Dans l’Etat de Terengganu, situé sur la côte orientale de la péninsule malaise et contrôlé depuis les élections de novembre 1999 par le PAS (Parti Islam SeMalaysia, premier parti de l’opposition au niveau national, d’inspiration musulmane), les autorités de l’Etat ont déclaré qu’à partir du mois de juillet 2002, le code pénal en vigueur dans l’Etat ne serait plus le code pénal actuel mais le hudud, le droit musulman qui applique les dispositions prévues par la charia (ou loi musulmane).
Dans le second Etat de la Fédération de Malaisie contrôlé par le PAS, l’Etat de Kelantan, voisin de celui de Terengganu, le hudud est déjà en vigueur depuis plusieurs années bien que les autorités fédérales refusent de reconnaître son application. Selon la Constitution, c’est en effet le gouvernement fédéral qui a la responsabilité du Code pénal et le Premier ministre Mahathir a pris position pour dire que la loi musulmane appliquée à la lettre n’est pas praticable au sein d’une nation attachée au pluralisme et à la tolérance.
Selon le docteur Moh Hatta Ramli, membre du comité central du PAS, “ il est du devoir des autorités de l’Etat de Terengganu, en tant que gouvernement islamique, de promulguer ces lois. Si le gouvernement fédéral était en faveur de ce mouvement, elles seraient appliquées. ” De son côté, Rais Yatim, ministre responsable des Affaires juridiques rattaché au cabinet du Premier ministre, a rappelé début juin que tout texte de loi édicté par un Etat de la Fédération devait recevoir l’approbation des services du procureur général (Attorney General) pour s’assurer de sa conformité avec les lois fédérales.
En réponse, Abdul Hadi Awang, ministre-président de l’Etat de Terengganu et numéro deux du PAS, a indiqué que lui et les siens “ se sentaient une plus grande obligation [à répondre à la volonté] de Dieu qu’à satisfaire les demandes des services du procureur général ”. Son secrétaire politique a ajouté que la proposition de loi visant à introduire la charia dans le code pénal serait examinée devant l’assemblée législative de l’Etat de Terengganu le 7 juillet prochain mais que des amendements seraient apportés au texte d’ici là, sans toutefois préciser la teneur de ces amendements.
Le 6 juin dernier, le procureur général, Abdul Gani Patail, a déclaré que son souhait était de ne pas médiatiser et politiser l’affaire. “ Je ne veux pas me retrouver dans une guerre par médias interposés ”, a-t-il déclaré à l’agence Reuters. Selon les observateurs, la législation proposée par les dirigeants de l’Etat de Terengganu, tout comme l’interdiction, récemment édictée dans l’Etat, des bikinis et des piscines communes aux hommes et aux femmes, fait partie des mesures que le PAS met en avant en vue des élections législatives de 2004. Tout en cherchant à certains moments à rassurer les composantes non musulmanes de la société malaisienne, le PAS ne fait pas mystère de sa volonté de faire de la Fédération de Malaisie un Etat islamique.
(c) Eglises d´Asie
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Jun 20, 2002 00:00