Béatifications: Invitations à goûter la joie de vivre dans le Christ

Homélie de Jean-Paul II

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CITE DU VATICAN, Mercredi 24 mars 2004 (ZENIT.org) – Les quatre béatifications de dimanche dernier, 21 mars, sont « quatre invitations à goûter la joie de vivre dans le Christ », déclarait Jean-Paul II.

Dans la matinée du dimanche 21 mars 2004, quatrième Dimanche de Carême, le Pape Jean-Paul II a élevé aux honneurs des autels, sur la Place Saint-Pierre, quatre nouveaux bienheureux: Luigi Talamoni, Matilde del Sagrado Corazón Téllez Robles, Piedad de la Cruz Ortíz Real et Maria Candida dell’Eucaristia. Au cours de la cérémonie de béatification, le Saint-Père a prononcé l’homélie suivante dans la traduction de L’Osservatore Romano en langue française du 23 mars:

1. « Si donc quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle » (2 Co 5, 17).

Nous pouvons résumer par ces paroles de l’Apôtre Paul le message de la liturgie de béatification d’aujourd’hui, qui s’insère harmonieusement, en ce milieu du chemin quadragésimal, dans le Dimanche appelé « Laetare ».

La deuxième Lecture et l’Evangile forment comme un hymne à deux voix, en louange pour l’amour de Dieu, Père miséricordieux (Lc 15, 11-32), qui nous a réconciliés dans le Christ (2 Co 5, 17-21). Un hymne qui se transforme en appel pressant: « Laissez-vous réconcilier avec Dieu  » (2 Co 5, 20).

Cette invitation repose sur la certitude que le Seigneur nous aime. Il a fait preuve de son amour pour les Israélites en les faisant entrer dans la terre de Canaan, après la longue marche de l’Exode, comme nous l’avons entendu dans la première Lecture, imprégnée d’une poignante nostalgie. La Pâque qu’ils célébrèrent « le soir, dans la plaine de Jéricho » (Jos 5, 10) et les premiers mois qu’ils passèrent dans la terre promise deviennent pour nous un symbole éloquent de la fidélité divine, qui fait don de sa paix au peuple élu, après la triste expérience de l’esclavage.

2. Les quatre nouveaux bienheureux que l’Eglise nous présente aujourd’hui, sont des témoins singuliers de la Providence divine pleine d’amour qui accompagne le chemin de l’humanité: Luigi Talamoni, Matilde del Sagrado Corazón Téllez Robles, Piedad de la Cruz Ortíz Real et Maria Candida dell’Eucharistia.

Soutenus par une confiance inébran-lable dans le Père céleste, ils ont affronté les difficultés et les épreuves du pèlerinage terrestre. Le Christ a toujours été leur soutien et leur réconfort face aux événements difficiles de l’existence. Ils ont ainsi ressenti en eux-mêmes combien il est vrai que vivre en Lui signifie devenir des créatures nouvelles (cf. 2 Co 5, 17).

3. Le prêtre Luigi Talamoni est un fidèle reflet de la miséricorde de Dieu. Le plus illustre de ses élèves au séminaire-lycée de Monza, Achille Ratti, ensuite devenu le Pape Pie XI, le définit par les qualités suivantes: « Sainteté de vie, lumière de science, grandeur de coeur, compétence de magistère, ardeur d’apostolat, bienfaiteur civique qui fut l’honneur de Monza, joyau du clergé ambrosien, guide et père d’âmes innombrables ». Le nouveau bienheureux fut assidu dans le ministère du confessionnal et dans le service aux pauvres, aux détenus et en particulier aux malades indigents. Quel exemple lumineux représente-t-il pour tous! J’exhorte en particulier les prêtres et la Congrégation des Soeurs de la Miséricorde à se tourner vers lui.

4. « Si donc quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle » (2 Co 5, 17). Les paroles de saint Paul peuvent parfaitement s’appliquer à la Mère Matilde Téllez Robles. Remplie d’amour pour le Christ, elle se donna à Lui comme une véritable disciple qui incarne cette nouveauté. Cette femme infatigable et pieuse se consacra, à partir d’une intense vie de prière, à la transformation de la société de son temps, à travers l’accueil des petites filles orphelines, l’assistance à domicile des malades, la promotion de la femme au travail et la collaboration dans les activités ecclésiales.

Manifestant une profonde dévotion à l’égard de l’Eucharistie, la contemplation de Jésus dans le Sacrement de l’Autel la conduisit à vouloir être comme le pain qui est partagé et distribué entre tous. C’est également ce qu’elle enseigna à ses religieuses, les Filles de Marie Mère de l’Eglise. Son témoignage lumineux est un appel à vivre dans l’adoration de Dieu et en servant ses frères, deux piliers fondamentaux de l’engagement chrétien.

5. La Mère Piedad de la Cruz Ortíz, née à Bocairente et fondatrice des Salésiennes du Sacré-Coeur à Alcantarilla (Murcia), est un merveilleux exemple de la réconciliation que nous propose saint Paul dans la deuxième lecture: « Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde » (2 Co 5, 19). Mais Dieu demande la collaboration des hommes pour mener à bien son oeuvre de réconciliation (cf. vv. 19-20). La Mère Piedad réunit plusieurs jeunes filles désireuses de montrer aux humbles et aux pauvres l’amour du Père providentiel manifesté dans le Coeur de Jésus, donnant ainsi vie à une nouvelle famille religieuse. Modèle de vertus chrétiennes et religieuses, pleine d’amour pour le Christ, la Vierge Marie et les pauvres, elle nous laisse un exemple d’austérité, de prière et de charité envers tous les indigents.

6. C’est une « créature nouvelle » que devint Maria Barba, qui offrit toute sa vie à Dieu au Carmel, où elle reçut le nom de Maria Candida dell’Eucaristia. Elle fut une authentique mystique de l’Eucharistie; elle en fit le centre unificateur de toute son existence, suivant la tradition carmélite, en particulier l’exemple de sainte Thérèse de Jésus et de saint Jean de la Croix.

Elle aima à tel point Jésus-Eucharistie qu’elle éprouva le désir constant et ardent d’être l’apôtre inlassable de l’Eucharistie. Je suis certain que, du Ciel, la bienheureuse Maria Candida continue à aider l’Eglise, afin qu’elle se développe dans l’émerveillement et dans l’amour à l’égard de ce Mystère suprême de notre foi.

7. « Laetare, Ierusalem – Réjouis-toi, Jérusalem » (Antienne d’entrée).
L’invitation à la joie, qui caractérise la liturgie d’aujourd’hui, s’amplifie grâce au don des bienheureux Luigi Talamoni, Matilde del Sagrado Corazón Téllez Robles, Piedad de la Cruz Ortíz Real et Maria Candida dell’Eucaristia. Ils nous font goûter, nous qui sommes pèlerins sur la terre, la joie du Paradis et sont pour chaque croyant les témoins d’une espérance réconfortante.

(©L’Osservatore Romano – 23 mars 2004)

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ZENIT Staff

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