionnaire solennel ou par une Procession de la Bible, juste après la Prière d’entrée et pas juste avant la proclamation de l’Évangile. L’assemblée est ainsi invitée à écouter la Parole de Dieu avec attention et révérence, comme elle écouterait un chef traditionnel s’adresser à elle, ou qu’un message de lui est proclamé devant elle. Tout cela contribuerait à bien montrer l’importance de la Parole de Dieu, et à souligner que c’est Dieu lui-même qui s’adresse à son peuple lorsque sa Parole – qu’elle soit tirée de l’Ancien ou du Nouveau Testament – est proclamée pendant la Célébration eucharistique. Les fidèles l’écouteraient avec plus de révérence, comme ils le font au moment de la Consécration.
[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr. Theotonius GOMES, C.S.C., Évêque titulaire de Zucchabar, Évêque auxiliaire de Dhâkâ (BANGLADESH)
Les points qui suivent constituent quelques aspects de l’Eucharistie qui requièrent une action pastorale:
a) L’Eucharistie comme nourriture: L’Écriture évoque la nourriture comme un besoin terrestre essentiel, lié à la Création, dans le désert du Sinaï, dans la “Prière du Seigneur”; la multiplication des pains exprime sa “suffisance et sa plénitude”, l’Eucharistie indique sa sainteté intérieure. La nourriture, qui conserve notre corps uni à notre esprit, a un objectif spirituel; reçue comme pain quotidien, dans l’attitude d’esprit du “pauvre”, elle devient une chose sainte. La nourriture prise de manière lascive perd son caractère saint. L’oppression, la mort de tant de personnes dûe au manque de nourriture est très fortement “non eucharistique” et constitue une situation humiliante de péché dans notre monde avancé, nous rendant moins dignes de célébrer l’Eucharistie. De manière très concrète, l’Église locale, au niveau de la paroisse et du diocèse, et à de plus hauts niveaux, les communautés nationales et internationales elles-mêmes, doivent s’occuper de la situation substantielle, comme d’une obligation et d’une tâche eucharistique.
b) L’Eucharistie comme corps: L’Eucharistie comme corps de Jésus désigne notre corps comme saint et eucharistique et non pas comme un poids et un objet bloquant notre esprit. Il y a une communion entre le corps et l’esprit, et non pas une dichotomie. Nous devons prendre soin “spirituellement” de notre corps. Le corps souffrant de personnes atteintes de graves maladies, de personnes âgées ou de mourants, d’handicapés graves et de ceux qui sont profondément oppressés et violentés dans leur corps, participe au mystère de l’Eucharistie, manifestant le pouvoir intérieur, la gloire et la beauté. Unis au Christ par leurs blessures, nous sommes guéris.
c) L’Eucharistie crée la Communauté: La célébration eucharistique elle-même, en créant une communion sacramentelle et mystique avec Jésus, devrait nous conduire à une communion plus concrète au sein de la communauté locale. Très concrètement, les Offrandes de la célébration eucharistique peuvent être directement mises à disposition des pauvres de la communauté locale, faisant découler nos oeuvres de charité de l’Eucharistie elle-même, les rendant ainsi plus spirituelles et mystiques, plus attrayantes et plus efficaces pour créer la communion au sein de la communauté.
d) La situation oecuménique et interreligieuse croissante requiert une présence plus significative de non-Catholiques et de non-Chrétiens lors de nos célébrations eucharistiques, afin de manifester plus pleinement leur proximité à notre encontre. Dans les considérations doctrinales et plus largement pastorales, devrait être envisagée une participation maximale et une présence active de leur part incluant tous ceux qui ne sont pas en mesure de recevoir l’Eucharistie.
[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr. Joseph Mohsen BÉCHARA, Archevêque d’Antélias des Maronites (LIBAN)
Au n° 49 de l’I. L., un petit paragraphe est consacré à l’Épiclèse.
Je voudrais attirer l’attention sur deux points:
1° – on gagnerait beaucoup si l’on accordait plus de place aux prières eucharistiques, si nombreuses, utilisées dans les liturgies orientales, pour pouvoir présenter une vue complète du thème du synode.
2° – projeter rapidement quelques lumières sur la conception de l’Épiclèse dans la tradition syro-maronite, notamment chez saint Ephrem.
Dans cette tradition, Consécration et Épiclèse sont intimement liées, parce qu’elles relèvent d’une conception globale de l’économie salvifique qui y est dévelopée, depuis la création jusqu’à la Parousie.
