ROME, lundi 6 septembre 2004 (ZENIT.org) – En février dernier, au cours de sa visite officielle au Patriarcat de Moscou, le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des chrétiens, a décidé avec le Patriarche Alexis II la création d’un « groupe de travail » chargé d’examiner les difficultés et les problèmes qui subsistent entre l’Eglise orthodoxe et l’Eglise catholique en Russie. Le père Igor Kowalewskj, porte-parole catholique de ce groupe de travail explique dans cet entretien à Zenit en quoi consiste leur travail.
Zenit : Comment s’est déroulée la première rencontre de cette Commission ?
P. Kowalewskj : A la demande du patriarcat de Moscou nous avons examiné quelques cas pouvant être interprétés comme des faits de prosélytisme. A partir de l’analyse de ces cas nous cherchons à élaborer un code de comportement pour les deux Eglises. L’Eglise orthodoxe russe reconnaît déjà qu’il n’existe aucune stratégie de prosélytisme de la part du Vatican ou des évêques catholiques russes. C’est ce que le métropolite Kirill de Smolensk, chargé des relations internationales pour le patriarcat, a déclaré au cours de sa visite en Pologne en avril. Mais il existe des cas qui, par manque d’information, pourraient être interprétés comme du prosélytisme. Notre groupe de travail est en train de les étudier afin d’améliorer les rapports entre les deux Eglises. La première rencontre de ce groupe de travail a eu lieu ici à Moscou du 5 au 7 mai et la prochaine aura lieu mi-septembre.
Zenit : Qui fait partie de ce groupe de travail ?
P. Kowalewskj : Du côté catholique il y a également le père Joseph Maj, membre du Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des chrétiens et Jean-François Thirty, directeur du Centre culturel « Bibliothèque de l’Esprit » à Moscou. Côté orthodoxe il y a l’archiprêtre Vsevelod Chaplin, vice-président du Département pour les Affaires Etrangères du Patriarcat de Moscou, le père Igor Vyzhanov, responsable des rapports avec l’Eglise catholique et le père Ivan Lapidus.
Zenit : Quelles sont vos attentes et vos espoirs pour la prochaine rencontre ?
P. Kowalewskj : Le climat de la première rencontre était très amical et j’espère qu’à travers ces rencontres les rapports entre nos Eglises vont s’améliorer aussi bien au niveau informel que formel.
Zenit : Le père Igor Vyzhanov a fait les louanges de cette Commission en disant qu’il s’agit d’un premier pas concret très important pour améliorer les rapports entre les deux Eglises. Qu’en pensez-vous ?
P. Kowalewskj : Je partage pleinement l’espérance du père Igor mais il est aussi très important d’étudier les cas concrets pour pouvoir élaborer un code de comportement pour les fidèles de l’Eglise catholique. J’espère que cette politique d’accusations générales d’invasion des territoires canoniques ou de prosélytisme, cessera à l’avenir, et que nous pourrons, ici en tant que minorité religieuse, confesser notre foi en paix et collaborer avec l’Eglise orthodoxe. Nous avons des choses à apprendre de l’Eglise orthodoxe, comme l’Eglise orthodoxe a des choses à apprendre de nous les catholiques. J’ai moi-même de très bons rapports avec le père Vyzhanov au plan informel. Au niveau formel ils sont un peu plus froids.
Zenit : Selon vous, quel est le rôle de l’Eglise catholique en Russie si elle ne peut pas être très active dans le domaine de l’évangélisation ?
P. Kowalewskj : L’Eglise catholique a toujours été, et restera une Eglise minoritaire. Nous voulons avoir la possibilité de confesser notre foi normalement, comme dans n’importe quel autre pays. En vivant ici au milieu de l’Eglise orthodoxe russe, l’Eglise catholique a toujours été capable d’offrir sa contribution spécifique à la culture russe, surtout à travers ses œuvres caritatives et éducatives. Ceci est la spécificité historique de la présence de l’Eglise catholique en Russie. Nous pouvons partager beaucoup de choses avec l’Eglise orthodoxe.
Zenit : Combien de catholiques y a-t-il en Russie, et combien de prêtres ?
P. Kowalewskj : Il y a 250 paroisses dans toute la Russie et environ 300 prêtres, la plupart dans le diocèse de la Mère de Dieu à Moscou puisque la majorité de la population russe est ici et également la plupart des catholiques. Il est très difficile de dire avec précision combien de catholiques vivent en Russie car nous ne les connaissons pas tous et ils ne vont pas tous à l’Eglise, mais ils ne dépassent pas les 600.000. Nous sommes vraiment une minorité. Les communautés protestantes réunies sont plus nombreuses que les catholiques. Il serait absurde, et même paranoïaque de penser que nous les catholiques puissions convertir la Russie au catholicisme. Il n’existe aucune stratégie pour convertir la Russie. Même si nous le voulions, nous ne serions jamais capables de faire un tel travail.
Propos recueillis par Marie Czernin