Si certains politiques et groupes de pressions veulent profiter de cet évènement pour légiférer sur l’euthanasie, Jean-Pierre Raffarin, premier ministre, explique au Figaro : « on ne peut pas gouverner ou légiférer pour des situations spécifiques ». Il considère que l’Etat n’a pas vocation à se substituer aux choix de conscience des individus : « la vie n’appartient pas aux politiques ». Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, se dit « très réservé sur le principe de l’euthanasie ». « Reconnaître le droit d’abréger la vie d’une personne, on imagine à peu près où ça commence, on voit mal où ça s’arrête ».
Dominique Perben, garde des Sceaux déclare, toujours au Figaro, « il ne faut pas hâter les choses et improviser un débat sous le choc d’une émotion légitime ».
Jean-François Mattéi, ministre de la Santé, s’était clairement opposé à l’euthanasie en décembre 2002 quand Vincent Humbert avait demander dans une lettre au Président de la République « le droit de mourir » (cf. revue de presse du 18/12/02). Aujourd’hui, il se dit partisan de « conserver un interdit » et prévient du danger de prendre une « décision hâtive ». Bernard Kouchner, ancien ministre de la santé, déclare : « j’estime qu’il [Vincent Humbert] a enfin le droit de trouver le repos ».
Dans la page Débats et Opinions du Figaro, l’essayiste François de Closets estime qu’il faudrait permettre « une euthanasie réglementée ». Pour le philosophe et membre de l’Académie française Michel Serres, « l’urgence est de se demander pourquoi la mort nous captive et nous sommes toujours en train de remâcher des cadavres.(…) Je ne veux pas me prêter à cette danse macabre ».
Dans le Courrier des lecteurs du journal Libération de ce week-end, une maman dont la fille qui ne pouvait ni parler, ni marcher est morte à l’âge de 5 ans, donne son témoignage. Elle parle de ces 5 années où elle, son époux et des proches « se sont battus contre ceux, à l’hôpital, qui voulaient « euthanasier » notre fille » : « ça ne vaut pas le coup de vivre comme cela » leur avait dit un des médecins. « Quel imbécile », témoigne-t-elle, « toutes ces années ont pesé leur poids d’amour, de mots et de caresses, d’attentions, de combat, de souffrance aussi ». Un des médecins qui suivait leur fille leur avait expliqué : »votre fille m’a coûté 350.000 francs l’année dernière ». Seul un médecin leur a redonné confiance. A la question d’une infirmière : « alors, si elle a un problème, que dois-je faire? », il a répondu fermement : « mais votre travail, mademoiselle : la soigner ». « Une confiance indispensable », explique la maman, « quand on remet le corps et la vie de son enfant aux mains des soignants ».