Les prières eucharistiques accordent une place importante au rôle de l’Esprit Saint, vivificateur et divinisateur, non seulement du pain et du vin, mais aussi de toute l’Assembleé chrétienne qui célèbre les Saints Mystères.
Plus précisément, le rôle de l’Esprit dans la célébration eucharistique est lié à son rôle dans la résurrection du Christ. En effet, l’autel symbolise le tombeau, les espèces du pain et du vin, le corps et le sang du Christ livrés sur la croix et enseveli. Comme le Christ a été ressuscité par la force de l’Esprit, ainsi en est-il des espèces: pain et vin deviennent corps et sang du Christ ressuscité. La prière eucharistique de saint Jacques, du IV siècle, est assez éclairante là-dessus.
Il est clair que la dynamique de l’Épiclèse n’est pas confinée dans des limites déterminées; elle a davantage une dimension ecclésiale infinie.
saint Ephrem est plus explicite en s’adressant à l’Église :« …mange le Feu dans le pain; bois l’Esprit dans le sang ; pare toi du Feu et de l’Esprit et entre dans la chambre des lumières».
Feu et Esprit sont associés au pain et au vin eucharistiques parce qu’ils traduisent la même réalité pneumatique, agissant tout au long de la Bible, notamment au Baptême du Christ, à sa Résurrection et à la Pentecôte. Aux yeux d’Ephrem, c’est le même pneuma qui agit aussi au niveau de la vie chrétienne, tant personnelle que communautaire.
Recevoir l’Esprit en recevant le corps eucharistique du Christ, c’est constituer et édifier le Corps du Christ qu’est l’Église, animée par l’Esprit. L’Eucharistie a donc, en même temps, une dimension christique, pneumatique et ecclésiale.
Mettre l’accent de nouveau sur l’Épiclèse montre que l’Église admet le pluralisme et puise dans sa tradition, tant orientale qu’occidentale, les richesses de son patrimoine multiforme.
[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr. Denis George BROWNE, Évêque d’Hamilton en Nouvelle-Zélande, Président de la Fédération des Conférences des Évêques Catholiques d’Océanie (F.C.B.C.O.) (NOUVELLE-ZÉLANDE)
1. Il est important pour nous en tant qu’Église de rappeler que les petites communautés de fidèles catholiques ont autant le droit de participer à l’Eucharistie que leurs frères et soeurs des paroisses grandes et actives. Nous, en tant qu’Églis
e, devons être toujours ouverts à des moyen pour rendre l’Eucharistie plus aisément disponible pour tous nos fidèles. “Ils lui dirent alors: ‘Seigneur, donnes-nous toujours ce pain-là’” (Jn 6, 34). Nous devons être attentifs aux questions que les fidèles nous posent, par exemple: “Pourquoi semble-t-il possible pour d’anciens prêtres mariés de la Communion anglicane d’être ordonnés et de devenir des prêtres catholiques, alors que d’anciens prêtres catholiques dispensés de leur voeu de célibat ne sont pas autorisés à remplir des fonctions pastorales?”.
2. Nous devons encourager sans cesse nos prêtres et nos diacres à être aussi efficaces que possible dans leurs homélies, qui donnent à la fois nourriture, espoir et inspiration à nos assemblées. Les bonnes homélies permettent à nos assemblées d’aborder la liturgie eucharistique avec une foi et un amour accrus pour le Seigneur. Puisse notre peuple être toujours amené, grâce à de bonnes homélies, en compagnie de Jésus-Christ, quand Il conduit l’assemblée de la table de la Parole à celle de l’Eucharistie.
[Texte original: anglais]
– S.Em. Le Card. Jean-Louis TAURAN, Archiviste et Bibliothécaire de de la Sainte Église romaine (CITÉ DU VATICAN)
L’intervention se réfère à la III° partie de l’“Instrumentum Laboris”, “L’Eucharistie dans la vie de l’Église”, chapitre II, n° 66 : “Attitudes d’adoration”.
Dans le monde occidental au moins, la génuflexion est de moins en moins en usage. On ne se met pratiquement plus à genoux durant la célébration de la messe. Les églises étant souvent fermées durant la semaine, la visite au Saint Sacrement est souvent rendue impossible.
Il serait bon que soit rappelée l’importance du témoignage de chrétiens et de communautés qui n’hésitent pas à se mettre à genoux pour témoigner de la grandeur et de la proximité de Dieu dans l’Eucharistie.
