ROME, Mercredi 4 mai 2005 (ZENIT.org) – Voici la traduction intégrale du texte de l’allocution que Benoît XVI a prononcée en italien au cours de l’audience de ce mercredi matin, puis la synthèse qu’il a lue en français.
Lecture: Ps 112, 1-4.7.9
Chers frères et sœurs,
Avant de commencer une brève interprétation du Psaume qui vient d’être chanté, je voudrais rappeler que c’est aujourd’hui l’anniversaire de notre bien-aimé pape Jean-Paul II. Il aurait fêté ses 85 ans et nous sommes sûrs que, d’en haut, il nous voit et qu’il est avec nous. En cette occasion nous voulons remercier profondément le Seigneur pour le don de ce pape et nous voulons dire merci au pape lui-même pour tout ce qu’il a fait et souffert.
1. Le Psaume 112 vient de retentir dans sa simplicité et sa beauté. Il constitue une véritable porte d’entrée à un petit recueil de Psaumes allant du Ps 112 au Ps 117, conventionnellement appelé le «Hallel égyptien». C’est l’alléluia, c’est-à-dire le chant de louange, qui exalte la libération de l’esclavage du pharaon et la joie d’Israël de servir le Seigneur dans la liberté dans la terre promise (cf. Ps 113).
Ce n’est pas pour rien que la tradition juive avait relié cette série de Psaumes à la liturgie pascale. La célébration de cet événement, selon ses dimensions historiques et sociales et surtout spirituelles, était ressentie comme un signe de la libération du mal, dans la multiplicité de ses manifestations.
Le Psaume 112 est un bref hymne qui, dans l’original hébreu, ne comporte qu’une soixantaine de paroles, toutes empreintes de sentiments de confiance, de louange, de joie.
2. La première strophe (cf. Ps 112, 1-3) exalte le «nom de Yahvé» qui — comme on le sait — indique dans le langage biblique la personne même de Dieu, sa présence vivante et agissante dans l’histoire humaine.
A trois reprises, avec une insistance passionnée, retentit «le nom de Yahvé» au centre de la prière d’adoration. Tout l’être et le temps tout entier — «du lever du soleil à son coucher», dit le Psalmiste (v. 3) — participe à une unique action de grâce. C’est comme si un souffle incessant s’élevait de la terre vers le ciel pour exalter le Seigneur, Créateur du cosmos et Roi de l’histoire.
3. C’est précisément à travers ce mouvement vers le haut que le Psaume nous conduit au mystère divin. La deuxième partie (cf. vv. 4-6) célèbre, en effet, la transcendance du Seigneur, décrite par des images verticales qui dépassent le simple horizon humain. On proclame: le Seigneur est «très haut», il «s’élève pour siéger», et personne ne peut l’égaler; même pour regarder les cieux il doit se «baisser» car «plus haut que tous les cieux, sa gloire» (v. 4).
Le regard divin se dirige sur toute la réalité, sur les êtres terrestres et sur les êtres célestes. Toutefois, ses yeux ne sont pas hautains et détachés, comme ceux d’un empereur distant. Le Seigneur — dit le Psalmiste — «s’abaisse pour voir» (v. 6).
4. On passe ainsi au dernier mouvement du Psaume (cf. vv. 7-9), qui déplace l’attention des hauteurs célestes jusqu’à notre horizon terrestre. Le Seigneur se baisse avec prévenance sur notre petitesse et notre indigence, qui nous inciterait à nous replier avec crainte. Il va directement, avec son regard plein d’amour et son engagement efficace, vers les derniers et les misères du monde: «De la poussière il relève le faible, du fumier il retire le pauvre» (v. 7).
Dieu se penche donc sur les indigents et ceux qui souffrent pour les réconforter et cette parole trouve sa dernière force, son dernier réalisme dans le moment où Dieu se penche au point de s’incarner, de devenir l’un de nous, et précisément l’un des pauvres du monde. Il confère au pauvre le plus grand honneur, celui de s’«asseoir au rang des princes»; oui, «au rang des princes de son peuple» (v. 8). A la femme seule et stérile, humiliée par la société antique comme si elle était une branche sèche et inutile, Dieu donne l’honneur et la grande joie d’avoir de nombreux enfants (cf. v. 9). Le Psalmiste loue donc un Dieu bien différent de nous dans sa grandeur, mais en même temps très proche de ses créatures qui souffrent.
Il est facile de découvrir dans ces versets finaux du Psaume 112, la préfiguration des paroles de Marie dans le Magnificat, le cantique des choix de Dieu «qui a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante». Plus radicale que notre Psaume, Marie proclame que Dieu «a renversé les potentats de leur trône et élevé les humbles» (cf. Lc 1, 48-52); cf. Ps 112, 6-8).
5. Un «Hymne vespéral» très ancien, conservé dans ce qu’on appelle les Constitutions des Apôtres (VII, 48), reprend et développe le début joyeux de notre Psaume. Nous le rappelons ici, au terme de notre réflexion, pour mettre en lumière la relecture «chrétienne» que la communauté des débuts faisait des Psaumes: «Louez, enfants, le Seigneur, / louez le nom du Seigneur. / Nous te louons, nous te chantons, nous te bénissons / pour ta gloire immense. / Seigneur roi, Père du Christ agneau immaculé, / qui enlève le péché du monde. / A toi revient la louange, à toi l’hymne, à toi la gloire, / à Dieu le Père, par l’intermédiaire du Fils dans l’Esprit Saint / pour les siècles des siècles. Amen» (S. Pricoco – M. Simonetti, La prière des chrétiens, Milan 2000, p. 97).
Texte original : italien – Traduction réalisée par Zenit
Synthèse de la catéchèse en français
Chers Frères et Sœurs,
Par trois fois, dans la première strophe du Psaume 112, résonne «le nom du Seigneur» qui est au centre de la prière d’adoration. Tout être et le temps lui-même sont dans l’action de grâce, comme si un souffle incessant montait de la terre vers le ciel pour exalter le Seigneur. Nous sommes ainsi conduits au mystère divin, célébrant la transcendance du Seigneur, qui «siège là-haut», mais dont le regard se penche sur toute la réalité terrestre et céleste.
Dans le dernier mouvement du psaume, le Seigneur s’abaisse avec prévenance vers notre petitesse et notre indigence. Il se penche sur ceux qui sont dans le besoin et sur ceux qui souffrent, pour les consoler. Le Psalmiste loue Dieu, bien différent de nous par sa grandeur, mais en même temps très proche de ses créatures qui souffrent. Il est facile d’y découvrir une préfiguration des paroles de Marie dans le Magnificat.
J’accueille avec joie les pèlerins de langue française. Je salue en particulier le groupe de malades parkinsoniens venant de France, ainsi que les jeunes du lycée de Saint-Bonnet de Galaure et du collège Saint-Jean d’Hulst de Versailles. Vous aussi, faites monter vers le Seigneur votre action de grâces, car il n’oublie aucun de vous!
[Texte original: Français]