Soucieuse d’une bonne entente entre voisins, une paroisse rurale de Corée du Sud a invité la communauté bouddhiste toute proche à participer à une liturgie eucharistique. La paroisse de Chongsong, diocèse d’Andong, a convié le vénérable Unkwang et les fidèles du temple de Daejeon à participer à une eucharistie le jour de la fête de Saint Pierre et de Saint Paul, le 29 juin dernier. Ils avaient déjà été conviés à une pièce de théâtre, le 25 juin. La paroisse, forte d’une centaine de paroissiens, est voisine du temple de Chongsong.
Le curé, le P. Peter Kwon Joong-hee, a expliqué que les invitations avaient suivi l’envoi d’une gerbe de fleurs et d’un message de meilleurs vœux à leurs voisins bouddhistes, à l’occasion de Vesak, fête de la naissance de Bouddha, en mai dernier. En remerciement, les bouddhistes avaient invité les catholiques à un déjeuner. « C’est alors que j’ai convié le moine à venir voir une pièce de théâtre chez nous », a rapporté le prêtre catholique.
Depuis son arrivée dans la paroisse en 2000, le prêtre, en effet, invite chaque année une troupe de comédiens professionnels pour faire connaître « la culture traditionnelle » aux gens du secteur. « C’était une excellente occasion pour entamer un dialogue interreligieux entre nous catholiques et les bouddhistes. »
Le vénérable Unkwang a apprécié le rituel de la messe, « calme et solennel », célébré de manière « organisée et méthodique ». Les visiteurs bouddhistes ont suivi avec attention tous les faits et gestes des catholiques. Le moine bouddhiste a tout particulièrement apprécié le geste du P. Kwon demandant à l’assistance de remplacer la formule : « La Paix soit avec vous » par : « Devenons bouddha » (1). « En retour, a déclaré le moine, nous inviterons les catholiques à assister à une liturgie bouddhiste et à notre tour nous y introduirons un geste chrétien. »
Quant au théâtre, le vénérable Ukwang a déclaré qu’il était bon que les habitants de zone rurale connaissent « la vie, les rêves et les angoisses des adolescents des villes ». La pièce, « Premier amour en 2003 » par Arirang, une compagnie théâtrale de Séoul, traitait des problèmes des adolescents face à l’amitié, l’amour, l’éducation et en particulier la difficile admission à l’université, causes de grande angoisse pour eux. Un fond de musique traditionnelle « samulnori » et de musique moderne accompagnait le jeu des dix acteurs.
Pang Eun-mi, la présidente d’Arirang, a expliqué que sa troupe jouait des pièces à caractère socioculturel dans la région depuis 1997, y compris, chaque année, dans une dizaine de prisons. « Comme d’habitude, le P. Kwon nous a invités pour jouer devant les gens du secteur et nous en sommes ravis. » Comme la salle paroissiale était trop petite, un certain nombre de personnes se sont vu refuser l’entrée du spectacle, si bien que le P. Kwon a eu l’idée de demander au vénérable Unkwang d’organiser conjointement une autre représentation mais dans un plus grand local l’année prochaine. Le moine a accepté.
(1) Formule classique dans certaines écoles bouddhistes signifiant « Devenons des ‘éveillés’ », c’est-à-dire ‘éveillés à la Vérité’
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