Le pape alsacien Léon IX: "Promouvoir une communion toujours plus intense entre tous"

Lettre de Jean-Paul II pour le millénaire de la naissance du pape d´Eguisheim

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CITE DU VATICAN, Lundi 24 juin 2002 (ZENIT.org) – Le pape Jean-Paul II avait choisi son « ministre de la culture », le cardinal français Paul Poupard, comme envoyé spécial aux célébrations du millénaire de la naissance de saint Léon IX, pape Alsacien, célébré dimanche dernier à Eguisheim (cf. l´article de Zenit le 25 mars 2002, ZF02032507). Saint Léon était également fêté ces jours-ci à Strasbourg, Metz, Nancy et Toulcomme, indique le site de l´association créée pour l´organisation des festivités de ce millénaire (www.pape-saint-leon.com)

La salle de presse du Saint-Siège publie aujourd´hui la Lettre adressée par Jean-Paul II au cardinal Poupard à cette occasion, et en date du 13 juin.

Jean-Paul II présente saint Léon, entre autres, comme un « homme de communion » et invite les fidèles à le suivre sur le chemin de cette « spiritualité de communion »:  » Homme de communion, Léon IX avait une haute conscience de sa mission de Pasteur universel, qu’il a manifestée à travers ses nombreux voyages, de France en Slovaquie, de Lorraine en Italie du Sud, écrit Jean-Paul II. Cinq années durant, il déploie une intense activité pour «affermir ses frères dans la foi» et tisser des liens de confiance entre Rome et les Églises visitées ; il était désireux de promouvoir une communion toujours plus intense entre tous, comme en témoignent les assises réformatrices, les synodes et les conciles qu’il réunit durant ces années ».

Deux colloques internationaux ont été organisés cette année à Strasbourg autour de la figure du pape Léon IX. Un premier colloque scientifique intitulé « Léon IX un Pape et un Saint » s´est tenu les 19, 20 et 21 avril 2002. Il était organisé par le diocèse de Strasbourg. Un autre colloque international intitulé « Léon IX et son temps »s´est tenu les 20 et 22 juin 2002 à Strasbourg et à Eguisheim le 21 juin 2002. Il était organisé par l’Université Marc Bloch -Strasbourg II.

Enfin, rappelons que le devise du pape alsacien était: « La miséricorde de Dieu remplit le ciel et la terre ».

– Lettre de Jean-Paul II –

À Monsieur le Cardinal Paul POUPARD
Président du Conseil pontifical pour la Culture

1. Voici mille ans, le 21 juin 1002, naissait en Alsace Brunon d’Eguisheim-Dabo, qui deviendra Pape en 1049 sous le nom de Léon IX. À l’occasion du millénaire de sa naissance, qui est célébré en ces jours dans les trois diocèses de Strasbourg, de Metz, de Nancy et Toul, et que vous allez présider comme envoyé spécial, je m’unis par la pensée et la prière aux fidèles rassemblés autour de leurs pasteurs. En rendant grâce pour les merveilles que Dieu fit pour son Église à travers la vie et le ministère de ce grand Pape, puissent-ils se laisser guider par l’Esprit Saint pour participer à la croissance de l’Église du troisième millénaire !

2. La vie et le ministère de Brunon demeurent une source d’inspiration et un exemple stimulant pour répondre aux exigences actuelles de l’Annonce de l’Évangile et pour affronter avec confiance une situation ecclésiale nouvelle. Âgé de vingt-cinq ans à peine, Brunon a été appelé à être Évêque de Toul ; il s’attacha aussitôt, avec patience et charité, à la réforme d’un diocèse en proie à de profondes difficultés.

