CITE DU VATICAN, Vendredi 28 novembre 2003 (ZENIT.org) – Jean-Paul II recommande aux évêques de France d’ »enraciner » leur « ministère dans une forte relation au Christ » et de cultiver la « communion fraternelle ».
Le pape a reçu ce matin en audience au Vatican les évêques des provinces ecclésiastiques de Cambrai et de Reims qui terminent leur visite ad limina.
Le pape a abordé le thème de l’Eglise et de la mission épiscopale dans la perspective de son exhortation apostolique post-synodale sur le ministère de l’Eglise, « Pastores Gregis », publiée le 16 octobre dernier (cf. Texte intégral in « Documents »).
Après avoir évoqué « avec émotion » la Journée mondiale de la jeunesse de Paris, en 1997, le pape a souligné qu’une visite ad limina « est un temps fort dans la vie spirituelle et dans la mission d’un évêque, et une belle expérience de communion entre Pasteurs ».
Il recommandait: « quelles que soient les circonstances apostoliques qui sont les vôtres, pour que l’espérance du Christ ne cesse de vous habiter et guide votre ministère, je vous encourage, comme je l’ai rappelé dans « Pastores gregis », reprenant ce qu’avaient souligné les Évêques au cours de l’assemblée synodale, à demeurer attentifs à votre propre vie spirituelle, enracinant votre ministère dans une forte relation au Christ, dans la méditation prolongée de l’Écriture et dans une intense vie sacramentelle ».
« Ainsi, vous pourrez communiquer aux fidèles, ajoutait le pape, le désir de vivre en union intime avec Dieu, pour qu’ils affermissent leur foi, et qu’ensemble vous puissiez proposer la foi à vos concitoyens, dans l’esprit des documents que vous avez élaborés sur l’annonce de l’Évangile. En effet, toute mission repose sur ce lien privilégié avec le Sauveur, car, comme le dit l’Apôtre, en toutes circonstances c’est Dieu qui donne la croissance (cf. 1 Co 3, 6) ».
Jean-Paul II soulignait la longue tradition ecclésiale dans ce domaine en disant : « Dès les origines de l’Église, les Apôtres avaient conscience du danger qu’ils couraient devant les demandes qui pouvaient leur être faites dans leur ministère. Aussi prennent-ils soin de rappeler qu’il est important pour eux de « rester assidus à la prière et au service de la parole » (Ac 4, 6), pour se maintenir dans une foi indéracinable, capables de demeurer guetteurs et de faire face à tous les défis qui se posent dans l’annonce de la vérité et dans les relations entre les personnes (cf. S. Grégoire le Grand, Homélie sur Ézéchiel, I, 11, 4-6). Dans toute vie chrétienne, comme je l’ai rappelé dans » Novo millennio ineunte » (cf. n. 39), et a fortiori dans la mission apostolique, le lien au Christ et la fréquentation de la Parole, notamment par la » lectio divina » qui permet d’assimiler la Parole de Dieu et qui façonne l’existence, sont fondamentaux ».
Mais Jean-Paul II insistait aussi sur » la collaboration fraternelle et le souci de la communion » comme « essentiels pour manifester l’unité du Corps ecclésial tout entier », en soulignant que « la cohésion toujours plus grande du collège apostolique rejaillit sur la croissance du Corps tout entier de l’Église ».
Le pape évoquait en particulier l’œuvre du cardinal de Lubac en disant: « Il m’est agréable en cette année où nous fêtons le cinquantième anniversaire de l’œuvre maîtresse du Cardinal Henri de Lubac, « Méditation sur l’Église », d’évoquer tout d’abord avec vous le mystère de l’Église, Corps du Christ au sein duquel vous êtes, comme successeurs des Apôtres, chargés de gouverner, d’enseigner et de sanctifier le peuple chrétien, comme je le rappelais dans la récente exhortation apostolique post-synodale « Pastores gregis » (cf. n. 5) ».
Il recommandait: « Il apparaît plus que jamais important aujourd’hui de faire découvrir aux fidèles le sens et la grandeur du mystère de l’Église du Christ, largement développés dans la constitution « Lumen gentium », qui demanderait à être davantage étudiée. Ce mystère renvoie au mystère de l’Eucharistie, car l’Eucharistie fait l’Église et l’Église fait l’Eucharistie (cf. « Ecclesia de Eucharistia », n. 26). L’Église est convoquée et rassemblée par le Christ, qui lui communique sa vie et lui fait le don de l’Esprit Saint. En participant au sacrifice eucharistique, mémorial du sacrifice de la Croix, les chrétiens reçoivent le Sauveur réellement présent, pour être conformés à leur Seigneur et, par lui, vivre dans la communion fraternelle, unis à leurs pasteurs, qui représentent le Christ, Tête et Chef du troupeau ».
« Sans une connaissance sérieuse et approfondie du mystère de l’Église, qui renvoie toujours au Christ, avertissait le pape, il est clair que l’on ne peut pas saisir le sens des ministères ordonnés et plus généralement de la structure de l’Église; grâce à ces ministères, l’Église peut, à la suite des Apôtres, annoncer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre (cf. Mc 16, 15). Je vous encourage donc, avec toutes les personnes qui ont des compétences en la matière, à poursuivre, par des catéchèses adaptées, la formation du peuple de Dieu sur la nature divine de l’Église, qui fait intrinsèquement partie du mystère chrétien, comme nous le proclamons dans le credo; « Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique », ainsi que sur le sens du ministère épiscopal. Cela contribuera à une plus grande unité des différentes communautés diocésaines ».
Et d’insister: « Nourris par cette contemplation du mystère de l’Église, les fidèles seront fortifiés dans leur amour pour le Christ et pour son Corps mystique, et ils comprendront ce qu’ils doivent être pour participer de manière plus totale à la nouvelle évangélisation. En effet, pour être évangélisateur, il faut avoir le souci de construire l’Église selon la volonté du Seigneur et les motions de l’Esprit Saint, et se vouloir enfant de l’Église dans laquelle, comme l’exprimait avec enthousiasme sainte Thérèse de Lisieux, chacun est appelé à trouver sa vocation, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. De même, cela suppose que chacun ait conscience qu’il est, à sa manière, personnellement, en famille et en communauté, image de l’Église aux yeux du monde. Alors, profondément enracinés dans le Christ, les fidèles s’engageront par toute leur vie à être témoins de la bonne nouvelle du salut, partant à la recherche de la brebis perdue; ils seront des messagers et des artisans d’unité, pour bâtir un monde réconcilié (cf. Paul VI, « Evangelii nuntiandi », nn. 14-15; 29.31) ».