CITE DU VATICAN, Samedi 31 juillet 2004 (ZENIT.org) – « La collaboration de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde » fait l’objet d’une lettre de la congrégation pour la Doctrine de la foi aux évêques de l’Eglise catholique, publiée ce matin. Elle se trouve dans la page web de Zenit à l’adresse: http://www.zenit.org/french/visualizza.phtml?sid=57645.
Cette lettre est d’ores et déjà disponible en six langues, en italien, français, anglais, allemand, espagnol et portugais, dans l’édition de la Librairie éditrice vaticane (www.libreriaeditricevaticana.com – 00120 Cité du Vatican – Europe).
Le document est signé par le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi et par le secrétaire de ce dicastère, Mgr Angelo Amato, sdb, et il est en date du 31 mai 2004, fête de la Visitation de la Vierge Marie. Le pape Jean-Paul II a approuvé ce document au cours d’une audience accordée au cardinal préfet et il en a « ordonné la publication ».
Ce fascicule de poche compte une quarantaine de pages, 17 paragraphes, une introduction, une conclusion et quatre titres : « Le problème », « Les données fondamentales de l’anthropologie biblique », « L’actualité des valeurs féminines dans la vie de la société », « L’actualité des valeurs féminines dans la vie de l’Eglise ».
L’introduction explique : « Après une brève présentation, et une évaluation critique de certaines conceptions anthropologiques contemporaines, le présent document entend proposer des réflexions inspirées par les données doctrinales de l’anthropologie biblique – indispensables pour protéger l’identité de la personne humaine – sur certains présupposés d’une conception correcte de la collaboration active de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde, dans la reconnaissance de leurs différences ».
« Le problème » (ch. 1) montre une troisième voie entre « subordination de la femme » ou « occultation de la différence » sexuelle. « L’Eglise, éclairée par la foi en Jésus-Christ, parle plutôt d’une collaboration active entre l’homme et la femme, précisément dans la reconnaissance de leur différence ».
L’humanité comme réalité relationnelle
« Les données fondamentales de l’anthropologie biblique » (ch. 2) examine, à la suite des enseignements de Jean-Paul II, les premiers chapitres de la Genèse et en conclut : « L’humanité est décrite comme articulée, dès son point de départ, par la relation entre le masculin et le féminin » (5).
Selon le second récit de la création, explique le document, « Adam fait l’expérience d’une solitude que la présence des animaux ne réussit pas à combler » : « Il lui faut une aide qui lui corresponde. Le mot ne désigne pas ici un rôle de subalterne, mais une aide vitale. Le but en effet est de permettre que la vie d’Adam ne se perde pas dans la seule relation à soi-même ; stérile et en fin de compte porteuse de mort. Il est nécessaire qu’il entre en relation avec un être qui soit à sa hauteur. Seule la femme, créée de la même « chair » et enveloppée du même mystère, donne à la vie de l’homme un avenir » (6).
« La création de la femme par Dieu caractérise l’humanité comme réalité relationnelle », précise le document, et « la différence vitale est ordonnée vers la communion » (ibid.). C’est un « aspect fondamental de la ressemblance avec la Sainte Trinité dont les Personnes, avec l’avènement du Christ, révèlent qu’elles sont dans une communion d’amour les unes envers les autres » (ibid.).
L’égalité, le respect et l’amour perdus
Implicitement, le texte biblique affirme aussi la « différence essentielle qui existe entre Dieu et l’humanité » (7), une différence « mise en question » sous la « suggestion du Serpent ».
« Le récit de la Genèse établit ainsi, analyse le document, une relation de cause à effet entre les deux différences : quand l’humanité considère Dieu comme son ennemi, la relation de l’homme et de la femme est pervertie. Quand cette dernière relation est détériorée, l’accès au visage de Dieu risque à son tour d’être compromis » (ibid.).
