Conclusions de la Conférence Internationale sur "La dépression"

Organisée par le Conseil Pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé

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CITE DU VATICAN, mardi 25 novembre 2003 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les conclusions de la XVIII Conférence Internationale du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé sur « La dépression » qui a eu lieu au Vatican du 13 au 15 novembre.

Les 13, 14 et 15 novembre 2003 a eu lieu la dix-huitième Conférence Internationale du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé sur le thème de « la dépression ». Les sessions de travail se sont déroulées dans la Nouvelle Salle du Synode au Vatican.

Des cardinaux, archevêques, évêques, religieux, religieuses, laïcs, venus de 62 pays, engagés à différents titres dans le domaine de la souffrance et de la santé et/ou spécialisés dans les différentes disciplines des sciences humaines, sociales, biomédicales, théologiques et pastorales, se sont réunis sous la conduite de son Eminence le cardinal Javier Lozano Barragán, président du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé.

Un nombre important d’ambassadeurs et de ministres de la santé ont participé aux sessions de la conférence ainsi que de nombreux étudiants en médecine, en sciences infirmières, et en théologie pastorale de la santé.

Le thème général de « la dépression » a été exprimé par les différents intervenants à la lumière de la Parole de Dieu et de la théologie pour souligner les défis sociaux, les défis dans le domaine de la santé, les défis politiques, culturels et religieux les plus importants que la communauté internationale et l’Eglise en particulier doivent affronter dans les différentes régions du monde ; ainsi que les réponses adéquates au niveau théologique, moral, éducatif et pastoral pour offrir aux personnes souffrant de dépression, l’unique perspective viable définitive pour y faire face : l’expérience de la victoire de la vie sur la mort.

Voici les thèmes abordés par les illustres intervenants à la XVIII Conférence Internationale :

– La dépression : anthropologie biblique et foi chrétienne
– La dépression entre le mal d’être et la maladie
– La dépression : données et observations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
– Une société dépressive ?
– Dépression et crise religieuse
– La crise du suicide
– Modèle biologique et modèle psychologique de la dépression
– Moyens de communication et aggravation de la dépression
– Les idées dépressives du monde contemporain
– Histoire de la dépression
– Théologie : dépression et espérance chrétienne
– Théologie morale : dépression, références morales subjectives et références morales objectives
– Le rejet de la souffrance et la recherche du bien-être personnel
– Dialogue interreligieux sur le sens de la dépression et du mal d’être : judaïsme, islam, bouddhisme, hindouisme
– Principaux points de foi sur lesquels il faut insister de manière particulière
– Privilégier une éducation du sens de la personne, de la responsabilité et de l’estime de soi à la lumière du christianisme
– Susciter un lien social dans une société éclatée et dominée par l’individualisme
– L’accueil des personnes dépressives en milieu médical et hospitalier
– Le rôle de la famille face à la dépression
– L’accompagnement pastoral, spirituel de la personne déprimée et de son environnement
– Vers une pastorale de l’espérance chrétienne et de la confiance dans la vie

A la fin des sessions de travail au cours desquelles les participants sont également intervenus brièvement pour poser des questions, faire des observations et proposer des suggestions, en tenant compte du magistère de Jean-Paul II, les affirmations, recommandations et propositions suivantes ont été présentées :

