Vietnam: Le prêtre catholique Nguyên Van Ly bénéficie d’une nouvelle réduction de peine

Pression internationale exercée sur le gouvernement communiste

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CITE DU VATICAN, Lundi 12 juillet 2004 (ZENIT.org) – Le prêtre catholique vietnamien Nguyên Van Ly bénéficie d’une nouvelle réduction de peine et n’est plus condamné qu’à cinq ans de prison suivis de cinq ans de résidence surveillée, annonce « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence de presse des Missions étrangères de Paris (eglasie.mepasie.org) dans son bulletin n. 400.

Le 16 juin dernier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères vietnamien annonçait que la peine de prison du P. Thaddée Nguyên Van Ly était réduite à cinq ans. Condamné à 15 ans de prison le 19 octobre 2001, le prêtre avait déjà vu sa peine passer de 15 à 10 ans au mois de juillet 2003. Selon le communiqué, cette décision aurait été prise le 12 juin précédent par le Tribunal populaire de la province du Ha Nam où le P. Ly purge aujourd’hui sa peine. La bonne conduite du prisonnier serait le motif de cette diminution de peine qui, doit-on ajouter, ne s’applique pas aux cinq ans de résidence surveillée qui devraient succéder à sa peine de prison.

On peut cependant penser, commente EDA, que la pression internationale exercée sur le gouvernement communiste, notamment, les récentes interventions du Sénat américain, ont incité les autorités vietnamiennes à prendre une telle mesure. Elle était d’ailleurs dans l’air depuis quelque temps. Le Comité pour la liberté religieuse au Vietnam, dont le siège est à Washington (1), avait rapporté une déclaration du ministre des Affaires étrangères vietnamien, Nguyên Dy Niên, laissant entendre qu’une mesure de ce type allait être prise. A l’occasion du voyage en Grande-Bretagne d’une délégation vietnamienne de haut rang conduite par le chef de l’Etat Trân Duc Luong, David Alton, membre de la Chambre des Lords, avait rencontré celle-ci, le 25 mai, et lui avait confié une lettre réclamant la libération du P. Nguyên Van Ly. En réponse, le ministre des Affaires étrangères, membre de la délégation, avait fait une déclaration étonnamment libérale. Il avait annoncé que l’éventualité de la libération du célèbre prêtre dissident était envisagée par le gouvernement et qu’elle pourrait avoir lieu dans un avenir proche.

L’annonce de la réduction de peine a réjoui les diverses organisations humanitaires qui, depuis longtemps, réclament la libération du prêtre. Amnesty International et Human Rights Watch ont exprimé leur satisfaction au moins partielle. Les Etats-Unis, qui n’ont pas ménagé leur soutien au prêtre prisonnier, ont fait savoir par le porte-parole de leur ambassade à Hanoi que « si elle était confirmée, cette réduction de peine est un développement bienvenu, mais elle reste loin d’être une conclusion acceptable ». « Nous demandons au gouvernement vietnamien de libérer le P. Ly et les autres prisonniers politiques et religieux… », a ajouté le diplomate.

Le P. Nguyên Van Ly, encore jeune prêtre en 1975, avait déjà fait deux séjours en prison dans les premières années de la révolution, de 1977 à 1978 et de 1983 à 1992 pour « opposition à la révolution ». C’est à la fin de l’année 2000 qu’il avait lancé une campagne pour la liberté religieuse. Commencée au mois de novembre 2000 (2), dans le cadre de revendications locales – des terrains paroissiaux confisqués par l’Etat –, la campagne du P. Ly avait vite pris une dimension interreligieuse, nationale et même internationale. Elle a été tout de suite marquée par le ton sans concession adopté par le prêtre et une volonté de non-compromission avec le régime, que symbolisait le calicot qu’il avait accroché au clocher de son Eglise où était inscrit : « La liberté religieuse ou la mort ! » Il diffusa sur Internet de nombreuses déclarations où il revendiquait liberté et totale indépendance pour les diverses religions du Vietnam, des procès-verbaux où il détaillait concrètement les violations de la liberté religieuse commises par les autorités locales et nationales. A la demande de la Commission pour la liberté religieuse internationale du Sénat américain, il fit parvenir à celle-ci deux rapports sur la liberté religieuse au Vietnam. Dès le 27 février 2001, le P. Ly avait été assigné à résidence dans la paroisse d’An Truyên. Le 10 mai suivant, les autorités civiles lui interdisaient de dire la messe. Le 17 mai 2001, six cents agents de la Sûreté vinrent arrêter le prêtre dans son presbytère alors qu’il se préparait à célébrer la messe. Le procès n’eut lieu que cinq mois plus tard, en octobre 2001, à Huê. Il fut condamné à 15 ans de prison ferme « pour n’avoir pas accompli sa peine de mise en résidence surveillée et avoir saboté la politique de l’unité nationale ». Il fut ensuite envoyé au Nord-Vietnam pour y purger sa peine. Le 17 juillet 2003, les autorités annonçaient officiellement que sa peine était réduite de cinq ans (3). Grâce à la nouvelle réduction de peine, la libération du prêtre dissident devrait intervenir au cours de l’année 2005.
(1) Communiqué du 28 mai 2004
(2) On peut suivre le déroulement de cette campagne à travers la description qui en est faite dans EDA 321, 322, 323, 324, 325, 326, 327, 330, 331, 332, 335, 337, 340
(3) Voir EDA 380

(c) EDA

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ZENIT Staff

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