Mais le document s’arrête aussi à un texte clef, celui des paroles adressées par Dieu à la femme dans ce récit biblique, « suite au péché » : elles manifestent « de manière lapidaire mais non moins éloquente le mode de rapports qui va désormais s’instaurer entre l’homme et la femme » : « une relation dans laquelle l’amour sera souvent dénaturé en pure recherche de soi, (…) qui ignore l’amour et qui le tue, le remplaçant par le joug de la domination d’un sexe sur l’autre » (ibid.).
Et d’ajouter : « Situation tragique où se perdent l’égalité, le respect et l’amour qu’exige, selon le dessein originel de Dieu, la relation entre l’homme et la femme » (ibid.).
En résumé, le document lit dans les premiers chapitres de la Bible l’affirmation du « caractère personnel de l’être humain », « l’importance et la signification de la différence des sexes en tant que réalité profonde inscrite dans l’homme et dans la femme », « non seulement sur la plan physique, mais aussi sur le plan psychologique et spirituel », comme « une composante fondamentale de la personnalité » (8).
Ainsi, explique le document « la dimension anthropologique de la sexualité » se révèle « inséparable de sa dimension théologique » (ibid.). La « relation avec un autre que soi » qui caractérise la personne se révèle « à la fois bonne et altérée » et a donc « besoin d’être guérie », en d’autre terme, il faut « rompre avec cette logique du péché », l’éliminer « du cœur de l’homme pécheur ». C’est toute l’histoire du salut, de l’alliance de Dieu avec son peuple.
L’histoire du salut
« Une première victoire sur le mal est représentée par l’histoire de Noé », continue le document, puis « l’espérance du salut » se confirme dans l’alliance de Dieu avec Abraham : « Dieu commence à révéler son visage pour qu’à travers le Peuple élu, l’humanité apprenne la voie de la ressemblance divine, c’est-à-dire de la sainteté, et donc de la transformation du cœur » (9).
Or, « parmi les multiples manières par lesquelles Dieu se révèle à son Peuple, avec une longue et patiente pédagogie, on trouve aussi la référence constante au thème de l’alliance de l’homme et de la femme (…). Ce symbolisme semble indispensable pour comprendre la manière dont Dieu aime son Peuple. Dieu se fait connaître comme l’Epoux qui aime Israël, son Epouse » (ibid.).
Mais « toutes les préfigurations » contenues dans la Loi, les Prophètes et la Sagesse « trouvent leur accomplissement dans le Nouveau Testament » : « L’amour de l’homme et de la femme, vécu de façon baptismale, devient désormais sacrement de l’amour du Christ et de l’Eglise, témoignage rendu au mystère de fidélité et d’unité dont naît la « nouvelle Eve » et dont cette dernière vit au cours de son chemin sur la terre, dans l’attente de la plénitude des noces éternelle » (10).
Ainsi, le document affirme l’espérance chrétienne sur le couple : « en vertu de la Résurrection, la victoire de la fidélité sur les faiblesses, sur les blessures reçues et sur les péchés du couple, est possible » , car « dans la grâce du Christ qui renouvelle le cœur, l’homme et la femme deviennent capables de se libérer du péché et de connaître la joie du don réciproque » (11).
Le chapitre 1 s’achève sur cette affirmation : « Différents depuis le début de la création et demeurant tels jusque dans l’éternité, l’homme et la femme, insérés dans le mystère pascal du Christ, ne saisissent donc plus leur différence comme un m
otif de discorde qu’il faut dépasser par la négation ou par le nivelage, mais comme une possibilité de collaboration qu’il faut cultiver par le respect réciproque de leur différence. A partir de là, s’ouvrent de nouvelles perspectives pour une compréhension plus profonde de la dignité de la femme et de son rôle dans la société humaine et dans l’Eglise » (12).
La promotion de la femme
« La promotion de la femme au sein de la société, conclut le ch. 2, sur « L’actualité des valeurs féminines dans la vie de la société », doit donc être comprise et voulue comme une humanisation qui se réalise au moyen des valeurs redécouvertes grâce aux femmes ».