Devant l’Eucharistie, l’homme reconnaît qu’il a besoin d’un Autre qui lui donne des énergies nouvelles pour les combats de la vie. Un monde sans adoration serait un monde à la seule mesure de l’homme. Un monde qui ne serait que le monde de la production deviendrait vite irrespirable. Un monde sans adoration n’est pas seulement irréligieux; c’est un monde inhumain!
[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr. William Joseph LEVADA, Archevêque émérite de San Francisco, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (San Francisco, CITÉ DU VATICAN)
Une certaine opposition artificielle entre les homélies à caractère doctrinal et les homélies liturgiques a empêché la formation catéchétique des fidèles, pour qu’ils puissent vivre leur foi dans le monde sécularisé d’aujourd’hui. Cette fausse dichotomie ne peut être surmontée qu’en montrant comment l’aspect doctrinal nous permet de percevoir le sens profond de l’Écriture Sacrée, comme le fait la liturgie elle-même: nous faire rencontrer le Christ, notre Rédempteur.
Je propose donc que le Synode fasse sienne la recommandation (cf. n°47) de demander qu’un programme pastoral soit préparé – non pas à imposer, mais à proposer à ceux qui prêchent dans les célébrations eucharistiques dominicales – sur la base de la répartition en trois ans du Lectionnaire, en reliant la proclamation de la doctrine de la foi aux textes bibliques dans lesquels ces vérités s’enracinent, et en faisant référence au Catéchisme de l’Église Catholique et à son Compendium publié récemment.
[Texte original: italien]
– S.Em. Le Card. Péter ERDŐ, Archevêque d’Esztergom-Budapest, Président de la Conférence Épiscopale (HONGRIE)
Comme nous l’avons entendu dans le rapport du Rapporteur Général, l’“émerveillement” vis-à-vis de l’Eucharistie est une attitude qui correspond à sa très sainte réalité. L’attitude d’adoration doit caractériser en effet notre participation à la célébration eucharistique elle-même. L’adoration du Christ présent dans l’Eucharistie – y compris en-dehors de la Messe – est vraiment une conséquence de notre foi au mystère célébré. Ainsi, Dieu qui est l’Autre par rapport à toute la création, bien qu’Il soit partout présent en ce monde, rencontre l’homme de la façon la plus intense dans la très sainte Eucharistie. De cette manière, le Christ devient la source de notre vie chrétienne, communautaire et individuelle, ainsi que de toute la mission de l’Église.
Le fait qu’ une personne désire ardemment la Communion est une grande valeur dans l’Église catholique, mais il est nécessaire de suivre un parcours adéquat afin d’y parvenir: changer sa vie, recevoir le Sacrement de la pénitence etc.. Ces étapes doivent être franchies réellement, objectivement. Le désir émotionnel ne suffit pas: la réception de l’Eucharistie ne peut pas être vécue avec une mentalité consumériste.
Il serait bon que les prêtres et les fidèles reçoivent une orientation claire, par la promulgation de règles disciplinaires sur ces questions, ainsi que sur la célébration du sacrement de la pénitence pendant la Messe.
L’une des conséquences de la sainteté spéciale de l’Eucharistie est l’ouverture aux pauvres. Dans notre pays, le moment le plus important qui exprime la solidarité envers les pauvres est la quête pendant la Messe.
[Texte original: italien]
– S. Exc. Mgr. Adrian Leo DOYLE, Archevêque de Hobart (AUSTRALIE)
Après avoir lu l’Instrumentum laboris préparé pour ce Synode, je remarque qu’il manque une forte reconnaissance de la merveilleuse contribution apportée par nos prêtres. Dans certaines parties du monde aujourd’hui, y compris mon propre pays l’Australie, la vocation sacerdotale continue d’être une vocation pleine de défis, encore plus peut-être que dans le passé récent.
Je voudrais souligner, dans ce document, le paragraphe 56, où il est exprimé la gratitude pour les catéchistes. Je suis persuadé que cette gratitude est bien méritée, particulièrement dans les régions où l’Église compte beaucoup sur la présence et la contribution des catéchistes.
Une telle affirmation ne vaut-elle pas également pour les milliers de prêtres qui, souvent dans des conditions difficiles, remplissent un ministère irremplaçable en célébrant l’Eucharistie, thème auquel ce Synode a donné une grande attention, en cette Année de l’Eucharistie?
