CITE DU VATICAN, Lundi 10 juin 2002 (ZENIT.org) – Le pape Jean-Paul II et le patriarche Bartholomaios Ier ont signé ensemble, par liaison vidéo, au Vatican et dans la Salle des scrutins du Palais ducal de Venise, aujourd´hui, à 18 h 30, une déclaration pour la sauvegarde de l´environnement où ils rappellent le caractère central de la personne humaine – de sa dignité, de sa vie – dans la Création et où ils indiquent six engagements concrets: une nouvelle approche de l´environnement.
Cette « Déclaration de Venise » conclut le symposium « Religion , science et environnement » qui s´est déroulé en croisière sur l´Adriatique, à bord du « Festos Palace », du 5 au 10 juin, à l´initiative du Patriarche oecuménique, sur le thème: « L´Adriatique, une mer en danger. Unité et intentions ».
« Il n´est pas trop tard » pour sauver le monde d´un désastre écologique, affirme la déclaration. Pour inverser la vapeur, il suffirait d´une génération de personnes de bonne volonté « pour guider la terre vers un avenir meilleur pour nos enfants »: « faisons en sorte que ce soit cette génération présente », invitent les signataires.
Le document affirme d´emblée la capacité du monde actuel à mettre fin à « la souffrance quotidienne d´un grand nombre de personnes » victimes « de la violence, de la pauvreté et du sous-développement ».
Le problème, affirme le texte, est avant tout « moral et spirituel », et il réclame une « conversion du coeur » et une vraie « éthique de l´environnement ». « Nous voyons tous, affirme le document, les conséquences négatives pour l´humanité et pour toute la Création, dérivant de la dégradation de certaines ressources naturelles de base comme l´eau, l´air et la terre », polluées « par un progrès économique et technologique qui ne tient pas compte de ses limites ».
Ce dont les hommes et les femmes de ce temps ont besoin, affirme la déclaration conjointe, c´est d´une « authentique conversion au Christ ». Et de rappeler que le monde est avant tout un « don de Dieu aux hommes », chargés de le protéger, et qu´au centre de cet univers se trouve « la personne humaine et sa dignité inaliénable ».
C´est ce qui fonde cette « éthique de l´environnement » dont parle la déclaration, affirmant la nécessité « d´une nouvelle approche et d´une nouvelle culture » de l´environnement « fondées sur le caractère central de la personne humaine » et sur les « principes de solidarité, de justice, de responsabilité sociale, pour promouvoir une véritable culture de la vie ».
Par cette déclaration, le pape et le patriarche, et donc les Eglises, prennent six engagements concrets, qui sont aussi trois principes de cette « nouvelle approche », trois recommandations.
– Tout d´abord, « penser toujours aux générations futures lorsqu´on parle des différentes possibilités d´action ».
– Tenir compte « de la loi naturelle qui est présente dans toute culture humaine »
– « Utiliser la science et la technologie de façon constructive, en reconnaissant que les découvertes de la science doivent être toujours évaluées à la lumière du caractère central de la personne humaine, du bien commun et de la nature propre de la création ».
– « Etre ouvert aux appels de la solidarité ».
– « Reconnaître la diversité des situations et des responsabilités »: religions, gouvernements et institutions ont des devoirs différents, mais chacun doit faire le sien dans le respect du principe de subsidiarité.
– Promouvoir un « dialogue pacifique » pour résoudre les controverses entre les défenseurs des différents points de vue sur des questions d´environnement.
« Dieu n´a pas abandonné le monde, concluent le pape et le patriarche. Il veut que son dessein se réalise à travers notre collaboration pour restaurer l´harmonie originelle de la création ».
Ont participé au symposium itinérant comme représentants du Saint-Siège les cardinaux Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l´unité des chrétiens, et Roger Etchegaray, président émérite des conseils pontificaux Justice et Paix et Cor Unum, ainsi que Mgr Giampaolo Crepaldi, secrétaire de Justice et Paix.
Le « Festos Palace » a croisé pendant six jours le long des côtes des pays bordant l´Adriatique. Des représentants de différentes branches de la science, des différentes religions, du monde politique, des media et des responsables de l´environnement participaient à cette rencontre.
Le navire a accosté, dimanche 9 juin à Ravenne où le Patriarche Bartholomaios Ier a célébré la sainte liturgie orthodoxe dans la basilique de Saint-Apolinaire-in-Classe: une première après douze siècles.
Aujourd´hui, 10 juin, le patriarche Bartholomaios a été accueilli à Venise par le patriarche catholique Mgr Angelo Scola qui a rappelé la « relation vitale » unissant l´homme et le cosmos. « Cette belle initiative, soulignait Mgr Scola, montre que les religions, dans la mesure où elle savent éviter toute dérive idéologique, loin d´être des pierres d’achoppement, sont de précieuses ressources pour la construction d´une civilisation où elles se stimulent réciproquement »
« Ravenne et Venise, puissants symboles de culture, sont maintenant menacées, déplorait Mgr Scola, par l´arrogance humaine et par le manque de capacité pour organiser une défense cohérente des écosystèmes ».
Et c´est justement parce qu´elles savent « reconnaître le lien unissant la création et le Créateur » que les religions « ont la possibilité d´affronter la délicate question de l´environnement et de mettre en garde les consciences des personnes e des sociétés devant les propositions inspirées par une éthique uniquement utilitariste ».
« En tant que prolongement du corps personnel et social, (l´environnement) devient expression de toute la société, expliquait Mgr Scola. L´environnement prend le visage de l´histoire édifiée par le croisement des événements personnels et communautaires, d´hommes et de peuples, sujets qui engendrent les civilisations, l´art et la culture ».
A propos de la protection des mers, sujet du symposium, Mgr Scola précisait: « Dans une telle civilisation, la mer constitue le coeur, parce que depuis les temps les plus éloignés, – et l´histoire qui se déroule sur les rives de l´Adriatique le montre de façon très significative – offre une voie particulière de communication qui donne le rythme de toute civilisation ».
Après la signature de la déclaration conjointe, le symposium s´est conclu par les vêpres récitées en la basilique Saint-Marc de Venise.
C´est le quatrième symposium réunissant la religion, les sciences et l´environnement autour d´un thème touchant à la protection du patrimoine naturel en Europe, et organisé à l´initiative du patriarche orthodoxe de Constantinople. Le Danube, la Mer Noire et la Mer Egée ont déjà fait l´objet d´une telle rencontre.