« La semaine dernière, une bombe a été désamorcée face à l’école catholique de Mossoul, indique Fides. C’était un engin formé d’une série de grenades de faible puissance mais qui pouvait tout de même tuer et blesser des enfants. Pour des raisons de sécurité, l’école a été fermée pour une semaine au moins », déclare à l’Agence Fides le Père Nizar Seeman, prêtre de Mossoul. « La semaine dernière encore, une rafale de kalachnikov a été tirée contre l’évêché syrien d’Antioche de ma ville », précise-t-il.
Les responsables sont très probablement des extrémistes wahhabites de Mossoul, déclare le prêtre. Par ces actes d’intimidation contre la communauté chrétienne, les extrémistes veulent démontrer leur force, et, fait plus grave encore, bloquer le retour à la normale pour la société civile. A Mossoul en effet on fait des travaux pour remettre en état les routes et les bâtiments publics, comme les écoles et les hôpitaux. Les extrémistes veulent imposer leur loi faite d’intolérance et de violence dans une ville comme Mossoul où il y a une longue tradition de respect entre les religions et les ethnies. A Mossoul, en effet, l’activité la plus importante est le commerce, et l’on sait que les commerçants ont toujours eu une vision de tolérance et d’ouverture, déclare le Père Nizar.
Dans le nord de l’Irak, ces dernières semaines, des épisodes de violence se sont intensifiés contre les forces américaines. Ces deux derniers jours précisément, deux hélicoptères américains se sont écrasés sur Mossoul après que l’un des deux ait été touché par un missile. « Je ne sais pas quel rapport il y a entre ceux qui attaquent les Américains et ceux qui ont fait des attentats contre les chrétiens, déclare le Père Nizar. Ce que je peux dire c’est que les extrémistes wahhabites étaient présents sous le régime de Saddam Hussein même s’ils restaient discrets. A présent, ils relèvent la tête et développent leurs activités, en attirant dans leurs rangs de plus en plus de gens. Les wahhabites reçoivent des fonds de l’étranger et il leur est facile de recruter de jeunes chômeurs ».
A ce propos je voudrais donner un simple exemple pour montrer comment l’argent est utilisé pour assurer l’expansion d’une vision islamiste de la société. Quand, à la fin de années 1980, je suivais les cours à l’Université de Mossoul, les jeunes filles voilées étaient au nombre d’une sur quarante. A présent, c’est le contraire, la situation s’est renversée : 40 filles voilées contre une à la tête découverte ! Et cela parce que les intégristes paient les jeunes pour porter le voile ».
« Ceux qui ont en mains l’avenir de l’Irak doivent chercher à empêcher la fin de la tolérance et de la cohabitation pacifique entre les religions. Nous ne voulons pas que l’Irak soit un nouveau Liban », conclut le Père Nizar.