Le P. d’Alzon, pèlerin de l’Absolu
Que conclure en fin de notre étude?
Nous ne pouvons mieux faire que de laisser, encore une fois, la parole au P. d’Alzon lui-même. Sur les chemins de la Provence et du Languedoc, il ne fait pas montre d’hésitation pour renouveler, encourager ou même recréer des pratiques de pèlerinage que l’heure des révolutions de son temps avait sinon éliminées, du moins assoupies. Sa piété mariale aime placer, sous le manteau protecteur des titres de Marie, nombre de ses fondations que le hasard, ce frère laïque de la Providence, abrite aussi avec malice, autre appellation qui n’est pas étrangère à l’esprit des Béatitudes, à l’ombre d’anciens sanctuaires ou de lieux placés sous le patronage de Marie.
Sans doute le P. d’Alzon a-t-il montré une pointe d’humeur lorsque l’emprise des pèlerinages a semblé éloigner ses disciples de Paris, de l’urgence des problèmes sociaux de son temps tels que lui les comprenait. Et pourtant au chapitre général du 18 septembre 1873, il a reconnu de lui-même l’efficacité des pèlerinages qui ont » forcé la Mère du Sauveur à renouveler ses miracles et ont rendu populaires des actes de foi qui , disait-on, n’étaient plus dans les mœurs. Des chrétiens qui s’affirment sont bien près d’être des chrétiens qui triomphent « .
Lourdes l’a en quelque sorte réconcilié avec La Salette, le pèlerin solitaire s’est retrouvé solidaire de la foi de tout un peuple en marche. Les initiatives des PP. Picard et Vincent de Paul Bailly sont, au fil des ans, par lui applaudies, notamment Le 14 juin 1877, lorsqu’il écrit: » Tout acte de foi extérieure, surtout quand Jésus Christ s’y montre, purifie l’air, fait rugir le diable et confesse Celui qui nous confessera devant son Père « . A l’Occasion d’une causerie sur la foi à ses collégiens, le P. d’Alzon fait cet aveu éclairant d’humilité: » Ecoutez un fait ou je ne joue pas un rôle brillant. L’an dernier, je croyais que nos Pères de Paris feraient bien de mettre un terme à leurs pèlerinages. Le très têtu P. Picard insista tant qu’il m’extorqua mon consentement de pèleriner encore une fois. On pèlerina donc vers notre chère Dame de Lourdes. Savez-vous combien la caravane obtint de miracles? Douze bien comptés, dont plusieurs amenèrent la conversion de familles entières, entre autres d’un franc-maçon qui, lorsqu’il vit sa fille mourante revenir à la vie et complètement guérie, alla se confesser. Que conclure? Que le P. Picard avait plus de foi que moi ou qu’il savait mieux s’en servir « .
Nous savons que sur le terrain de la foi, le P. d’Alzon qui est un combattant, sait reconnaître qu’il n’est point de terme à la marche. La vie de cet homme de Dieu, pèlerin de l’Absolu, n’est-elle pas à l’image d’un pèlerinage qui peut conduire le marcheur aux rivages toujours nouveaux de l’inconnu ?
La famille assomptionniste
La Congrégation de l’Assomption forme avec quatre autres instituts religieux féminins nés comme elle au XIXe siècle, une famille apostolique élargie : Religieuses de l’Assomption (R.A. Paris 1839), Oblates Missionnaires de l’Assomption (O.A. Nîmes 1865), Petites Sœurs de l’Assomption (P.S.A. Paris 1865) et Orantes de l’Assomption (Ora. Paris 1896).