3. Homme de foi, Brunon fait confiance à l’Esprit qui sans cesse guide l’Église et la fait grandir dans l’amour du Christ. Comme Pape, aussi bien que comme évêque, les réformes qu’il entreprend ne sont pas l’application mécanique d’une théorie, mais le fruit d’une attention constante aux personnes et aux événements, pour y discerner l’action de l’Esprit, ainsi que l’expression d’une fidélité personnelle au Christ et à l’Évangile. C’est dans la foi au Christ Ressuscité qu’il puise la force d’œuvrer à l’indispensable rénovation spirituelle de son diocèse, habité qu’il est par la certitude que, comme le dira le Concile Vatican II, «l’Église qui comprend en son sein des pécheurs, et qui est à la fois sainte et toujours appelée à se purifier, poursuit son effort de pénitence et de réconciliation» (Lumen gentium, n. 8). À un millénaire de distance, la génération actuelle est appelée à revenir au Christ pour raviver sa foi et son espérance, et à repartir du Christ pour révéler au monde le mystère du salut.

4. Homme de prière, sensible aux germes de renouveau présents en son temps, Brunon accueille avec bienveillance et vigilance les initiatives qui fleurissent. Il est particulièrement attentif à protéger et à promouvoir la vie consacrée, don de Dieu «précieux et nécessaire pour le présent et pour l’avenir du peuple de Dieu, parce qu’elle appartient de manière intime à sa vie, à sa sainteté et à sa mission» (Vita consecrata n.3). Aujourd’hui comme au XIe siècle, il ne peut y avoir de réflexion sur l’avenir sans une prise de conscience renouvelée de l’appel de tous les baptisés à la sainteté, souligné par le Concile Vatican II, en en faisant ressortir le dynamisme intrinsèque. Alors que pour de nombreux contemporains, insatisfaits d’une société matérialiste incapable de répondre à leurs questions essentielles, le besoin de repères spirituels se fait pressant, la vie consacrée a un rôle essentiel à jouer. Elle est un témoignage irremplaçable qui introduit à la compréhension de la nature intime de la vocation humaine et chrétienne. Elle manifeste aussi l’orientation christologique de la vie de tout baptisé vécue comme une réponse à l’Amour du Père. Sur la terre qui vit naître Léon IX, elle a donnée à l’Église universelle d’admirables figures de sainteté. Puisse le peuple chrétien prendre conscience de cet inestimable trésor et puiser abondamment dans ces richesses spirituelles !

5. Homme de communion, Léon IX avait une haute conscience de sa mission de Pasteur universel, qu’il a manifestée à travers ses nombreux voyages, de France en Slovaquie, de Lorraine en Italie du Sud. Cinq années durant, il déploie une intense activité pour «affermir ses frères dans la foi» et tisser des liens de confiance entre Rome et les Églises visitées ; il étaitdésireux de promouvoir une communion toujours plus intense entre tous, comme en témoignent les assises réformatrices, les synodes et les conciles qu’il réunit durant ces années. À sa suite, «si nous voulons être fidèles au dessein de Dieu et répondre aux attentes profondes du monde» (Novo millennio ineunte, n. 43), nous sommes appelés à cultiver un esprit semblable et à en témoigner, vivant de cette «spiritualité de la communion» qui est d’abord un chemin spirituel à la suite du Christ, une attitude fondamentale qui permet d’envisager avec sagesse et prudence, face à des situations nouvelles, les adaptations nécessaires à mettre en œuvre, dans le respect des personnes et de leur responsabilité propre, et dans l’attention à la Tradition de l’Église.

6. L’action pastorale de Léon IX, durant son court pontificat, impressionne par sa densité et sa vigueur, et elle demeure pour nous riche d’enseignements. Puissent les chrétiens de Lorraine et d’Alsace avoir le même désir que leur compatriote, et être à son exemple des modèles, témoignant que le Christ est la source du bonheur et de la vie! Puisse la figure de saint Léon IX nous éclairer tous dans notre service de l’Église et de nos frères, pour la gloire de Dieu et le salut du monde ! En vous confiant à l’intercession de la Mère de Dieu, je vous accorde de grand cœur, ainsi qu’aux évêques des trois diocèses de Strasbourg, Metz, Nancy et Toul, à leurs fidèles et à toutes les personnes qui participeront aux différentes cérémonies, la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 13 juin 2002.

IOANNES PAULUS II

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ZENIT Staff

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