M. Youm Seong a été reçu en audience vendredi matin par Jean-Paul II à l'occasion de la présentation de ses lettres de créance. Les discours du pape et de l'ambassadeur étaient en latin: M. Seong a été directeur de l'institut coréen d'études gréco-romaines.

Il est nécessaire de construire l'avenir de la Corée sur de "solides bases du respect de la personne et dans la constante recherche de la justice et de la paix", affirmait le pape dans son discours.

Le pape encourageait aussi le dialogue entre Séoul et Pyongyang, insistant sur la nécessité de libérer la région du spectre des armes de destruction de masse en disant: "Il importe de bâtir le présent et l'avenir de la Corée sur le respect de la personne, sur la justice et sur la paix. Dans la conjoncture actuelle, il convient de redoubler d'efforts pour l'élimination progressive, équilibrée et vérifiable, des armes de destruction de masse, en particulier des armes nucléaires".

Le pape rappelait que le 4 juillet marque "le quarantième anniversaire de l'ouverture de la Délégation coréenne près le Saint-Siège".

"L'Evangile a pu être diffusé et fleurir en Corée", soulignait par ailleurs le pape, "et les nombreux coréens élevés à la gloire des autels montrent combien la sainteté est solidement implantée dans un peuple qui fait honneur à l'Eglise universelle".

Jean-Paul II a évoqué ses deux visites en Corée du sud, déplorant la division du pays.

Ces visites lui ont permis, disait-il, de constater "les progrès et les conquêtes dans les domaines de la liberté et du bien-être par cette société jeune et dynamique".

"J'ai cependant perçu, constatait Jean-Paul II, l'amertume de nombreuses personnes devant le fait qu'un peuple soit contraint de vivre coupé en deux. La permanence de l'hostilité et de l'opposition entre deux Etats est une cause de préoccupation, mais savoir qu'il existe une véritable volonté de limiter les tensions par le dialogue et des rencontres constitue un signe d'espérance".

"Ce processus politique trouvera sans doute plus de force et de crédibilité si la partie la plus développée de la péninsule se montre capable, dans la mesure du possible, d'aider l'autre", remarquait Jean-Paul II.

A propos de la solidarité, le pape ajoutait: "Le Saint-Siège voit favorablement tout effort de dialogue et de coopération, tout comme l'attention constante portée aux couches les plus faibles de la population".

Quant à la communauté catholique de Corée, elle constitue, affirmait encore le pape, "une réalité prometteuse, qui jouit de l'estime et du respect".

"Elle accomplit sa mission en s'inspirant de l'Evangile et met en pratique son témoignage religieux grâce à ses institutions éducatives, médicales et caritatives, très appréciées", notait Jean-Paul II.

Il soulignait cependant les menaces contre la vie humaine: l'Eglise catholique "ne cache pas sa préoccupation face au tragique phénomène de l'avortement, qui constitue une terrible plaie sociale".

"Il s'accompagne en outre de la pratique diffuse du contrôle artificiel des naissances et du développement d'une mentalité pragmatique justifiant et encouragent les manipulations génétiques ainsi que la peine de mort. Face à des menaces aussi graves contre la vie humaine, l'Eglise a le devoir de rappeler les valeurs morales dans lesquelles elle croit et qui sont le patrimoine de l'humanité puisqu'elles sont inscrites par Dieu dans le coeur de tout homme avec la loi naturelle", insistait le pape.

C'est pourquoi le pape recommandait aux évêques de mettre sur pied un "programme ayant la défense de la vie et de la famille comme premier objectif". Il y voit une source de bien de solidité et de stabilité pour la société coréenne".

Dans son discours, l'ambassadeur, âgé de 61 ans, professeur de philosophie, et ancien étudiant de l'université salésienne de Rome, avait rappelé le 40e anniversaire des relations diplomatiques de son pays avec le Saint-Siège.

Pour ce qui est de la division de la péninsule coréenne, il disait: "pour remédier à la tension entre les deux parties et éviter toute possibilité de guerre", il faut se libérer de la "terreur des armes nucléaires". Les Coréens ont besoin, disait-il, des "sages conseils" du pape, inspirés par la "divine sagesse évangélique".