Nombre de prêtres âgés assument souvent de lourdes responsabilités pendant bien plus longtemps que les autres membres la société. Ils ont la responsabilité pastorale d’un nombre bien plus élevé de fidèles qu’au début de leur ministère sacerdotal. Nombreux sont ceux qui doivent parcourir de grandes distances pour servir des communautés disséminées, tandis que d’autres célèbrent l’Eucharistie et les autres sacrements pour un très grand nombre de personnes, avec très peu d’aide. Nombre de jeunes prêtres ont devant eux un avenir qu’ils savent déjà plein de défis, en raison du nombre restreint de prêtres avec lesquels ils partageront leur ministère.
[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr. Anthony MUHERIA, Évêque d’Embu (KENYA)
On a beaucoup mis l’accent sur les manifestations extérieures, parfois au détriment de l’“intériorité inexpressive” du mystère. Le défi pour l’Église en Afrique est le discernement. La Liturgie doit conduire à l’intérieur même du mystère. Dans le discernement sur les danses liturgiques et autres éléments de l’inculturation, il faut ternir compte de leurs capacités de conduire au mystère pour qu’elles soient appropriés à la liturgie. Il faut faire une place au mystère pour qu’il soit en mesure de nous parler, de façon à tenir pleinement compte aussi bien de l’aspect ascendant-vers Dieu que de celui descendant-sanctifiant du Mystère pascal. Seul cette “intériorité-ascendance”de l’aspect festif de l’Égli
se en Afrique pourra vraiment enrichir la célébration du mystère eucharistique.
La célébration de l’Eucharistie, en tant que sacrifice de la Croix, requiert une approche contemplative. Dans ce but, les efforts d’inculturation de la célébration liturgique de l’Eucharistie doivent être empreints d’un sens sacramentel profond, afin que les aspects extérieurs constituent une “extériorisation” authentique du mystère qui est célébré. La “créativité” dans le processus d’inculturation perd son orientation si elle n’a pas une compréhension profonde du Mystère.
[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr. Tarcisius Gervazio ZIYAYE, Archevêque de Blantyre (MALAWI)
Je parle au nom de la Conférence Épiscopale du Malawi et me réfère au n° 70 de l’Instrumentum Laboris, qui porte sur l’Eucharistie dominicale.
L’Eucharistie est vraiment le centre, la source et le sommet de notre vie chrétienne, mais, en fait, 80% des fidèles du Malawi ne peuvent pas participer à l’Eucharistie tous les dimanches. De plus, nombre d’entre eux ne peuvent pas même y participer une fois par mois du fait de la pénurie de prêtres. Pour la plupart de nos chrétiens, c’est la Parole de Dieu qui est réellement présente dans leurs vies de manière constante. Nous encourageons le partage biblique qui offre de meilleures méthodes de lecture de la Parole de Dieu, telles que la “Lectio Divina”.
Actuellement, le défi au Malawi, et dans d’autres pays, est de faire de l’Eucharistie ce qu’elle est réellement, à savoir le centre de la vie chrétienne. Que pouvons-nous faire pour que tous les fidèles aient la possibilité de participer à la célébration de l’Eucharistie tous les dimanches? Vu le manque de ministres ordonnés, comment pouvons-nous rendre l’Eucharistie le centre de la vie chrétienne? Comment pouvons-nous donner aux personnes l’accès à la Sainte Messe pour qu’elles puissent se nourrir et croître spirituellement? L’Église doit trouver des moyens appropriés afin de relever ce défi.
Nous remercions Dieu du fait que, au Malawi, nous disposons de nombreuses vocations au sacerdoce. La formation des séminaristes, nos futurs prêtres qui seront ministres de l’Eucharistie, est de la plus haute importance. Cependant nos efforts pour remplir cette obligation fondamentale sont souvent entravés par un sérieux manque de ressources efficaces et adaptées, tant humaines que matérielles. Nous croyons que la participation à un véritable partage et à un échange de ressources entre le Nord et le Sud peut transformer nos situations et nos communautés et les doter de prêtres bien formés, prêts à offrir un service pastoral intégral au peuple de Dieu. Les ressources du Nord ajoutées à nos ressources locales peuvent aider à la formation de nos futurs prêtres.
L’Église a besoin de nombreux prêtres bien formés pour une célébration et une réception de la Sainte Eucharistie qui soient fécondes. Merci beaucoup.
[Texte original: anglais]
[Traductions distribuées par le secrétariat général du synode des évêques]