A l’issue des élections législatives du 12 septembre dernier – les troisièmes depuis le retour de Hongkong sous le drapeau chinois le 1er juillet 1997 –, le camp démocrate a accru le nombre de ses députés. Toutefois, malgré l’obtention de la majorité des suffrages, les démocrates seront minoritaires au Legco (Legislative Council). En effet, si les démocrates peuvent se féliciter d’avoir remporté la majorité absolue des suffrages (avec 58,6 % des voix) et de compter trois élus de plus que dans la Chambre sortante, ils ne comptent que 25 représentants au sein d’une Chambre où seuls 30 des 60 sièges sont soumis au suffrage universel direct des 3,2 millions d’électeurs inscrits. S’exprimant au lendemain des élections, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse catholique de Hongkong, a appelé les catholiques de Hongkong et le camp démocrate à ne pas se décourager après avoir échoué à conquérir une majorité de sièges au Parlement local. « Nous attendons la démocratie depuis si longtemps déjà que nous devons nous montrer patients dans la poursuite de notre objectif », a-t-il déclaré le 13 septembre dernier.
A l’adresse de députés, qui siègeront dans une Assemblée largement renouvelée puisque un tiers de ses membres sont de nouveaux élus, et à l’attention de l’ensemble du personnel politique de Hongkong, Mgr Zen a ajouté qu’il souhaitait que ceux qui ne partagent pas les mêmes vues dialoguent et coopèrent les uns avec les autres, de façon à montrer aux autorités que le souhait du peuple pour la démocratie ne signifie pas nécessairement la confrontation. « C’est le système politique qui n’est pas conforme à la démocratie et qui ne respecte pas les vues de la population locale », a-t-il encore affirmé. Ces derniers mois, Mgr Zen avait, à de nombreuses reprises, déclaré que le veto mis par Pékin à la démocratisation des institutions politiques hongkongaises était contraire à l’esprit de la formule ‘Un pays, deux systèmes’ (1).
A la Commission diocésaine ‘Justice et paix’, le relatif échec du camp démocrate à enlever un nombre plus élevé de sièges a été vivement ressenti. Après les manifestations monstres du 1er juillet 2003 (2) et du 1er juillet 2004 (3), on attendait une traduction électorale plus nette de la mobilisation massive des Hongkongais pour la défense des libertés individuelles et de la démocratie. Cependant, l’élection de personnalités aussi marquées que Leung Kwok-hung, agitateur-né plus connu sous le sobriquet de « Long Hair » et admirateur patenté de Che Guevara, laisse entrevoir des débats plus animés qu’auparavant au Legco. Pour Lina Chan, secrétaire exécutif de la Commission, l’élection de Leung Kwok-hung, c’est l’assurance que des débats au sujet de la Chine continentale vont avoir lieu à la Chambre. De fait, dès son élection connue, Leung Kwok-hung a appelé à la mise en place des libertés individuelles sur le continent et à la fin du règne du parti unique en Chine populaire.
Pour Francis Hui Wai-bun, porte-parole d’une association catholique d’observation de la vie politique locale, la composition du nouveau Legco va se traduire par une obligation pour tout un ensemble de législateurs plus ou moins indépendants et non affiliés à l’un ou l’autre camp de « clarifier leur ligne politique ».
Parallèlement, les députés « radicaux » nouvellement élus sont plus proches de la base que leurs prédécesseurs ; ils pourront donc servir plus efficacement de relais entre l’Assemblée et la population, a encore estimé Francis Hui.
(1) Voir EDA 394, 397, 399, 400, 401
(2) Voir EDA 379, 380
(3) Voir EDA 401
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