« Plus concrètement, ajoute le n. 14, si les politiques sociales – concernant l’éducation, la famille, le travail, l’accès aux services, la participation à la vie civique – doivent, d’une part, combattre toute discrimination sexuelle injuste, elles doivent, d’autre part, savoir écouter les aspirations et repérer les besoins de chacun. La défense et la promotion de l’égale dignité et des valeurs personnelles communes doivent s’harmoniser avec la reconnaissance attentive de la différence et de la réciprocité, là où cela est requis par la réalisation des caractéristiques propres, masculines ou féminines » (ibid.).
« L’actualité des valeurs féminines dans la vie de l’Eglise »
Le ch. 3, sur « L’actualité des valeurs féminines dans la vie de l’Eglise », insiste sur la personne et le rôle de la Vierge Marie dans l’histoire du salut et celle de l’Eglise en précisant : « Bien loin de donner à l’Eglise une identité fondée sur un modèle contingent de féminité, la référence à Marie, avec une disponibilité à l’écoute, à l’accueil, à l’humilité, à la fidélité, à la louange et à l’attente, situe l’Eglise dans la continuité de l’histoire spirituelle d’Israël. De telles attitudes deviennent en Jésus et par lui, la vocation de tout baptisé. Indépendamment des conditions, des états de vie, des vocations diverses, avec ou sans responsabilités publiques, ces attitudes déterminent un aspect essentiel de la vie chrétienne » (16).
Deux précisions importantes. D’une part, « s’il s’agit d’attitudes qui devraient être le fait de tout baptisé, il appartient de manière caractéristique à al femme de les vivre avec une intensité particulière et avec naturel » : « les femmes ont un rôle de la plus grande importance dans la vie de l’Eglise, en rappelant ces attitudes à tous les baptisés et en contribuant de manière unique à manifester le vrai visage de l’Eglise, épouse du Christ et mère des croyants ».
Et d’autre part, « dans cette perspective, on comprend aussi en quoi le fait que le sacerdoce ministériel soit exclusivement réservé aux hommes n’empêche en rien les femmes d’accéder au cœur de la vie chrétienne. Pour tous les chrétiens, elles sont appelées à être des modèles et des témoins irremplaçables de la manière dont l’Epouse répond par l’amour à l’amour de son Epoux » (ibid.).
La paix et l’émerveillement du jardin de la résurrection
« En Jésus-Christ, conclut le document, toutes les choses deviennent nouvelles. Toutefois, le renouvellement pas la grâce n’est pas possible sans la conversion des cœurs. Il s’agit, en regardant Jésus et en le confessant comme Seigneur, de reconnaître la voie de l’amour vainqueur du péché, qu’il propose à ses disciples » (17).
« Ainsi, précisent les auteurs, la relation de l’homme avec la femme se transforme ; et la triple convoitise dont parle la première lettre de saint Jean cf. 2, 16) cesse de l’emporter. Il s’agit d’accueillir le témoignage donné par la vie des femmes comme une révélation de valeurs sans lesquelles l’humanité se fermerait sur elle-même dans l’autosuffisance, dans des rêves de pouvoir et dans le piège de la violence » (ibid.).
En somme, « c’est de la conversion de l’humanité à Dieu qu’il s’agit, de sorte que l’homme comme la femme connaissent Dieu comme leur « secours », comme le Créateur plein de tendresse, comme le Rédempteur » (ibid.).
Le document s’achève sur cette affirmation d’espérance : « L’Eglise sait la force du péché qui travaille les individus et les sociétés, et qui, quelquefois, pourrait faire désespérer de la bonté du couple. Mais par sa foi au Christ, crucifié et ressuscité, elle sait plus encore la force du pardon et du don de soi en dépit de toute blessure et de toute injustice. La paix et l’émerveillement qu’elle indique avec confiance aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui sont la paix et l’émerveillement du jardin de la résurrection, qui a illuminé notre monde et toute son histoire en révélant que « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8.16) » (ibid.).