ROME, Vendredi 30 septembre 2005 (ZENIT.org) – Un haut responsable du Vatican réaffirme la disponibilité du Saint-Siège à mener « un dialogue constructif » avec Pékin, indique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA, eglasie.mepasie.org), dans son édition du 1er octobre.
« Le Saint-Siège est disposé, demain, jour et nuit, à entamer un dialogue constructif avec nos collègues en Chine afin de parvenir à la normalisation. » Tels ont été les propos tenus le 20 septembre dernier à Rome par Mgr Claudio Maria Celli, secrétaire de l’Administration du patrimoine du Saint-Siège et haut responsable du Vatican engagé de longue date dans le dossier de la normalisation des relations entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine.
« Notre objectif n’est pas seulement (de parvenir à l’établissement) de relations diplomatiques. Les relations diplomatiques sont faites pour le bien de l’Eglise. […] Il est inutile d’avoir un nonce à Pékin s’il ne peut être engagé dans la vie de l’Eglise », a précisé l’archevêque, qui a ajouté qu’on ne pouvait parler d’« entamer » un dialogue constructif avec la Chine dans la mesure où celui-ci a « commencé il y a plusieurs années déjà ».
Mgr Claudio Maria Celli s’exprimait au siège de la Société du Verbe divin (SVD), à Rome, où le supérieur général de cette société missionnaire, le P. Antonio Pernia, lui remettait le Prix Freinademetz au nom de son « extraordinaire » contribution à l’amélioration de la compréhension entre les cultures et les peuples européen et chinois. Le Prix Freinademetz reprend le nom du P. Joseph Freinademetz (1852-1908), premier missionnaire SVD en Chine, canonisé par Jean-Paul II en 2003 ; il est attribué à des personnalités qui se sont distinguées pour avoir contribué à une meilleure compréhension entre les peuples et les cultures de la Chine et de l’Europe.
Agé de 64 ans, Mgr Claudio Maria Celli a joué un rôle-clef dans un certain nombre de négociations sensibles pour le Vatican. En 1993, sous-secrétaire pour les Relations avec les Etats, il a été au premier plan de la mise au point de l’Accord fondamental signé entre le Saint-Siège et Israël. Il a aussi été très impliqué dans les négociations entre le Saint-Siège et le Vietnam (1). Depuis 1982, il suit le dossier chinois, recevant discrètement à Rome de nombreux visiteurs, y compris des personnalités telles la fille de Deng Xiaoping ou différents responsables communistes chinois (2).
En réponse au discours prononcé par le P. Antonio Pernia et aux différents témoignages d’amitié de personnalités, tels celui de Mgr Jin Luxian, évêque « officiel » de Shanghai, lu sur place par un prêtre de Shanghai, Mgr Claudio Maria Celli s’est exprimé, en parlant « du fond du cœur ». Devant une carte de la Chine, il a rappelé combien le pape Jean-Paul II avait à cœur l’Eglise de Chine et se tenait constamment informé de la situation des catholiques de Chine, par la lecture de lettres et de rapports reçus d’évêques, de prêtres et de religieux en Chine. Jusqu’à sa mort, a rappelé Mgr Celli, le pape lui disait : « Je prie chaque jour pour l’Eglise en Chine. » Synthétisant l’approche de Jean-Paul II vis-à-vis de l’Eglise de Chine, il s’est exprimé en ces termes : « Nous devons soutenir l’Eglise souterraine, mais nous devons aussi faciliter autant que nous le pouvons la pleine communion avec l’autre communauté. » Mgr Celli a ajouté qu’au plus profond, les pensées de Jean-Paul II « allaient à la communauté souterraine, mais que, dans le même temps, son cœur, en tant que pasteur de l’Eglise universelle, était proche des membres de la communauté officielle ». A chacune de ses entrevues avec le pape, a rappelé Mgr Celli, Jean-Paul II demandait : « Quand partons-nous pour Pékin ? », traduisant ainsi son souci pour cette Eglise.
A propos de l’Eglise de Chine, Mgr Celli a tenu à souligner à quel point « nous savons exactement la gloire et le témoignage donnés par la communauté souterraine. Cela restera comme l’aspect glorieux de la vie de l’Eglise en Chine », pour aussitôt ajouter : « Mais, dans la communauté officielle, nous avons (également) de très nombreux fidèles. » L’avenir permettra d’étayer cela, a-t-il souligné : « Demain, lorsque nos archives s’ouvriront, vous réaliserez la grandeur de l’histoire de l’Eglise en Chine. Nous, de l’Europe, nous nous sentirons un peu honteux et surpris. Quel témoignage de foi, de vie, l’Eglise en Chine a donné au Christ et à nous ! »
S’agissant de l’avenir de cette Eglise, Mgr Celli a déclaré qu’il était entre les mains de Dieu, « mais, ici, nous sommes ouverts pour avoir ce dialogue avec nos collègues en Chine, pas seulement pour entretenir des relations diplomatiques, mais pour le bien de l’Eglise ». Ces vingt dernières années, avait-il développé un peu avant, « les difficultés » ont été réelles, mais les choses se sont améliorées. « Tous les problèmes ne sont pas résolus. De nombreuses difficultés subsistent – de vraies difficultés. Mais (la situation) d’aujourd’hui n’est certainement pas celle des années 1982-1985 », a-t-il souligné, en référence aux premiers contacts esquissés avec la Chine après le début des réformes engagées par Deng Xiaoping.
Mgr Celli n’a pas mentionné les invitations faites par le pape Benoît XVI à quatre évêques chinois de participer au prochain Synode sur l’Eucharistie, pas plus que l’apparente fin de non-recevoir exprimée par les autorités chinoises au sujet de ces invitations (3). Quelques jours avant le 20 septembre, Ye Xiaowen, responsable de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses, était en déplacement à Hongkong. Le 15 septembre, il a qualifié l’invitation faite aux évêques chinois de « geste amical ». Il a précisé que « le processus de négociations » (quant à leur venue à Rome) était toujours en cours, mais il a aussi ajouté que la santé des évêques en question ne leur permettrait sans doute pas d’entreprendre le voyage. Enfin, il a dit qu’il ne reconnaissait pas à Mgr Wei Jingyi de qualité épiscopale. Mgr Wei, évêque « clandestin » de Qiqihar, est un des quatre évêques invités par Benoît XVI.