I. Affirmations
Les participants ont affirmé que :
– La dépression pathologique, ou simplement existentielle constitue une expérience qui a accompagné l’homme depuis les civilisations les plus anciennes. Trouble sporadique dans un premier temps, elle est devenue au fil des années une vraie épidémie surtout en raison de la culture de l’absence de sens et de la mort qui dans la pensée post-moderne correspond à « l’homo pavidus » post-moderne.
– La dépression n’a pas seulement un aspect médical mais aussi social dans la mesure où elle se développe en l’absence de références éthiques claires et d’une vie spirituelle nourrie par la Parole de Dieu.
– L’individualisme, le chômage, le divorce, l’insécurité, l’absence d’une réelle éducation, le manque de transmission du savoir, de la culture, de la morale et de la vie religieuse et la négligence des normes objectives pour le relativisme éthique affaiblissent et fragilisent les personnes en raison du manque d’enracinement et de stabilité dans la vie.
– Les contre-valeurs se développent aux dépends de l’homme et détruisent l’harmonie d’une culture en fragilisant les personnes ; elles sont le fruit des idées dépressives qui portent le germe de la destruction de l’humanité de l’homme et la défigurent au point de le rendre incapable de se reconnaître dans ce qu’il vit.
– Si d’une part la présence de déterminismes psychiques involontaires n’implique pas nécessairement l’absence d’une motivation éthique, l’espace de la liberté est limité. Ceci est important dans la dépression, qui voit au centre de la propre psycho-dynamique le sens de culpabilité provoqué par une blessure narcissique : une stratégie cherchant à méditer sur cette blessure peut s’amorcer, alimentant le désir d’omnipotence et l’illusion du contrôle total.
– La famille souffre lorsque l’un de ses membres est atteint de dépression. Cette famille peut par ailleurs être la meilleure thérapie pour la personne déprimée. Ecouter, comprendre, aimer. Toujours valoriser la personne. L’aider à participer et lui faire sentir qu’on se sent bien près d’elle. C’est le chemin que propose la pastorale de l’Eglise pour accompagner les personnes déprimées.
– Le sens transcendant de la vie que proposent les religions constitue le meilleur antidote à la dépression et pour une harmonie physique, psychique, sociale et spirituelle de la vie.
– Pour le musulman la seule foi en Dieu et l’attachement à Lui constitue l’unique prévention et protection contre la dépression.
– La religion hindouiste est une sorte de psychothérapie dans la mesure où elle a également comme fonction de répondre à des questions ultimes de la vie donnant ainsi un soutien au lien social, à la cohésion et au sens d’appartenance ainsi que des lignes directrices pour la vie.

II. Recommandations et propositions
Voici ce qui a été recommandé et proposé :
– On a affirmé que l’absence de points de référence contribue à fragiliser la personnalité et la conduit à penser que tous les comportements se valent, d’où l’importance de rappeler à la famille, à l’école, aux mouvements de jeunes et aux associations paroissiales leur rôle irremplaçable en raison de l’influence que ces situations ont sur la formation de la personne.
– On a proposé aux agents de pastorale de tendre la main aux personnes souffrant de dépression pour leur faire découvrir la tendresse de Dieu en les intégrant dans une communauté de foi et de vie dans laquelle ils puissent se sentir accueillis, soutenus, dignes d’aimer et d’être aimés. Ceci les conduira à regarder le Christ et à se laisser regarder par Lui faisant ainsi une expérience qui les ouvre à l’espérance et à la vie.
– On demande aux institutions publiques de garantir des conditions de vie dignes aux personnes déprimées et d’élaborer des politiques en faveur des jeunes visant à leur offrir des raisons d’espérer en les préservant du vide existentiel avec ses tragiques conséquences.
– Pour sortir de la dépression l’homme a besoin de retrouver des valeurs et un sens à sa vie, et la résurrection du Christ constitue l’issue définitive
de la victoire contre la dépression.
– Pour retrouver la confiance en soi et dans la vie il faut passer par la pédagogie de l’espérance chrétienne, une espérance qui nous ouvre un avenir avec Dieu et qui nous enracine dans le désir de trouver notre bonheur avec le Christ dans la vie éternelle en nous appuyant sur la grâce de l’Esprit Saint.
– Pour recréer un vrai lien social en partant d’un changement complet du comportement de chaque homme, il faut revaloriser les principes de la morale capables de marquer un tournant dans la sphère de l’esprit de l’homme déprimé pour le soulager en restaurant en même temps aussi bien la personne que la société.
– L’homme souffrant a toujours une place privilégiée dans l’anthropologie biblique et dans le message chrétien. La personne déprimée n’est pas oubliée de Dieu. Elle est même au centre de son amour rempli de compassion. Lorsqu’il commence sa mission messianique Jésus affirme en effet : « Je suis venu pour les malades… » parmi lesquels figurent aussi les personnes souffrant de dépression. La vie spirituelle transforme cette promesse en contenus concrets qui offrent au croyant un soutien spirituel pour affronter toute maladie y compris la dépression.
– Les mass media sont des instruments de civilisation qui, s’ils proposent des modèles de vie et des parcours culturels respectant les valeurs de la vie, de la famille et de la société, peuvent aider beaucoup à faire changer les comportements et les tendances individualistes et empreintes de mort de la culture post-moderne en comportements positifs personnels, altruistes et solidaires en faveur de la vie.

Cité du Vatican, le 15 novembre 2003
[Traduction de l’original italien réalisée par Zenit]

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ZENIT Staff

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