CITE DU VATICAN, Jeudi 27 novembre 2003 (ZENIT.org) – La dépression peut être une voie pour découvrir d’autres aspects de soi et de nouvelles formes de rencontre avec Dieu, indiquait Jean-Paul II lors de l’audience aux participants à une Conférence internationale sur le thème de la dépression.
Dans la matinée du vendredi 14 novembre 2003, le Pape Jean-Paul II a reçu en audience les participants à la Conférence internationale sur le thème de la dépression, organisée par le Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé. Au cours de la rencontre, le Saint-Père a prononcé le discours suivant (traduction publiée par L’Osservatore Romano en français du 24 novembre):
Chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce!
Chers amis!
1. Je suis heureux de vous rencontrer à l’occasion de la Conférence internationale organisée par le Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé, sur le thème « La dépression ». Je remercie le Cardinal Javier Lozano Barragán pour les aimables paroles qu’il m’a adressées au nom des personnes présentes.
Je salue les éminents spécialistes venus offrir le fruit de leurs recherches sur cette pathologie, dans le but d’en favoriser une connaissance approfondie, de façon à permettre de meilleurs soins et une assistance plus adaptée aux personnes concernées et à leurs familles.
Je pense également avec reconnaissance à tous ceux qui se consacrent au service des personnes atteintes de dépression, en les aidant à garder confiance dans la vie. Ma pensée s’étend naturellement également aux familles qui accompagnent avec affection et dévouement leur parent.
2. Chers participants au Congrès, vos travaux ont démontré les différents aspects de la dépression dans toute leur complexité: ceux-ci vont de la maladie profonde, plus ou moins longue, à un état passager lié à des événements difficiles – conflits conjugaux et familiaux, graves problèmes de travail, états de solitude… -, qui entraînent une fissure, ou même une rupture des relations sociales, professionnelles et familiales. La maladie s’accompagne souvent d’une crise existentielle et spirituelle, qui conduit à ne plus percevoir le sens de la vie.
La diffusion des états dépressifs est devenue préoccupante. Celle-ci révèle des fragilités humaines, psychologiques et spirituelles qui, du moins en partie, sont provoquées par la société. Il est important de prendre conscience des répercussions qu’ont sur les personnes les messages véhiculés par les médias, qui exaltent la consommation, la satisfaction immédiate des désirs, la course vers un bien-être matériel toujours plus grand. Il faut proposer de nouvelles voies, afin que chacun puisse construire sa personnalité en cultivant sa vie spirituelle, fondement d’une existence mûre. La participation enthousiaste à la Journée mondiale de la Jeunesse révèle chez les nouvelles générations la recherche de Quelqu’un qui puisse illuminer leur chemin quotidien, en leur donnant des raisons de vivre et en les aidant à affronter les difficultés.
3. Vous l’avez souligné: la dépression est toujours une épreuve spirituelle. Le rôle de ceux qui prennent soin de la personne déprimée et qui n’ont pas de fonction thérapeutique spécifique, con-siste surtout à l’aider à retrouver l’estime de soi, la confiance dans ses propres capacités, l’intérêt pour l’avenir et la volonté de vivre. C’est pourquoi il est important de tendre la main aux malades, de leur faire percevoir la tendresse de Dieu, de les intégrer dans une communauté de foi et de vie, dans laquelle ils puissent se sentir accueillis, compris, soutenus, dignes, en un mot, d’aimer et d’être aimés. Pour eux, comme pour tout autre, contempler le Christ et se laisser « regarder » par Lui est une expérience qui les ouvre à l’espérance et qui les pousse à choisir la vie (cf. Dt 30, 19).
Dans l’itinéraire spirituel, la lecture et la méditation des Psaumes, dans lesquels l’auteur sacré exprime dans la prière ses joies et ses angoisses, peut être d’une grande aide. La récitation du Rosaire permet de trouver en Marie une Mère bienveillante qui enseigne à vivre dans le Christ. La participation à l’Eucharistie est une source de paix intérieure, que ce soit en vertu de l’efficacité de la Parole et du Pain de vie ou de l’insertion dans la communauté ecclésiale. Bien conscients que ce qui apparaît aux autres simple et spontané exige un grand effort de la part de la personne dépressive, il faut aider celle-ci, avec patience et délicatesse, en ayant à l’esprit l’avertissement de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus: « Les petits font de petits pas ».
Dans son amour infini, Dieu est toujours proche de ceux qui souffrent. La dépression peut être une voie pour découvrir d’autres aspects de soi et de nouvelles formes de rencontre avec Dieu. Le Christ écoute le cri de ceux dont la barque est en proie à la tempête (cf. Mc 4, 35-41). Il est présent à leurs côtés afin de les aider dans la traversée et de les guider vers le port de la sérénité retrouvée.
4. Le phénomène de la dépression rappelle à l’Eglise et à la société tout entière combien il est important de proposer aux personnes, et en particulier aux jeunes, des figures et des expériences qui les aident à croître sur le plan humain, psychologique, moral et spirituel. En effet, l’absence de points de repère ne peut que contribuer à rendre les personnalités plus fragiles, les poussant à considérer que tous les comportements sont équivalents. De ce point de vue, le rôle de la famille, de l’école, des mouvements de jeunes et des associations paroissiales, est très important, en raison de l’influence que ces réalités ont sur la formation de la personne.
Le rôle des Institutions publiques est également important pour garantir des conditions de vie dignes, en particulier aux personnes abandonnées, malades et âgées. De même, les politiques pour la jeunesse sont nécessaires, car elles visent à offrir des motifs d’espérance aux jeunes, en les préservant du vide ou de son remplissage dangereux.
5. Chers amis, en vous encourageant en vue d’un engagement renouvelé dans votre travail si important aux côtés de nos frères et soeurs touchés par la dépression, je vous confie à l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Salus infirmorum. Que chaque personne et chaque famille puisse ressentir sa sollicitude maternelle dans les moments difficiles.
A vous tous, ainsi qu’à vos collaborateurs et vos proches, je donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.
(©L’Osservatore Romano – 25 novembre 2003)