CITE DU VATICAN, Jeudi 23 mai 2002 (ZENIT.org) – Lorsque Jean-Paul II a dit son amour du peuple bulgare, son discours a été longuement applaudi par la foule: « En aucune circonstance je n’ai cessé d’aimer le peuple bulgare » disait le pape. Les media internationaux y ont reconnu une allusion à la fameuse « piste bulgare » suivie par l´enquête sur l´attentat du 13 mai 1981. Le pape disait sa joie « d’accomplir un désir » que « depuis longtemps » il « portait dans son cœur ». Après avoir rendu hommage aux martyrs du pays, Jean-Paul II a exhorté la Bulgarie à cultiver « les valeurs qui fondent la vraie grandeur d’une nation ».
En souvenir de Jean XXIII
Après avoir évoqué Adrien II « qui alla personnellement à la rencontre des saints frères de Thessalonique, lorsqu’ils vinrent apporter à Rome les reliques de saint Clément, Pape et martyr, et témoigner de la communion de l’Église qu’ils avaient fondée avec l’Église de Rome », le pape mettait ses pas dans ceux du bienheureux Jean XXII (une dizaine d’années Délégué apostolique en Bulgarie) en disant: « En souvenir de lui, je vous salue tous avec affection et je dis à tous qu’en aucune circonstance je n’ai cessé d’aimer le peuple bulgare, le portant constamment dans la prière au Trône du Très-Haut : que ma présence aujourd’hui parmi vous soit une manifestation éloquente des sentiments d’estime et d’affection que je nourris envers cette noble Nation et envers tous ses fils ! »
L´unité des chrétiens
Parmi les salutations, le pape d´adressait aux Orthodoxes pour redire son désir d´unité: « Je salue avec déférence Sa Sainteté le Patriarche Maxim ainsi que les Métropolites et les Évêques du Saint-Synode, en même temps que tous les fidèles de l’Église orthodoxe de Bulgarie : je désire que ma visite serve à renforcer notre connaissance réciproque, afin qu’avec l’aide de Dieu, au jour et de la manière qui Lui plairont, il soit possible d’en arriver à vivre «bien unis dans un même esprit et dans une même pensée» (1 Co 1, 10) ».
Les religions et la paix
Le pape saluait avec affection la communauté catholique et les évêques avant de se tourner vers les autres communautés religieuse et rappelant le rôle des religions tel que la rencontre d´Assise l´a manifesté: « Je salue les chrétiens des autres Communautés ecclésiales, les membres de la Communauté juive avec leur Président, et les fidèles de l’Islam guidés par le Grand Mufti, et j’affirme de nouveau ici, dans l’esprit de la rencontre d’Assise, la conviction que toute religion est appelée à promouvoir la justice et la paix entre les peuples, le pardon, la vie et l’amour ».
Les martyrs des différentes Confessions chrétiennes
La Bulgarie a accueilli l’Évangile grâce à la prédication des saints Cyrille et Méthode, et cette semence déposée en terre fertile a produit au cours des siècles des fruits abondants de témoignage chrétien et de sainteté. Même durant le long et rude hiver du système totalitaire qui a marqué de souffrance votre pays, en même temps que bien d’autres pays d’Europe, la fidélité à l’Évangile n’a pas fait défaut, et de nombreux fils de ce peuple ont vécu héroïquement leur adhésion au Christ, allant dans beaucoup de cas jusqu’au sacrifice de leur vie. Je veux ici rendre hommage à ces courageux témoins de la foi appartenant aux différentes Confessions chrétiennes. Que leur sacrifice ne soit pas vain mais qu’il serve d’exemple et rende fécond l’engagement œcuménique en vue de la pleine unité des chrétiens ! Que ceux qui œuvrent pour l’édification d’une société fondée sur la vérité, sur la justice et sur la liberté tournent eux aussi leurs yeux vers eux ! »
Sagesse, légalité, démocratie, respect de la vie
« Il faut soigner les plaies et envisager l’avenir avec optimisme, affirmait Jean-Paul II. Il s’agit, c’est certain, d’un chemin qui n’est pas facile ni privé d’obstacles, mais l’effort conjugué de toutes les composantes de la Nation permettra d’atteindre les buts désirés. Il faudra toutefois procéder avec sagesse, dans la légalité et dans la sauvegarde des institutions démocratiques, sans lésiner sur les sacrifices, en sauvegardant et en promouvant les valeurs qui fondent la vraie grandeur d’une nation : l’honnêteté morale et intellectuelle, la défense de la famille, l’accueil des nécessiteux, le respect pour la vie humaine de sa conception à sa fin naturelle.
La Bulgarie chrétienne dans l´Europe chrétienne
Le pape souligne le rôle de la Bulgarie dans l´unité européenne à partir du IV siècle: « C’est peut-être ici précisément, près des tombes des martyrs, que se réunirent en 342 ou 343 les Évêques de l’Orient et de l’Occident pour la célébration de l’important Concile de Sardique, où l’on discuta du sort de l’Europe chrétienne. Au cours des siècles suivants a été édifiée ici la basilique de la Sophia, la divine Sagesse, qui, selon la pensée chrétienne, désigne les fondements sur lesquels doit être édifiée la cité des hommes. La voie qui conduit au progrès authentique d’un peuple ne peut être seulement politique et économique; elle doit nécessairement avoir aussi comme présupposé la dimension spirituelle et morale. Le christianisme est à la racine même de l’histoire et de la culture de ce pays : un sérieux processus de croissance tourné vers l’avenir ne pourra donc pas faire abstraction de lui ». Dans ce processus, le pape assurait de la contribution de l´Eglise.
Les Juifs sauvés pendant la deuxième guerre mondiale
« Par sa situation géographique, continuait le pape, la Bulgarie est amenée à servir de pont entre l’Europe orientale et l’Europe du Sud, en quelque sorte un carrefour spirituel, une terre de rencontre et de compréhension réciproque. Ici ont confluées les richesses humaines et culturelles des diverses régions du Continent, et elles ont reçu accueil et considération : je veux rendre hommage publiquement à la traditionnelle hospitalité du peuple bulgare, en rappelant notamment les efforts très méritants accomplis pour sauver des milliers de juifs durant la deuxième guerre mondiale ».
« Que la Mère du Dieu, particulièrement aimée et vénérée ici, concluait le pape, garde la Bulgarie sous son manteau, et qu’elle obtienne à son peuple de croître et de prospérer dans la fraternité et dans la concorde ! Que Dieu tout-puissant comble de ses bénédictions votre noble pays, en lui assurant un avenir prospère et tranquille ! », ces derniers mots, prononcés par le pape lui-même déclenchaient de nouveaux applaudissements.