Soudan : Le nouveau gouvernement doit faire face aux disparités entre le nord et le sud

Déclarations de l’évêque de Rumbek

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ROME, Mercredi 28 septembre 2005 (ZENIT.org) – L’évêque du diocèse méridional de Rumbek, Mgr Cesare Mazzolari, rappelle que le nouveau gouvernement du Soudan – un gouvernement ad intérim d’unité nationale mis en place après plus de vingt ans de guerre civile – va devoir faire face à des disparités énormes entre le nord et le sud du pays.

Ce nouveau gouvernement a été formé le 20 septembre dernier, après des semaines de négociations difficiles : une étape dans l’application de l’accord de paix signé le 9 janvier dernier entre le régime de Khartoum et les ex-rebelles de l’« Armée de Libération populaire du Soudan » (SPLA), aujourd’hui transformé en Mouvement.

Ainsi s’achève le conflit armé qui a éclaté en 1983, année au cours de laquelle le président Gaafar Nimeiry a instauré la « charia » (loi islamique). En 1989 a été promu le processus d’islamisation forcé de la population du sud. Depuis lors, la guerre civile a vu s’opposer le régime du nord – du gouvernement de Khartoum, d’ethnie arabe et blanche et de religion musulmane – et la rébellion du sud – constituée d’une population noire animiste et chrétienne. L’intérêt pour les riches gisements de pétrole situés dans le sud du pays a également joué un rôle dans le conflit.

L’on estime qu’au cours de la guerre, 2,5 millions de personnes ont trouvé la mort – notamment du fait des maladies et de la faim –, tandis que plus de 5 millions ont dû abandonner leur lieu de résidence.

Le gouvernement du sud aurait dû être formé le 9 août, mais la formation a été reportée à cause de la mort de John Garang, survenue le 30 juillet dans un accident d’hélicoptère. Il s’agit de l’un des fondateurs du Mouvement de libération SPLA. Il avait été nommé premier vice-président du pays le 9 juillet dernier.

Le nouvel exécutif – qui a prêté serment jeudi dernier devant le président Omar Hassan el Beshir, en présence du vice-président Salva Kiir (« héritier » de Garang à la tête des indépendantistes du sud) – est composé de 29 ministres et de 33 vice-ministres ; il compte en outre 12 conseillers présidentiels qui ont rang de ministres. Cinq femmes font partie du gouvernement : 2 ministres, 2 vice-ministres et une conseillère présidentielle.

Dans la constitution du gouvernement d’unité nationale, « le choix de nombreux personnages politiques et administratifs du sud a une signification énorme pour le prestige que le sud espérait avoir et obtenir avec le gouvernement du nord », a commenté Mgr Mazzolari au micro de « Radio Vatican », jeudi 22 septembre.

Selon l’évêque de Rumbek, pour arriver à constituer ce gouvernement d’unité nationale « les efforts et l’engagement du défunt John Garang », se sont révélés « fondamentaux ». Il avait en effet réussi à créer un sens « du partage des ressources, de la sécurité, du pouvoir politique ».

Nous nous trouvons aujourd’hui face à un pays qui connaît une « grande prospérité » au nord, « dans la mesure ou existent un réseau routier important goudronné, des restaurants et des hôtels, des écoles et des hôpitaux », « alors qu’au sud l’on note l’absence totale de routes, d’éducation, de médicaments », déplore le prélat.

« Les dernières statistiques de l’UNICEF rapportent, – il me semble – que seuls 6% des habitants du sud, savent lire et écrire », rappelle t-il.

A une question de « Radio Vatican » sur l’engagement de l’Eglise actuellement dans le pays, Mgr Mazzoli a répondu : « Nous continuons à offrir nos services dans le but d’évangéliser, surtout dans le domaine de l’éducation, de la santé et des aides humanitaires ».

« Notre plus grand désir, a-t-il ajouté, est de réussir à jouer un rôle toujours plus actif dans la société civile par rapport au passé ».

De son côté, dans des déclarations récentes à l’« Aide à l’Eglise en détresse », l’administrateur apostolique d’Obey (Soudan central), Mgr Antonio Menegazzo a affirmé que « aujourd’hui encore, avec l’accord de paix en vigueur au sud Soudan, il existe une forte tendance à l’islamisation dans cette partie du pays, un fait réellement dangereux ».

« Alors que les organisations d’aides occidentales ne procèdent à aucune discrimination de personnes, de nombreuses organisations islamiques fondamentalistes, provenant surtout d’Arabie Saoudite et du Pakistan, soutiennent uniquement les musulmans, exerçant de cette façon des pressions sur les non musulmans qui se trouvent dans le besoin, y compris les chrétiens », dit-il.

Selon l’accord de paix, le gouvernement ad intérim demeurera en charge jusqu’à la fin des élections législatives, qui devraient être convoquées au cours des quatre prochaines années.

En juillet dernier a commencé une période de six ans de régime de transition, au terme de laquelle sera organisé un referendum sur l’autodétermination du sud Soudan, où a été mis en place une administration régionale aux larges pouvoirs qui, en cas de résultat positif du referendum sur l’autodétermination, deviendrait l’embryon de gouvernement de l’Etat indépendant du sud Soudan, comme l’a souligné l’agence « Fides ».

Le Soudan compte 33 millions d’habitants répartis dans 572 tribus. Au nord prédomine la population arabe-musulmane (39%), alors que le sud est composé en majorité de chrétiens et de fidèles de religions naturelles. On considère que le pays est composé de 70% de musulmans sunnites et d’environ 20% de chrétiens catholiques.

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ZENIT Staff

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