Bien que relativement limités en nombre, les pèlerinages de chrétiens hongkongais sur le continent chinois augmentent peu à peu, même si les contrôles exercés par les autorités chinoises restent importants. Selon les agences de voyage spécialisées dans l’organisation de ce type de déplacement, un facteur conjoncturel explique l’augmentation du nombre des pèlerinages ces dernières années. Selon Mme Wu, de Lotus Tours Ltd., la crise économique qui sévit à Hongkong depuis 1997 a incité les Hongkongais à partir moins loin, abandonnant les destinations européennes pour la province voisine du Guangdong et l’est de la Chine, moins chères. Cependant, estime encore Mme Wu, au-delà de cette explication ponctuelle, on peut noter que l’Eglise catholique sur le continent est devenue « plus ouverte » aux pèlerinages organisés.
Le cadre général de ces pèlerinages reste le même qu’il y a quelques années, c’est-à-dire que les organisateurs hongkongais ou représentants des Chinois d’outre-mer doivent toujours demander par avance l’autorisation, au niveau local, du Bureau des Affaires religieuses, pour visiter tel ou tel lieu. Dans le dossier de demande, doivent être précisés en détail les lieux visités, les personnes à rencontrer et les motifs du pèlerinage. La présence éventuelle de prêtres dans le groupe doit être signalée et ces derniers doivent déposer une demande d’autorisation pour célébrer la messe dans les églises visitées.
Pour Roger Lee Chun-tik, propriétaire de l’agence Pilgrim International Ltd., l’expérience a prouvé, encore récemment, en août 2002, à l’occasion de pèlerinages à Shenzhen et dans la province du Guangdong, qu’il était préférable de demander au clergé de Chine continentale de célébrer les offices pour les pèlerins hongkongais plutôt que de demander à un prêtre de Hongkong de se joindre au groupe. De plus, Roger Lee n’utilise plus le terme « pèlerinage » dans les dossiers qu’il dépose mais a recours à une formulation plus neutre car, « sans cela, les autorités ne nous laissent pas entrer ».
Cependant, une fois respectées ces conventions d’usage, Roger Lee estime que l’Association patriotique des catholiques chinois accepte plus facilement ces voyages organisés particuliers et, « localement, les responsables de l’Association patriotique veulent même organiser des voyages de laïcs du continent à Hongkong, pour y visiter les paroisses catholiques ».
Deux événements ont toutefois ralenti l’augmentation du nombre des pèlerinages de catholiques hongkongais sur le continent. Le premier a été consécutif aux tensions entre le Saint-Siège et Pékin à la suite de la canonisation à Rome le 1er octobre 2000 de 120 martyrs de l’Eglise de Chine (1). Selon Mme Wu, quatre des sept pèlerinages que son agence avait mis sur pied en 2001 ont été annulés, les catholiques de Hongkong prenant peur à la perspective de se rendre sur le continent. Le second est lié à l’épidémie de pneumopathie atypique qui a entraîné l’annulation des six pèlerinages (200 personnes au total) organisés cette année par son agence (2). Pour Mme Wu, les pèlerinages ne vont pas tarder à recommencer, l’épidémie paraissant contrôlée.
(1) A propos de la querelle née des canonisations du 1er octobre 2000, voir le Dossier publié en supplément de EDA 315 ainsi que EDA 298, 305, 315, 316, 317, 319, 342, 352, 362, 365, 367
(2) Au sujet de l’épidémie de pneumopathie atypique (SRAS), voir EDA 372, 373, 374, 375, 377